France | Un réseau d’échange de fichiers pédopornographiques démantelé

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En tout, 200 fichiers sont détectés, et à ce stade, 120 victimes repérées
Un réseau de six hommes, âgés de 36 à 61 ans ont été placés en détention provisoire, certains sont pères de famille, et, comme souvent, beaucoup renvoient l’image de “monsieur Tout-le-monde”

Soupçonnés d’avoir échangé sur des messageries cryptées autour de 200 fichiers pédopornographiques, qu’ils ont eux-mêmes créés, ont été placés en détention provisoire.

À ce stade, 120 victimes, dont 22 françaises, ont été recensées.

En août 2022, les gendarmes de la section de recherche d’Orléans voient leur attention attirée par un groupe Internet dans lequel des particuliers proposent des photos de mineurs.

Certains des enfants et adolescents y sont en maillots de bain, d’autres dansent de façon suggestive.

Les imagent flirtent avec la légalité, tout en restant toujours du côté licite des échanges.

Mais les enquêteurs vont vite s’apercevoir que la page est en réalité l’antichambre de groupes de messageries bien plus sombres : certains n’y cachent pas leur penchant pédocriminel, se montrant même particulièrement explicites.

“Une fois que l’on commence à discuter avec ces individus [qui alimentent la page, NDLR], très rapidement, ils vont nous proposer de basculer sur d’autres réseaux sociaux plus discrets ou des systèmes de messageries sécurisées”, détaille le directeur d’enquête Damien, spécialiste en investigation numérique.

En l’occurrence, sur le réseau russe ICQ.

“Là, les fichier qui sont échangés sont illicites”

Les enquêteurs infiltrent un premier groupe, qui dépérit vite au profit d’un second.

“On va avoir la même victime qui va être habillée, puis déshabillée, puis qui va subir des faits de nature sexuelle, commis sur elle, ou faits par elle à la demande des adultes”, détaille le directeur d’enquête.

Très vite, les gendarmes se rendent compte que ces images ne figurent dans aucune des bases qui permettent aux autorités de recenser les données pédopornographiques existantes (et donc de repérer les nouvelles victimes).

Autrement dit, les membres du groupe sont soupçonnés d’avoir commis les violences visibles sur certaines images, et d’avoir sciemment exposé les mineurs.

En tout, 200 fichiers sont détectés, et, à ce stade 120 victimes repérées, dont 22 de nationalité française, âgées, pour ces dernières, de 3 à 15 ans.

Outre l’aspect inédit des photos, les gendarmes sont frappés par le fait que tous les échanges, dans le groupe, se déroulent en français, et que les victimes sont toute francophones.

“En règle générale nous sommes plus sur des victimes qui sont soit d’Asie du sud-est, Amérique du sud, Amérique centrale. Pendant un temps, nous avions beaucoup [de victimes] d’Europe de l’est”, note l’adjudant Damien.

Les premières interpellations interviennent en avril 2023, la dernière début février 2024, dans le cadre d’une enquête menée par le pôle mineur du parquet d’Orléans.

Derrière l’écran, des hommes âgés de 36 à 61 ans.

Certains sont pères de famille, et, comme souvent, beaucoup renvoient l’image de “monsieur Tout-le-monde”, même si plusieurs des six suspects étaient déjà connus pour des faits similaires.

L’un d’eux est notamment incarcéré en Belgique pour un dossier du même type.

Chacun semblait avoir sa méthode pour parvenir à obtenir de nouvelles images.

Certains sont ainsi soupçonnés de s’être fait passer pour des adolescents sur Internet, afin de séduire leurs victimes, au point d’obtenir des photos et vidéos d’eux dénudés, puis de les faire chanter en menaçant de tout diffuser si elles ne fournissaient pas de nouvelles images.

Les enquêteurs ont la certitude que d’autres s’en sont pris à des enfants de leur entourage, et qu’une partie des mis en cause a également eu recours à des prostituées mineures.

Les cyber-enquêteurs ont saisi le matériel informatique des suspects, et n’ont toujours pas fini de l’expertiser.

Un processus long, et pour cause : en analysant les supports numériques de trois d’entre eux, ils ont déjà découvert plus de 930.000 fichiers pédopornographiques.

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