Goderville | Il prend 10 ans de prison pour des viols requalifiés en agressions sexuelles
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 22/07/2021
- 11:30
Avec une assurance déconcertante, le prévenu – qui se veut « transparent » et « honnête » – reconnaît être « pédophile, mais sans pulsion ».
Devant le tribunal correctionnel du Havre, lundi 19 juillet 2021, Sébastien Saint-Jore comparaît notamment pour de la détention de 30 000 images pédopornographiques.
Des faits similaires pour lesquels il avait déjà été condamné en 2010.
Des vidéos qui servaient aussi à l’exciter afin de pouvoir faire un enfant à sa femme :
« Pour avoir une excitation, vous vous retiriez dans une pièce où vous visionniez ces vidéos. Vous récupériez votre semence dans un pot, vous rejoigniez votre épouse, et vous preniez une seringue pour la mettre enceinte. »
Une démarche qu’il a proposée à une voisine – en « désir d’enfant » et en instance de séparation – mère de deux des enfants, Estelle* et Marie*, que le prévenu a abusée.
Ce que la femme ne savait pas à l’époque.
« Un complot »
Le Godervillais est aussi inquiété pour des faits d’agressions sexuelles sur cinq fillettes âgées de 5 à 10 ans, entre 2017 et 2019.
L’homme de 39 ans reconnaît les agressions sur deux d’entre elles.
Mais pas sur les trois autres.
Les déclarations de ces trois dernières ? « Un complot. »
Son avocat, Me Christophe Oléon:
« Préfère plutôt parler d’ échanges qu’il y a eus entre les parties civiles qui fréquentaient la même école ».
Dans de nombreuses lettres envoyées de prison à une amie, il dit par exemple qu’Estelle le « manipule » et qu’elle est « fourbe ».
Face à ses propres propos, il réagit dans le box :
« C’est ce que j’ai écrit, mais c’est complètement déplacé et irrespectueux. (…). »
« J’étais amoureux »
Auprès de ses parents, Estelle a dénoncé les faits après avoir entendu un spot à la radio sur les abus sexuels.
Des « caresses » sur son sexe, des « pénétrations digitales » et la « demande qu’elle touche son sexe », selon les déclarations d’Estelle, résume le juge.
Lors de la procédure, il se « réjouit de l’avoir fait jouir », lui qui lui a aussi fait subir des « cunnilingus ».
Des actes commis une dizaine de fois, au domicile du prévenu lorsqu’Estelle rendait visite à sa copine… la fille du prévenu.
À son propre domicile, ou à Disneyland.
À l’audience, le prévenu insiste :
«C’est elle qui m’a demandé. Ça peut paraître aberrant, mais c’est vrai. Le plus aberrant, c’est que je n’ai pas dit non. »
Le président pousse le prévenu dans ses retranchements :
« Pourquoi ne pas être allé plus loin ? »
Sur quoi il répond:
« Ce n’était pas pour mon plaisir, mais pour lui donner du plaisir, je sais c’est aberrant. Mais je ne vois pas l’utilité de pénétrer un enfant de cet âge. »
Tout en ajoutant :
« Oui j’étais amoureux, je ne peux pas le nier. J’y ai beaucoup travaillé en suivant une psychothérapie. »
« Une ambivalence »
D’autres fillettes ont également subi ce calvaire.
Des bisous sur la bouche, de la « tête au pied ».
Des « caresses sur le pubis ».
Pour l’une d’elles aussi – dont il avait rencontré la mère alors qu’il était vice-président d’une crèche – il dit que
«C’est elle qui a baissé sa culotte »
La procureure ne croit en rien à ces affirmations d’évolution et de repentance : elle dénonce une « ambivalence » dans ses propos, lui qui a « tendance à tordre la vérité ».
Comme en atteste l’une des expertises psychiatriques, le prévenu est un « prédateur pervers et pédophile », résume la procureure qui parle de « manipulation ».
La défense retient « le discours repentant » du prévenu qu’a relevé la contre-expertise.
La plaidoirie de la défense ne fera pas baisser la peine requise par la procureure : il est condamné à dix ans de prison ferme, le maximum encouru.
Il déclare:
« J’ai tout perdu. J’ai détruit ma vie, la vie des filles, de leurs familles. »
Mais aussi sa propre famille, dit-il.
Parents, amie et femme étaient là pour le soutenir à l’audience.
Femme qui était au courant de ses agissements, comme le prouvent des SMS échangés avec le prévenu.
Pour ce dernier, il n’en est rien, c’était seulement de la « provocation ».
*Prénoms d’emprunt
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