Villefontaine | La Cour d’Assises de l’Isère prononce la réclusion criminelle à perpétuité pour Ludovic Bertin

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Ludovic Bertin fait appel de cette décision
Condamné à la perpétuité assortie d’une période de sûreté de vingt ans pour le meurtre de Victorine Dartois, le 26 septembre 2020, Ludovic Bertin n’a pas convaincu, avec sa version des faits, le jury qui a suivi les réquisitions du parquet, ce vendredi.

Actualisation du 09 décembre 2024

Trois jours après sa condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté de 20 ans pour le meurtre de Victorine Dartois, 18 ans, précédé d’une tentative de viol, Ludovic Bertin fait appel de cette décision, a-t-on appris ce lundi 9 décembre auprès du parquet général.

La cour d’assises de l’Isère avait rendu son verdict vendredi 6 décembre à l’issue d’un procès de deux semaines qui concernait le meurtre de Victorine Dartois en 2020, mais aussi le viol d’une autre jeune femme, en 2018, qui avait porté plainte après avoir appris que son agresseur avait tué Victorine.

La condamnation comprend également une inscription au fichier national des auteurs d’infractions sexuelles

Il leur inflige à nouveau un douloureux procès

L’avocate de la famille Dartois, Me Kelly Monteiro explique auprès de France Bleu Isère qu’ils ne sont

“pas du tout étonnés au vu du positionnement de Ludovic Bertin tout le long du procès et de sa personnalité. En revanche, les parties civiles sont très attristées qu’il leur inflige à nouveau un long et douloureux procès. De laborieuses journées les attendent donc, leur répit aura duré 48 heures.”

Actualisation du 04 décembre 2024

Une victoire, selon la famille de la victime. Ludovic Bertin a jusqu’au 16 décembre pour faire appel.

« S’il y a appel, on craint bien sûr de nouveau ses mensonges, ses sourires narquois, l’absence d’empathie, mais on sera là, même si c’est dur pour la famille », prévient Me Monteiro.

Après dix jours d’audience et une délibération interminable de huit heures, jusqu’au bout de l’après-midi, le verdict de la cour d’assises de l’Isère est tombé ce vendredi devant une salle comble.

Ludovic Bertin est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de vingt ans, pour le meurtre de Victorine Dartois précédé d’une tentative de viol, le 26 septembre 2020 à Villefontaine (Isère).

Il est aussi reconnu coupable du viol d’une autre jeune femme, Vicky (le prénom a été changé), en septembre 2018, qui avait porté plainte quand elle avait reconnu le visage de son violeur à la télévision, au début de l’affaire Victorine.

Face au verdict, Bertin reste impassible, regardant fixement la présidente énoncer sa peine. Il ne lance un seul regard à la famille Dartois. Une attitude fidèle à celle qu’il a eue presque tout au long du procès, sans émotion ni empathie.

« Cette peine est à la hauteur des faits »

Du côté des parties civiles, habillées de vêtements orange, la couleur préférée de Victorine, on lit au contraire un soulagement non feint sur les visages.

Des larmes coulent, on surprend quelques étreintes, des sourires. Les deux sœurs de Victorine se soutiennent.

À la sortie du procès, Romane, son aînée, sourit enfin.

« Aujourd’hui c’est la victoire de Victorine. Je suis fière d’elle. Fière qu’elle ait résisté à ce monstre et l’envoie en prison pour longtemps », confie-t-elle, les yeux rougis.

Ce sentiment est aussi celui de la mère de Victorine, Sylvie Dartois. Un poids semble s’être envolé de ses épaules.

« Cette peine est à la hauteur des faits. La cruauté de Ludovic Bertin ne mérite pas moins. Ses viols, sa violence envers les femmes, ses mensonges…

Il devait payer pour tout ça. Cette condamnation à perpétuité représente beaucoup.

Je remercie la cour et les jurés d’avoir compris la dangerosité de cet homme.

