Hautes-Pyrénnées | Pierre Deplanches condamné à 12 ans de réclusion pour viol sur mineur

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Les peines sont tombées, 12 ans pour Pierre Desplanches et 4 ans avec sursis pour ses comparses
Reconnu coupable de viol, Pierre Desplanches à été condamné à une peine de 12 de réclusion criminelle assortie d’un suivi socio-judiciaire. Robert Vigneaux et Pierre Hurtado à 4 ans d’emprisonnement avec sursis et également un suivi socio-judiciaire.

C’est d’abord le père, un ancien policier, à la voix brisée par l’émotion et empreint d’une certaine colère, qui est venu parler de sa fille née en 2004, ce bébé prématuré de 1,5 kg que ses parents ont pu ramener à la maison au bout de deux mois entre joie, espoir mais aussi inquiétude.

C’est dans le cadre des activités périscolaires en CM2, qu’elle fait effectivement la connaissance du guitariste. Le père le rencontre et émet beaucoup de réserves :

 

“Mais elle en a parlé à sa mère.

Les cours collectifs se passaient très bien et il a insisté pour lui donner des cours particuliers.

Il disait qu’il allait faire d’elle une grande dame de la chanson et pour elle, il était celui qui allait réaliser ses rêves. Elle était totalement sous son emprise.

J’avais des doutes mais elle me disait qu’il ne se passait rien.

Il a fait un travail au niveau de notre famille, un travail d’incrustation, il se montrait aimable gentil comme un joueur d’échecs, il avançait ses pions, c’est un mythomane et un manipulateur”.

Suite à la décision de la jeune fille de mettre un terme au cours de guitare, Pierre Desplanches la suit, lui envoie des centaines de mails et va même jusqu’à s’introduire chez elle en l’absence des parents, un fait qui les conduira à déposer plainte :

“Quand les gendarmes leur ont montré les photos, elle a fini par tout avouer et c’est là qu’elle a parlé des deux autres”.

L’homme dira aussi avoir eu des idées de vengeance :

“Ces envies m’ont traversé mais n’ont fait que me traverser, je ne suis pas un criminel”.

Plus tard, c’est sa mère, bouleversée et au bord des larmes qui a raconté l’empathie, l’amitié même, qu’elle avait eu pour cet homme :

“Ma fille avait un talent indéniable pour la musique et c’est vrai j’étais fière de ça.

Il m’avait parlé de sa relation avec ses enfants qu’il ne voyait pas, j’ai vu en lui un grand-père qui ne profitait pas de sa famille et lui a fait d’elle son objet, sa chose, il a tout détruit, il a souillé ma fille”.

 

“Il me faisait croire que c’était normal”

 

C’est une jeune fille de 16 ans qui s’est avancée avec assurance d’abord puis toute en fragilité au moment de raconter les faits s’interrompant à plusieurs reprises, en pleurs pour décrire la manière dont d’accusé l’avait totalement mise en confiance alors qu’elle avait à peine 12 ans :

“Il me racontait son passé avec Sheila et Claude François avec des photos, des vidéos, je l’ai cru et ça m’a émerveillée.

J’ai pensé que, grâce à cela, j’aurais pu avoir un bel avenir.

Puis il a commencé à me poser des questions personnelles, m’a demandé si j’avais déjà vu un film pornographique, je lui ai dit que oui, j’étais curieuse, j’avais tapé le mot “sexe” sur la barre de recherche.

Je lui répondais librement.

Un jour au moment de partir il a esquivé la bise pour m’embrasser et plus tard je lui ai dit que je ne voulais pas de ça et il m‘a dit que c’était comme cela qu’on se disait bonjour et au revoir dans le show Biz”.

 

Sur les viols et les agressions sexuelles, elle précise, la voix étouffée :

“La définition d’un viol, c’est obliger quelqu’un par la contrainte, je ne suis pas d’accord, pour moi, il y a aussi la manipulation, pas la violence physique mais morale, je ne me suis pas débattue mais j’ai été violée, je n’étais pas consentante, j’étais déboussolée, détraquée.

Il me disait que si je racontais quoi que ce soit, il enverrait les vidéos à mes parents. Je n’avais pas compris que j’étais une victime, j’avais honte et j’avais peur que mes parents ne me croient pas”.

 

Concernant les deux autres protagonistes, la jeune fille n’hésite pas à détailler avec une spontanéité déconcertante les actes dont elle a été victime :

“Ils ont tous les deux dit vrai pour ce qui s’est passé. Desplanches les avait contactés sur internet et leur reposait un plan, il disait que j’avais 16 ans et que je m’appelais Manon”.

Et ce n’est pas le témoignage du fils de l’accusé qui viendra adoucir le débat.

Pour l’homme, âgé d’une quarantaine d’années, son père est “narcissique, manipulateur et mythomane.

“Je l’ai renié il y a 10 ans, le lien est rompu et je pense que j’ai eu raison de l’éloigner de moi. Il est bisexuel, il se travestit, on n’est plus à ça près”.

Pierre Desplanches encourt une peine de 20 ans de réclusion criminelle, ses deux complices risquent 10 ans de prison.

 

Décision de justice et délibération

Au terme de 4 jours de débats, la cour d’assises à rendu son verdict, tard dans la nuit, dans l’affaire du guitariste accusé d’avoir violé son élève et de ses deux complices, accusés d’atteinte sexuelle sur mineur.

