Ivry-sur-Seine | Gregorian Bivolaru “Yoga tantrique, violences sexuelles et séquestration”

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Il était recherché par Interpol pour des viols sur mineurs en 2013
Fiche Gregorian BIVOLARU par Interpol
Ce Roumain de 71 ans a été arrêté dans le Val-de-Marne dans le cadre d’une information judiciaire ouverte pour traite de personnes, séquestration en bande organisée et viol.

Gregorian Bivolaru vient d’être arrêté au côté de 40 autres personnes dans toute la France.

Ce Roumain de 71 ans est accusé d’avoir endoctriné et exploité sexuellement des femmes dans son mouvement pour l’intégration spirituelle vers l’absolu (Misa), une secte de yoga aussi appelée fédération de yoga Atman.

Selon Libération qui révèle l’information, le gourou a été arrêté à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) dans une maison, à la faveur d’une information judiciaire ouverte en juillet 2023 pour « traite de personnes », « séquestration en bande organisée », « viol » et « abus de faiblesse en bande organisée par des membres d’une secte ».

Selon les témoignages de victimes, il y aurait fait venir des fidèles pour des « initiations sexuelles » de yoga tantrique.

Une vingtaine de femmes se trouvaient parquées dans la maison au moment du coup de filet de ce mardi.

Certaines victimes témoignent avoir été séquestrées dans plusieurs logements de la région parisienne où elles étaient forcées de répondre à l’appétit sexuel du Bivolaru.

Différentes formes de prostitution

Pour financer son mouvement, ce dernier aurait forcé des membres à travailler dans des clubs de strip-tease, des salons de massages ou à jouer dans des films pornographiques.

Tandis que d’autres lui versaient une partie de leurs revenus.

Le tout finançant notamment la création d’ashrams, des centres de recherche de la secte.

Né en 1952 dans la campagne roumaine, Gregorian Bivolaru, aurait commencé le yoga dès l’âge de 17 ans.

Une pratique qu’il combinait alors à sa passion pour le porno.

Des centres d’intérêt pourtant interdits par le régime communiste de Ceausescu.

Ses passions lui vaudront ainsi plusieurs condamnations, la première à l’âge de 24 ans pour détention d’images pornographiques.

Selon un portrait de Vice Roumanie, le gourou aurait commencé à répandre sa bonne parole sur le yoga notamment en faisant croire qu’il parvenait à échapper aux forces de l’ordre en utilisant des techniques de yoga sophistiquées.

Quand le yoga est dépénalisé, Bivolaru crée dans les années 90, le Mouvement d’intégration spirituelle vers l’absolu (Misa) qui veut aider les adeptes à évoluer grâce à la méditation.

De Bucarest, le mouvement se développe dans de nombreux pays.

Tout comme ses dérives…

Congrés international Yoga MISA – Bucarest- 2008 par Yoga MISA

« On m’a proposé de faire l’amour sur des tombes »

« À un moment donné, on m’a proposé de faire l’amour sur des tombes.

On m’a dit que je me rapprocherais ainsi de la déesse Kali, connue comme la déesse des morts, ce que j’ai refusé, témoignait en 2012 devant la justice roumaine une victime du mouvement.

On m’a dit que j’étais inhibée et que je ne pouvais pas évoluer ».

Selon le guide spirituel, en effet, « grâce au sexe, on se rapproche de Dieu ».

La victime relate un épisode lors d’une « retraite » :

« Bivolaru est venu dans ma chambre en peignoir, m’a pris la main et m’a emmené dans l’autre pièce, où il y avait un très grand lit.

Là, il a retiré son peignoir et m’a dit d’enlever mes vêtements.

Je me suis déshabillé, et il m’a touché, mais il ne m’a pas agressé ni poussé, et malgré tout ça, je n’ai rien pu faire, je me suis enfermé, j’ai eu un blocage. »

Le gourou n’aurait pas apprécié que la victime se refuse à lui.

« Il s’est mis très en colère contre mon blocage, il a commencé à crier et à m’accuser disant que j’avais tellement d’obscurité en moi que je ne laissais pas entrer la lumière ».

La victime aurait également été forcée à manger de l’encens et croyait savoir que le mouvement « pratiquait aussi l’urinologie, disant que si vous buvez votre urine, vous purifiez votre corps ».

Membre de la liste des personnes recherchées par Interpol, le Roumain a déjà été condamné par défaut à 6 ans d’emprisonnement par la Haute Cour de justice et de cassation roumaine pour viol sur mineur en 2013.

Il était aussi accusé de pédophilie et de trafics d’êtres humains, ce qu’il niait.

Mais il n’avait été arrêté qu’en 2016 à Paris après une longue cavale puis extradé vers la Roumanie.

Celui qui a obtenu l’asile politique en Suède en 2005, grâce notamment au soutien de parlementaires, n’a passé qu’un an en détention dans cette affaire et a obtenu une libération conditionnelle en 2017.

Sa secte et ses adeptes basés dans de nombreux pays lui ont permis d’échapper à la justice pendant des années.

Misa suscite des polémiques et certains membres ou centres ont fait l’objet d’enquêtes policières en Europe notamment pour les soupçons de prostitution, réfutés par Misa.

Dépistage au VIH pour préparer le stage de yoga

En 2019, d’après la veille de l’Union nationale des Associations de Défense des Familles et de l’Individuvictimes de sectes (l’Unadfi), un instructeur de yoga, diplômé par Gregorian Bivolaru, avait ainsi fait l’objet d’une enquête en Uruguay.

Selon une victime, pour préparer un voyage en Roumanie avec quatre étudiantes, le prof de yoga leur aurait demandé des photos nues, et des tests de dépistage au VIH, à la syphilis et d’autres maladies sexuellement transmissibles.

D’après la justice, sur place, il aurait été prévu que les jeunes femmes participent à des ateliers érotiques ou pornographiques pour des « recherches sexo-spirituelles ».

Selon l’Unadfi, les académies et fédération de yoga de Misa, mouvement créé dans les années 90, représentent plus de 35 000 personnes en Europe et en Amérique du sud.

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