Interpol | Une opération internationale a permis de secourir 50 enfants

non

Les premières victimes ont été identifiées, ce qui a conduit deux mois plus tard à des arrestations
Les contenus pédopornographiques ont été repérés pour la première fois début 2017 sur le dark Web. Ils provenaient d’un site Web payant comptant quelque 63 000 abonnés à travers le monde. Bien que la police ait mis hors de danger 50 victimes, elle pense que 100 autres enfants ont subi des abus.

Interpol a lancé l’initiative Blackwrist en 2017 lorsque son Unité Pédocriminalité a découvert des photos et des vidéos d’abus pédosexuels au cours d’une surveillance de routine du dark Web.

Une opération internationale de deux ans coordonnée par Interpol a permis de secourir 50 enfants, mais aussi d’arrêter et de poursuivre en justice des auteurs d’infractions pédosexuelles en Thaïlande, en Australie et aux États-Unis.

L’opération Blackwrist, dont le nom fait référence au bracelet porté par l’un des agresseurs, a été lancée par Interpol en 2017 suite à la découverte de contenus montrant des abus commis sur 11 garçons, tous âgés de moins de 13 ans.

Ces contenus, repérés pour la première fois début 2017 sur le dark Web, provenaient d’un site Web payant comptant quelque 63 000 abonnés à travers le monde.

Pendant des années, chaque semaine, de nouveaux contenus y étaient publiés, l’agresseur prenant bien garde de ne pas se faire repérer en masquant souvent les enfants et en laissant très peu d’indices visuels ou sonores.

D’après les caractéristiques physiques des enfants, les policiers ont pu suivre les abus que ces derniers subissaient de manière répétée et ont demandé de l’aide à la communauté policière mondiale.

En juin 2017, le Département des enquêtes spéciales de Thaïlande s’est chargé de l’affaire, en coopérant étroitement avec le Bureau de liaison d’Interpol à Bangkok.

Dans le monde entier, des enquêteurs se sont également mobilisés pour identifier les 11 garçons et pour localiser les administrateurs du site.

Le Service d’enquête pour la Sécurité intérieure des États-Unis (HSI) a identifié l’adresse IP du site Web et s’est employé à mettre au jour d’éventuels liens avec les États-Unis.

Avec l’aide d’Europol, le Département Cybercriminalité de la Direction générale de la lutte contre la criminalité organisée de la Bulgarie a fermé les serveurs du site Web.

Le Ministère de l’Intérieur de la Nouvelle-Zélande a effectué la synthèse des renseignements et réalisé des dossiers d’information sur les utilisateurs des sites Web à l’intention des pays membres d’Interpol.

Aux États-Unis, le National Center for Missing and Exploited Children (Centre national pour les enfants disparus et exploités) a recoupé des adresses e-mail et fourni d’autres renseignements.

La Police fédérale australienne (AFP) et la Police d’Australie méridionale se sont jointes à l’opération lorsqu’une adresse IP située à Adelaïde a été découverte.

En novembre 2017, les premières victimes ont été identifiées, ce qui a conduit deux mois plus tard à des arrestations simultanées en Thaïlande et en Australie.

L’administrateur du principal site Web, situé en Thaïlande, a été identifié comme étant Montri Salangam. Il est l’homme que l’on voit commettre des abus sexuels sur les 11 garçons, dont l’un était son neveu. Les enfants étaient attirés à son domicile avec la promesse de repas, d’un accès à Internet et de matchs de football.

Un deuxième administrateur, Ruecha Tokputza, résidait en Australie. Dans les appareils en sa possession, qui ont été saisis, la police a découvert des milliers d’images prises en Thaïlande et en Australie. Sur certaines d’entre elles, il était le principal auteur des abus commis sur les enfants. Le plus jeune d’entre eux, évoqué lors du procès qui s’est déroulé récemment en Australie méridionale, n’avait que 15 mois.

Le site Web et ses administrateurs ont fait l’objet d’une série d’enquêtes à travers le monde, qui ont donné lieu à d’autres arrestations en Thaïlande, en Australie et aux États-Unis.

Dans près de 60 pays membres d’Interpol, la police examine les dossiers constitués par la Nouvelle-Zélande, c’est pourquoi d’autres personnes seront sans doute arrêtées et davantage d’enfants secourus.

Il est probable que cette opération aura des retombées pendant au moins plusieurs années, car les policiers passent au peigne fin les appareils saisis et les groupes de discussion et examinent de près les membres connus de l’entourage des utilisateurs du site Web et des auteurs des infractions pédosexuelles.

Bien que la police ait mis hors de danger 50 victimes, elle pense que 100 autres enfants ont subi des abus et s’emploie actuellement à identifier ces victimes. À cette fin, toutes les photos et vidéos saisies ont été téléversées dans la base de données internationale d’Interpol sur l’exploitation sexuelle des enfants.

En juin 2018, les tribunaux thaïlandais ont condamné Salangam à 146 ans de prison pour viol d’enfant, traite d’êtres humains, et détention et distribution de contenus à caractère pédosexuel.

Un deuxième homme, un instituteur d’école maternelle proche de Tokputza, a été condamné à 36 ans de prison pour les mêmes chefs d’accusation.

Le 17 mai 2019, une juge australienne a condamné Tokputza à 40 ans et trois mois de prison, la peine la plus longue jamais prononcée en Australie pour des infractions pédosexuelles. Elle a qualifié Tokputza et ses crimes de « pire cauchemar d’un enfant » et « d’horreur pour tous les parents ».

Le Secrétaire Général d’Interpol, Jürgen Stock, s’est félicité de l’aboutissement des poursuites et a salué les efforts considérables que cette opération a nécessités au niveau international.

Jürgen Stock, Secrétaire général d’Interpol :

« L’opération Blackwrist adresse un message clair à ceux qui commettent des abus sur des enfants, produisent des contenus à caractère pédosexuel et partagent ces images sur Internet : Nous vous voyons, et nous vous traduirons en justice ».

Le Chef d’Interpol a ajouté que :

« Chaque image d’abus pédosexuel est la preuve de la commission d’une infraction, et Interpol apportera toujours son plein soutien aux policiers sur le terrain afin de les aider à identifier et à secourir les victimes dans le monde entier ».

Eric McLoughlin, Attaché régional du HSI à Bangkok, a déclaré :

« Cette opération a déjà abouti à de nombreuses arrestations aux États-Unis, dont celle de personnes occupant des fonctions publiques. Nous sommes fiers d’être associés à cette opération internationale ».

Stephen Fry, Detective Superintendent de la Police fédérale australienne, responsable par intérim pour l’Asie, a lui aussi souligné l’importance de la collaboration internationale pour faire cesser la création et le partage de contenus mettant en scène l’exploitation d’enfants.

Le Detective Superintendent Fry a déclaré :

« La production et la distribution de ces contenus abjects sont en grande partie le fait de réseaux par nature transnationaux ».

« C’est pourquoi les réponses globales, élaborées et fondées sur la collaboration qu’apportent les autorités australiennes et nos partenaires internationaux sont si importantes. Je me réjouis que de tels résultats viennent encore renforcer nos relations à l’avenir. »

Source(s):