Et je suis surtout fière de ma fille. Grâce à elle, un homme extrêmement dangereux va rester longtemps derrière les barreaux. Sans Victorine, il aurait continué à faire du mal à d’autres femmes. »

À côté d’elle, James Dartois, le père de Victorine, lui serre tendrement la main. Il prend à son tour la parole, fixant les journalistes avec ce même regard bleu qu’avait sa fille :

« J’avais peur avant le verdict d’être déçu, car on dit souvent que la justice n’est pas assez sévère. Aujourd’hui, elle a été à la hauteur. »

Les jurés n’ont donc pas été convaincus par la défense de Ludovic Bertin qui a toujours nié la tentative de viol sur Victorine, ainsi que toute préméditation, malgré les nombreux éléments de l’enquête suggérant le contraire.

Le pantalon enlevé et retroussé de Victorine « matérialise le commencement de la tentative de viol », a soutenu l’avocate générale.

« Mon plus grand regret est que cet homme ne dise pas toute la vérité »

Le témoignage de son meilleur ami, Lucien, celui qui l’a dénoncé aux gendarmes, est lui aussi accablant.

« Il m’a dit qu’il avait voulu commencer à la violer, s’était-il remémoré durant le procès, mais qu’il s’était ravisé dans un éclair de lucidité, se disant dans sa tête qu’il faisait une connerie.

Mais Ludovic disait qu’il ne pouvait pas la laisser partir. C’est pour ça qu’il l’a tuée. Ludovic était parti en chasse. Il n’avait pas pris ni son portable, ni son véhicule de fonction géolocalisable. »

Pour l’avocate de la famille Bertin, Me Kelly Monteiro, Ludovic Bertin était bien un prédateur parti chercher une proie pour assouvir son appétit sexuel.

Dans sa version des faits, Bertin évoque un simple footing qui a mal tourné. Une bousculade avec Victorine qui rentrait à pied d’une après-midi shopping après avoir raté son bus.

La jeune femme l’aurait insulté, ce qui aurait mené Bertin à « péter un câble », selon ses propres mots. Il étrangle à deux reprises l’étudiante de 18 ans et la laisse pour morte dans un ruisseau, où elle meurt noyée le 26 septembre 2020.

« Nous avons vu les photos de Victorine retrouvée dans l’eau, les bras et les jambes croisés. Elles sont représentatives d’une fille se protégeant d’un viol, insiste sa maman Sylvie Dartois, qui porte le teeshirt de la marche blanche qui avait réuni 6 000 personnes à Villefontaine.

Mon plus grand regret est que cet homme ne dise pas toute la vérité. Il nous l’avait pourtant promise au début du procès. Son âme souffrira, tandis que ma fille brillera là-haut. »

Les témoignages des femmes qu’il a connues ont pesé

Les témoignages des femmes qu’a connues Bertin ont sans doute pesé lourd dans le verdict. Celui de sa compagne rencontrée ado qui a rapporté des épisodes de violence quasi quotidiens pendant dix ans.

« Il me tapait, me rabaissait, m’humiliait », a-t-elle résumé.

Et puis il y a eu le récit de Vicky, violée par Bertin en 2018 :

« Il m’étranglait. Si je ne cédais pas, je mourais »

Là encore, Bertin a nié.

Avant que le jury ne se retire pour délibérer, la présidente de la cour d’assises de l’Isère, Valérie Blain, avait donné une dernière fois la parole à Ludovic Bertin ce vendredi matin.

« Je voudrais présenter mes excuses à la famille Dartois, assurait-il, même si j’ai conscience que je les ai fait beaucoup souffrir. Je regrette mon geste. Mon travail avec les psychologues est encore long, mais j’espère qu’il me permettra un jour de me réinsérer », espérait-il, alors que les experts psychiatres l’avaient dépeint comme une personne d’une grande dangerosité criminologique.

Ludovic Bertin a jusqu’au 16 décembre pour faire appel.

« S’il y a appel, on craint bien sûr de nouveau ses mensonges, ses sourires narquois, l’absence d’empathie, mais on sera là, même si c’est dur pour la famille », prévient Me Monteiro.

