Gisors | Un animateur payait des jeunes collégiens pour en abuser sexuellement

Éducateur devenu animateur d’un centre de loisirs de Gisors, l’homme, aujourd’hui âgé de 34 ans, offrait aussi des cadeaux aux adolescents pour assouvir ses pulsions.

L’éducateur devenu animateur d’un centre de loisirs de Gisors, l’homme, aujourd’hui âgé de 34 ans, offrait aussi des cadeaux aux adolescents pour arriver à ses fins.(©Pixabay – Photo d’illustraiton.)

Tous avaient moins de quinze ans entre octobre 2014 et août 2015. Quatre ont été reconnus victimes des agressions sexuelles « imposées » par l’éducateur devenu animateur d’un centre de loisirs de Gisors. Lui-même violé par son père, Frédéric D., 34 ans aujourd’hui, s’offrait ses objets sexuels dès l’âge de la 6e. C’était aussi l’âge, à 12 ans, de découvrir son homosexualité.

200 à 300 € pour la « totale »

Devant un seul jeune homme devenu majeur, accompagné de sa mère, le procès fait au pervers relate en termes crus, ces années d’abus sexuels ramenés, pour ce dossier, à la période de janvier 2014 au 3 août 2015.

Déjà l’animateur avait été condamné en février 2015 pour des exhibitions sexuelles, images pornos de mineurs et usage de stupéfiants. Cette « première » le laissait libre avec un sursis l’obligeant à se soigner, s’interdire le contact professionnel avec des mineurs.

Des mineurs rémunéré ou récompensés

C’est en août suivant qu’une mère inquiète de voir son fils user du cannabis, alerta la gendarmerie. La garde à vue mit fin à tout ce dont l’éducateur n’avait pu se passer : des relations sexuelles avec des ados mineurs qu’il rémunérait ou récompensait par des cadeaux comme un smartphone, ordinateur ou même une moto.

Le tarif était établi de 50 à 70 € pour une fellation faite aux mineurs mais aussi de 200 à 300 € pour la « totale », auxquels s’étaient déjà habitués trois d’entre eux.

Sur comparution immédiate et pour des images pédophiles homos, l’animateur en sursis prit dix mois ferme sur mandat de dépôt et révocation partielle du sursis.

L’enquête continua tandis que le pervers restait emprisonné. De ce « signalement » d’une mère, pour l’alcool et les joints de cannabis pris par son fils chez lui, on en vint à découvrir le plus incroyable.

Saoulé et drogué

Ainsi, pour certains collégiens un peu paumés, entre des parents séparés par exemple, initiés à cette source d’argent de poche, il y avait eu ces soirées prévues pour se distraire autour des jeux vidéos mais qui, au final, donnaient lieu à fellations réciproques.

Un des jeunes garçons, parmi les plus attachés au pervers (parce que lui aussi avait été violé par son père), s’était réveillé sur le divan, dévêtu, après être tombé dans l’évanouissement provoqué par l’alcool et le cannabis.

Relancés sur leur smartphone

Pour les plus réticents, il y avait des relances et l’appât des cadeaux ou… d’autres « fumettes » à volonté.

Il y avait aussi le chantage pour celui qui, ayant « accepté » de se livrer à ces perversités dans la voiture de l’animateur, se retrouvait menacé de diffusion d’images compromettantes auprès de son entourage.

Ou bien, sur leur smartphone, les jeunes pouvaient voir l’homme, les veines tailladées, les menacer de se suicider.

L’enquête a permis de trouver, pour une période de trois mois, 2329 contacts téléphoniques (appels et SMS) formant 200 pages d’un dossier posé devant les juges.

En réponse à ces accusations, le prévenu, dans son box encadré de gendarme, tente de se justifier :

Je ne les ai jamais contraints, mais j’ai demandé plusieurs fois…

Et la présidente de protester :

C’est de la contrainte morale… Ils vous prenaient pour leur père… C’est pour cela qu’ils ont accepté l’inacceptable !

Enfin, à la lecture de ses antécédents, le prévenu déclare simplement :

C’est mon mode de vie comme ça… Je ne peux pas revenir en arrière…

Un traumatisme

L’expert psychiatre n’a pas détecté d’altération du comportement. Il décrit un homme « libéré » depuis que tout est avoué de sa sexualité pédophile spécifique.

Les réitérations sont probables et les soins indispensables, dit encore l’expert, dans son rapport.

Mais le prévenu se fait rassurant : non seulement il envisage un métier « dans l’événementiel ou les animaux », mais il indique la présence d’un « conjoint de 27 ans » détenu avec lui. Il a fini par reconnaître avoir pu « faire souffrir ».

Deux avocates plaident pour trois des victimes, la quatrième n’ayant jamais voulu faire savoir à ses parents ce qu’il lui est arrivé… pour 50 €.

Me Christelle Beauvalet et Me Émilie Haussetete regrettent que l’affaire soit correctionnalisée car le prévenu a reconnu des « relations complètes ».

Le traumatisme est définitif pour ces jeunes que les avocates disent « déconstruits ». On a pris leur enfance, ils ont été manipulés par le chantage. Majeur en mars prochain, le client de l’une des deux avocates a été, « agressé sexuellement » contre sa volonté.

Une personnalité inquiétante ?

Le substitut, Clémence Eblé, estime que la différence d’âge entre l’agresseur et ses victimes est une première contrainte.

Les cadeaux et l’argent, la drogue démontrent des moyens structurés et organisés.

La magistrate revient sur la « personnalité inquiétante » en remarquant que l’homme n’a « ni remords ni honte » et que les experts le disent dangereux car la récidive est inévitable, selon eux.

Éviter la récidive

« Même en détention, il a pu communiquer avec une victime, via les réseaux sociaux… », révèle le réquisitoire qui demande cinq ans de prison ferme prolongée, à la libération, d’un suivi socio-judiciaire, et trois ans de retour en cellule s’il récidive.

Me Hugues Vigier trouve que « ce réquisitoire est pertinent » mais l’avocat accuse le monde extérieur qui stigmatise des victimes n’ayant pas choisi d’être des objets sexuels.

L’avocat révèle, à son tour, que le prévenu a eu une enfance dévastatrice et une totale immaturité.

Enfant d’un couple séparé, Frédéric D. a dû se prostituer très jeune avec des hommes âgés pour survivre.

Enfin, estime le défenseur, on ne peut pas compter sur l’âge d’un ado pour apprécier le degré de conscience des choses du sexe.

Ce n’est pas « contraindre » que d’offrir un cadeau, ni un comportement idéal pour le psychisme d’un adolescent, concède le défenseur.

7 ans de prison ferme

Le tribunal prononce finalement une peine supérieure au réquisitoire : sept ans de prison ferme avec un suivi de dix ans comprenant des injonctions de soins.

Le condamné, inscrit au fichier national des auteurs d’infractions sexuelles, retournera en prison pour trois années supplémentaires s’il ne respecte pas ces mesures après son incarcération.

NB . Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

Source : normandie

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