Geispolsheim | Un marginal sectaire pédo se défenestre avant sa comparution

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Un besoin de se soigner par le visionnage d’images pédo
L’homme soupçonné de pédocriminalité se défenestre. Les voisins sont sous le choc. Religieux au sein d’une l’Église gallicane non reconnue près de Strasbourg, il devait être jugé ce vendredi pour détention d’images pédopornographiques. Son pronostic vital est engagé.

L’un des 55 hommes interpellés cette semaine dans le cadre du démantèlement d’un vaste réseau de pédocriminalité, actif partout en France, s’est défenestré à Geispolsheim, en banlieue de Strasbourg, ce vendredi matin.

Raphaël Steck devait comparaître dès ce vendredi au tribunal judiciaire de Strasbourg pour détention et diffusion d’images pédopornographiques, entre mars 2017 et dimanche dernier.

Mais à l’heure prévue de sa comparution immédiate, son avocat, Michaël Wacquez, a indiqué aux magistrats que son client se trouvait dans le coma et que son pronostic vital était engagé.

Le profil de ce prévenu avait particulièrement attiré l’attention. « Évêque » de l’Église gallicane, sensibilité catholique non reconnue et qui ne reconnaît elle-même pas l’autorité du pape, il se disait proche de Brigitte Bardot et a béni la chapelle privée d’Alain Delon à Douchy (Loiret), en août 2024.

Le religieux avait également témoigné dans le magazine Closer pour certifier la relation amoureuse entre le célèbre acteur et Hiromi Rollin, sa dame de compagnie, au moment où la famille Delon se déchirait.

Il administrait une paroisse à Lingolsheim, en banlieue de Strasbourg. Sur LinkedIn, il se résume comme un « évêque atypique et défenseur de la cause animale ».

Agent logistique en Ehpad dans le civil, l’homme de 45 ans a été interpellé lundi et placé sous contrôle judiciaire mercredi, malgré la demande du parquet d’une détention provisoire.

Ce natif de Strasbourg était en couple, sans enfant, mais vivait chez sa mère, d’après les indications de son avocat.

« Il reconnaît les faits et il voulait s’en expliquer devant ses juges en essayant de trouver une solution sur le plan médical » et par le biais d’un « traitement avec psychothérapeute »,

A déclaré celui-ci à la presse après l’audience.

« Il avait besoin de soigner des pulsions par le visionnage d’images », a-t-il ajouté, pointant une « problématique médicale ».

À Lingolsheim, ce vendredi après-midi, en bord de route, sur le portail du simple pavillon flanqué d’un clocher en bois qui constitue l’Église gallicane – officiellement le centre Miséricorde Saint Joseph -, une affiche indique : « Pas de messe ce dimanche », à côté de l’énigmatique pancarte de recommandation du Petit futé 2021.

« Chaque week-end, il y a du monde, des gens qui viennent de loin »

Un couple, avec ses deux chiens, ne veut pas croire à la nouvelle et entre, après avoir assuré ne venir ici que pour une « visite à des amis » et ne rien avoir « à voir avec l’église ».

Plus tard, une autre visiteuse prétend entrer par curiosité sans être paroissienne non plus. Les portes de l’église resteront fermées aux journalistes.

« Son acte de est un aveu de culpabilité.», souffle Hervé, qui habite à une rue et va faire ses courses. « C’est une paroisse dynamique. Il y a souvent du monde dehors, ça paraît très sympa. Le prêtre bénit les animaux ! » salue-t-il.

Au milieu des fleurs du jardin face à l’église, une croix a d’ailleurs été érigée « à la mémoire des animaux torturés pour des motifs religieux ».

« Chaque week-end, il y a du monde, des gens qui viennent de loin, des Allemands, des motards », explique une commerçante, chez qui l’homme a ses habitudes.

« Je suis très choquée », confie-t-elle, décrivant un homme en col romain « discret », mais qui n’hésitait pas à engager la conversation.

Elle le voyait toujours accompagné de sa mère, et, précédemment, de sa grand-mère, jusqu’à la disparition de celle-ci. « Sa mère parle plus que lui », observe-t-elle.

« On sentait qu’il avait besoin d’être admiré »

Prêtre depuis 2004 et « évêque » depuis 2013, les engagements de Raphaël Steck, « catholique indépendant » proche également des orthodoxes celtiques, une autre branche décentralisée et non officielle du christianisme, ne passaient pas inaperçus dans le monde religieux.

Impliqué dans le dialogue interreligieux alsacien, il avait ouvertement milité pour le mariage pour tous et la bénédiction des couples de même sexe, apparaissant dans les manifestations en toge et se présentant comme catholique.

Un responsable chrétien lâche avoir perçu chez lui un fort besoin de reconnaissance. « On sentait qu’il avait besoin d’être admiré », souffle-t-il. En 2018, Raphaël Steck avait pris l’initiative d’ordonner des femmes prêtres dans sa paroisse, attirant les foudres de ses confrères gallicans.

Les enquêteurs estiment qu’il aurait détenu ses premières images dès 2017.

Le tribunal a reporté sa comparution au 6 août prochain et a maintenu son contrôle judiciaire, avec interdiction d’entrer en contact avec des mineurs. Il encourt sept ans de prison ferme.

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