Source

 

Actualisation du 02 décembre 2024

Un nouveau moment clé dans le procès du meurtre de Victorine Dartois, c’était le 8e jour ce mercredi et la matinée a été consacrée en très grande partie à l’explication de l’accusé. Ludovic Bertin a donné sa version des faits, ce soir de septembre 2020 quand il a croisé le chemin de Victorine 18 ans

Ce mercredi devant les assises de l’Isère, où il est jugé pour le meurtre de Victorine Dartois, Ludovic Bertin répète plusieurs fois :

“C’est une journée normale jusque là”

Pendant trois heures, tout le monde s’est concentré sur l’accusé. La séquence a commencé par son récit :

40 minutes pendant lesquelles il a raconté ce 26 septembre 2020.

Il raconte d’abord le travail, les appels de plusieurs amis pour se voir. Mais ce jour là, c’est aussi une journée où il prend de la cocaïne.

Ça le pousse à faire un jogging du côté du stade de la Prairie “pour évacuer”.

“C’est pas là-bas que j’irai faire ses atrocités, c’est en bas de chez moi” argue-t-il.

Mais vient cette bousculade avec Victorine, les insultes de la jeune femme, selon lui.

“C’est là que tout a dérapé”, répète Ludovic Bertin. “Je ne pouvais pas retourner en arrière” insiste-t-il.

Au moment du meurtre, “j’étais même plus connecté à la réalité, je venais de faire un truc de dingue !” répète-t-il encore et encore.

“Je me dis c’est réel tout ça, c’est pas un rêve”

Dans le box, il mime ses gestes quand il a étranglé la jeune femme. Une première, puis une seconde fois. Comment il l’a traînée dans la rivière.

Le lendemain, il se réveille. Sa femme lui parle de la disparition.

“Je me dis, c’est réel tout ça, ce n’est pas un rêve”.

Il pleure quelques instants avant de reprendre son récit.

Puis viennent les questions de la présidente, de l’avocat général, des avocats, des parties civiles.

Tout le monde souligne les incohérences de Ludovic Bertin, en s’appuyant notamment sur le chronométrage du parcours de Victorine et de l’accusé.

Malgré tous ces éléments accablants et malgré le témoignage terrible de son ancien meilleur ami, lundi, il a, encore une fois, maintenu sa version des faits.

Un témoin toujours hanté, quatre ans après

En répondant aux questions de son avocat, Ludovic Bertin assure ensuite vouloir “demander pardon”, mais il manifeste peu d’émotion, moins en tout cas que quand il témoigne de son inquiétude pour son propre fils et de son intention de se suicider, le soir où il a tué Victorine.

Ce mercredi aura aussi été marquée par les regrets d’un témoin : celui qui a été le dernier, à part l’accusé, à voir Victorine vivante.

Cet homme promenait son chien ce soir-là, sur le même trajet que Victorine Dartois. Il ne vit pas loin et promène tous les jours son chien dans le secteur du stade de la Prairie.

Le 26 septembre 2020, il l’a aperçue, puis perdue de vue en faisant une pause dans sa balade.

L’accusé dit avoir vu ce promeneur quand il était avec Victorine, en contrebas du chemin, mais ce monsieur n’a rien entendu et rien vu.

Et ça le hante:

“Ça fait quatre ans que ça fait mal” raconte-t-il, “quatre ans que je me dis : est-ce que j’aurais pu faire quelque chose ?”

Trouble de la personnalité antisociale

L’audience ensuite repris en milieu d’après-midi pour entendre les rapports de plusieurs experts psychiatriques qui ont rencontré Ludovic Bertin.

Les conclusions sont les mêmes pour l’expertise et la contre-expertise : le discernement de l’accusé n’a pas été altéré, il n’y a donc pas d’abolition de sa responsabilité pénale.

Sa dangerosité est criminologique et pas psychiatrique. Le premier expert psychiatre appelé à déposer relève une “absence d’empathie, une personnalité égocentrique et une absence d’autocritique”.

Toutefois, les experts relèvent tous chez Ludovic Bertin un trouble de la personnalité antisociale, c’est-à-dire qu’il éprouve “une grande difficulté pour se conformer aux comportements légaux, qu’il a une tendance à l’irritabilité et à l’impulsivité” note ce même expert.