L’avocate générale avait requis 20 ans de réclusion criminelle à l’encontre de Pierre Desplanches accusé d’avoir violé son élève âgée d’à peine 12 ans.

Il était également accusé d’avoir proposé des relations sexuelles, avec la jeune fille, à deux de ses amis pour lesquels la magistrate a requis 5 ans de suivi socio-judiciaire.

 

Plaidoirie, ils se désavouent, ils ont été manipulés

Il était déjà tard lorsque les avocats de la défense ont pris la parole pour leurs plaidoiries et c’est d’abord Me Jacques Bertrand, pour la défense de Robert Vigneaux qui s’est adressé aux jurés en pointant la responsabilité du guitariste :

“On envoie des SMS, on dit “ne t’inquiète pas, elle a 15 ans, c’est la liberté, il n’y a aucun risque.

Mon client n’a pas conscience de l’âge de la victime, celui qui fait la proposition lui a préparé une sorte de piège.

Quand il vient, c’est pour réparer un ordinateur et là, il y a la surprise, il n’y a pas d’aspect sexuel préalable, il s’est laissé faire mais il est parti, trop tard mais il l’a fait”.

Me Alexandrine Barnaba a aussi plaidé la manipulation de Pierre Desplanches avec celui qu’elle défend, Pierre Hurtado :

“C’est un voyage dans l’enfer de la pornographie dans ce qu’il y a de plus déviant. Mon client n’est pas attiré par les enfants.

Il va sur ce site mais derrière les pseudonymes, il y a aussi des prédateurs. Il cherchait un “plan à trois”, 2 hommes et une femme, c’est comme cela qu’il l’imagine et M. Desplanches va lui parler d’un plan à trois et pour le rassurer, il va lui dire que la jeune fille a 17 ans, il envoie des photos mais on ne voit pas la tête de la jeune femme, il ne peut pas donner d’âge.

Quand il sonne à la porte, le piège se referme sur lui.

C’est la jeune fille qui lui ouvre, en nuisette, encore un code sexuel mis en place par M. Desplanches.

J’ai la conviction qu’à ce moment-là, elle fonctionne comme un automate dont il tire les ficelles et à ce moment mon client se dit qu’elle est consentante et même s’il sent que quelque chose ne va pas, il monte l’escalier.

Il a voulu repousser cette petite voix qui lui disait “Va-t’en !”.

S’il n’avait pas croisé la route de M. Desplanches, jamais il ne se serait retrouvé devant une cour d’assises”.

 

“La morale, c’est une chose et le droit, ça en est une autre”

Me Alexandrine Barnaba, Me Thierry Sagardoytho, Me Lorea Chipi, Me Joseph Mesa et Me Jacques Bertrand

 

Les deux avocats de Pierre Desplanches, ont eu la lourde tâche de défendre le guitariste et d’abord Me Joseph Mesa :

“C’est un dossier qui est compliqué, requérir 20 ans, c’est très grave, on ne peut pas aller plus haut. Vous devez vous interroger sur le consentement.

Ce n’est pas un prédateur, il se travestit, il a des relations homosexuelles, la morale, c’est une chose et le droit, ça en est une autre.

Je vous en conjure, rendez une décision qui ait de l’humanité”.

 

Me Lorea Chipi a conclu en s’adressant d’abord à la victime :

“Vous forcez le respect et l’admiration comme vos parents. Le seul accusé, c’est M. Desplanches”.

Puis, se tournant vers les jurés, elle a poursuivi :

“La justice n’est pas la vengeance et le sujet qui nous occupe est très grave.

Elle était une enfant de moins de 15 ans et c’est interdit. Comment en est-on arrivé là ? C’est la dérive d’un monsieur qui a pu se prendre pour un pygmalion.

Il y a eu un mélange des genres, une confusion des sentiments.

La peine demandée est une sorte de guillotine avec une lame très fine qui propulsera M. Desplanches vers la mort”.

 

Des excuses et du déni

 

Les accusés se sont adressés ensuite à la cour et Pierre Hurtado dira simplement à la victime :

“Aucun mot ne pourra pardonner ce que j’ai fait. je suis désolé et honteux des actes horribles que j’ai faits sur elle”.

Robert Vigneaux aussi a déclaré :

“Je te souhaite de trouver l’amour avec ton compagnon”.

Pierre Desplanches a demandé pardon aux familles tout en restant sur sa position :

“Il y a eu un dérapage de ma part, je ne l’ai pas violée, je l’ai toujours respectée”.

À l’issue de longues heures de délibéré, le verdict est tombé tard dans la nuit.

Pierre Desplanches a été condamné à 12 ans de réclusion criminelle et devra se soumettre à un suivi socio-judiciaire, les deux comparses à 5 ans de prison avec sursis et également au suivi socio-judiciaire.

Note : Nous tenons à rappeler qu’un viol sur un mineur selon l’article 222-24 du Code Pénal est passible de 20 ans de réclusion lorsqu’il contient au moins une de ces circonstances aggravantes :
  • L’acte commis par un ascendant ou qui abuse de son autorité
  • L’acte commis par plusieurs personnes qu’elles soient auteures ou complices
  • Lorsqu’il est commis sur un mineur 15 ans ou moins

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