Havre | Élisabeth Lallemand condamnée pour agression sexuelle incestueuse

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Sa victime, une fillette de 8 ans
petite fille prostrée
La victime a déposé plainte pour viol – requalifié en agression sexuelle – et corruption de mineur de 15 ans à l’encontre d’Élisabeth Lallemand.

Une quinquagénaire a été condamnée à quatre ans de prison pour agression sexuelle et corruption de mineur, des faits commis au début des années 2000, en région havraise.

La victime ? Un membre de sa famille, une fillette de 8-10 ans.

Lorsqu’elle se dirige vers le banc des parties civiles, Mélanie* vacille. Elle s’appuie sur le pupitre de son avocat pour ne pas tomber. Comme le fera remarquer la procureure à l’audience correctionnelle du Havre, la victime ne cessera de « se crisper » et de « pleurer » à l’évocation des faits, tout au long du procès.

Un procès difficile d’autant que la prévenue n’a cessé de nier les faits, elle qui avait reconnu en détail lors de sa garde à vue, puis devant le juge d’instruction.

C’est près de vingt ans après les faits que la victime a déposé plainte pour viol – requalifié en agression sexuelle – et corruption de mineur de 15 ans à l’encontre d’Élisabeth Lallemand, âgée de 55 ans.

Lorsque Mélanie a donné naissance à son premier enfant en 2015 et qu’elle a vécu « des réminiscences du traumatisme » qu’elle avait subi.

Son avocat, Me Bastien Suzzi, raconte :

« À tel point qu’avec son mari, ils ont adopté leur deuxième enfant. (…) Son obsession, c’était surtout que ça ne recommence pas ».

La victime relate deux scènes qui se sont produites entre 2001 et 2003 quand elle avait 8-10 ans.

La première se déroule lors d’un repas, chez la prévenue, membre éloigné de la famille de la victime, à Étainhus en région havraise.

Le président instruit :

« Elle est coincée par deux personnes : l’une qui lui tient la tête et l’autre le bras. Et vous allez introduire dans sa bouche un objet qui a une forme phallique : un cendrier ou une cruche ».

Tous les adultes présents — dont sa propre mère — rigolent alors que la jeune fille part se coucher en pleurant.

La seconde scène, le lendemain matin :

« Elle est dans sa chambre. En pyjama, elle est allongée sur le lit, elle pense être dans un demi-sommeil, mais elle découvre votre présence avec un objet du même ordre, présenté à hauteur de son sexe, avec un début de pénétration ».

La victime saignera et urinera dans son lit.

Le juge questionne :

« Y avait-il dans le cadre des repas familiaux l’utilisation de ces objets de nature sexuelle ? »

La prévenue de répondre :

« Oui, on s’amusait avec. (…) La cruche, on mettait de l’eau dedans. Le cendrier on mettait des cendres dedans ».

Avant de reconnaître que, devant des enfants lors de fêtes familiales « un peu alcoolisées », ces objets « passaient de main en main » entre adultes. Et que ces derniers les suçaient. Une photo avait d’ailleurs été produite par la défense montrant ce genre de scène.

Elle explique :

« Oui, en effet, mon beau-frère — qui avait acheté ces objets — me forçait à le faire ».

Alors qu’elle conteste les faits à l’audience, elle répète qu’elle a subi des « pressions » des policiers et du juge d’instruction. Le président s’en étonne.

Le juge instruit :

« Vous avez donné des détails très circonstanciés. Et vous allez jusqu’à dénoncer deux personnes (NDLR : qui ont fait l’objet d’un non-lieu) qui auraient tenu la victime. (…) Devant le juge d’instruction, vous vous étiez justifiée en disant que vous n’aviez pas surmonté le décès de votre belle-mère ».

La prévenue, qui a réponse à tout, réplique :

« C’était la fatigue ».

Pourtant, l’expert psychologue affirme que la victime, qui a subi « un stress post-traumatique », « n’affabule pas ».

L’expert psychiatre qui a examiné Elisabeth Lallemand parle de « climat incestueux dans sa globalité », de « fonctionnement sadique » et d’une « absence d’empathie ». Un élément relevé par Me Suzzi qui estime qu’elle a une « version autocentrée » et qu’« elle dit tout et son contraire ».

La victime se confiera à sa mère « qui ne fera rien ».

Me Suzzi énumère :

« Une adolescence compliquée », « cauchemars, pleurs, idées noires… Ça fait vingt ans ! »

La procureure déplore le comportement de la prévenue :

« La seule réponse qu’elle a est “Mais si sa mère le savait, pourquoi elle n’est pas venue voir la police ?” ».

Il y a « ce climat incestueux, cet humour grivois, mais aussi un témoin direct des faits ».

La défense rebondit :

« Ma cliente ne conteste pas l’organisation de fêtes grivoises et la possession d’objet graveleux ».

Elle dénonce le manque de crédit du témoin direct, qui participait à ces soirées :

« La justice a besoin de certitudes ».

Le tribunal en a eu en condamnant Élisabeth Lallemand à quatre ans de prison, avec mandat de dépôt différé.

*Prénom d’emprunt

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