Jeudi, ce sera au tour de l’expert psychologue d’être entendu le matin, puis débuteront les plaidoiries des parties civiles, suivies des réquisitions puis de la plaidoirie de la défense.

Source

 Article du 1er octobre 2020

Victorine « rentrait chez elle », juste avant sa disparition.

L’enquête d’abord ouverte pour « disparition inquiétante » a évolué vers les chefs « d’enlèvement, séquestration et homicide volontaire ». 

Le corps de la jeune femme a été identifié dans une zone boisée, difficile d’accès, non loin d’un stade où elle aurait passé son dernier appel téléphonique à 19 heures samedi.
Le corps sans vie de Victorine Dartois, une jeune femme de 18 ans disparue depuis deux jours, a été découvert, lundi 28 septembre, « immergé dans un ruisseau » à Villefontaine (Isère).
La procureure de la République de Vienne, Audrey Quey, a déclaré lors d’une conférence de presse tenue dans un gymnase de cette petite ville située à une quarantaine de kilomètres de Lyon :

« Il est trop tôt pour dire à quand remonte la mort ».

Un premier examen externe du corps par un médecin légiste « n’a pas permis d’identifier les causes » du décès ni à quand remonte précisément la mort, a précisé la magistrate, qui a annoncé qu’une autopsie serait menée dans les prochains jours.

Le corps a été retrouvé dans une zone boisée, difficile d’accès, non loin d’un stade où la jeune fille aurait passé son dernier appel téléphonique à 19 heures samedi.

La famille de la jeune fille avait donné l’alerte dès 21 h 30 et, bien que Victorine soit majeure, son absence avait été immédiatement prise au sérieux.
Car, selon les derniers éléments de conversation avec ses proches, Victorine « rentrait chez elle », juste avant sa disparition.

La magistrate avait souligné quelques heures plus tôt :

« Il n’y avait pas de malaise ; elle n’avait pas eu de problème dans sa journée. Ça ne ressemble pas à une fugue ».

La sœur aînée de la jeune disparue avait aussi assuré sur les réseaux sociaux qu’il ne s’agissait « pas d’une fugue ». Elle relevait :

« Ce n’est absolument pas son genre ».

Son appel, partagé plus de 47 000 fois, décrivait sa tenue au moment de sa disparition (jean, sweat-shirt rose, baskets, sac à main blanc).

Ce sont ces mêmes chaussures et sac à main qui ont été retrouvés un peu plus tôt dans la matinée lundi.

Parallèlement aux investigations des gendarmes, une battue avait été organisée dimanche à l’initiative de la famille, rassemblant plusieurs centaines de volontaires.

De gros moyens ont été mis en œuvre pour retrouver la jeune fille depuis deux jours, avec notamment la présence d’un hélicoptère et d’une équipe cynophile.

Cent trente militaires avaient été ainsi mobilisés sur le terrain pour mener les recherches, selon le commandant de la compagnie de Bourgoin-Jallieu, Sylvain Bosserelle.

C’est un chien spécialisé, qui a marqué au niveau d’une buse près d’un ruisseau lundi, et permis de retrouver les affaires de la jeune fille et son corps ensuite.

Par ailleurs, des investigations techniques ont été menées sur la téléphonie. Les bandes de vidéosurveillance ont fait l’objet d’une exploitation et les enquêteurs procèdent à de nombreuses auditions.

La procureure a annoncé le lancement d’un appel à témoins.

Tout élément susceptible d’être utile « doit être communiqué à la gendarmerie au numéro vert 0800 200 142 », a précisé le colonel Lionel James, commandant la section de recherches de Grenoble, désormais chargée des investigations.

L’enquête d’abord ouverte pour « disparition inquiétante » a évolué vers les chefs « d’enlèvement, séquestration et homicide volontaire ».

Compte tenu de la tournure de l’affaire, Mme Quey a déclaré qu’elle se dessaisissait « dès ce soir » du dossier au profit du pôle criminel de Grenoble.

Source : lemonde.fr

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