France | Un rapport lève le voile sur l’explosion de la prostitution des mineurs en France

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Environ une victime de proxénétisme de nationalité française sur deux est mineure, en 2020
une enfant dans la rue la nuit avec des talons aiguilles beaucoup trop grands
Le nombre d’affaires de prostitution sur mineurs a augmenté de 68% entre 2016 à 2020, d’après le dernier rapport du Centre de victimologie pour mineurs. Les séquelles psychologiques sont longues pour les victimes.

“Je gère”. L’expression est répétée à plusieurs reprises par une adolescente dans des spots publicitaires diffusés à partir de lundi.

Elle se prostitue, mais elle l’assure :

 “Je gère”

Elle montre ses gains, des liasses de billets, à ses copines :

 “Je gère”

Le gouvernement lance une grande campagne de communication lundi 28 février, car la prostitution des mineurs s’accroît en France.

Le nombre d’affaire a augmenté de 68%, révèle un rapport du Centre de victimologie pour mineurs.

85% des victimes sont de nationalité française

Pendant un an, entre novembre 2020 et novembre 2021, le CVM a analysé des dossiers de procédures judiciaires, mené des entretiens avec des mineurs victimes de prostitution, mais aussi leurs parents.

Des données statistiques ont été récoltées.

Plusieurs chiffres sont éloquents, puisés dans les données statistiques des services de police et de gendarmerie, ainsi que des parquets :

-68% : c’est l’augmentation entre 2016 à 2020 du nombre d’affaires de prostitution sur mineurs parvenant aux services de police et de gendarmerie et aux parquets.
Environ une victime de proxénétisme de nationalité française sur deux est mineure, en 2020. 
-85% des adolescentes victimes de prostitution sont des adolescentes de nationalité française.
-88% des victimes de prostitution de mineurs sont des filles âgées de 14 et 17 ans.
Le rapport précise également que les auteurs de proxénétisme sur mineurs ou de recours à la prostitution de mineurs sont pour la plupart des hommes, âgés de 18 et 24 ans.

Si le nombre d’affaire a augmenté de 68% entre 2016 et 2020, le Centre de victimologie pour mineurs déplore que la moitié des affaires rapportées aux autorités judiciaires soient classées sans suite.

Des “blessés émotionnels et relationnels”

Comment une adolescente peut-elle tomber dans la prostitution ?

Une enfance difficile vécue par les victimes est l’une des raisons estime le rapport : le placement dans une famille d’accueil, une scolarité en pointillé, des violences physiques ou sexuelles.

D’après les auteurs du rapport, les jeunes victimes sont des “blessés émotionnels et relationnels”.

L’enquête menée permet de faire ressortir plusieurs points communs entre les victimes.

Elles ont pu “rencontrer des personnes abusant de leur vulnérabilité” et certaines “exposent leur vie privée sur les réseaux sociaux”.

Le rapport à l’argent de ces jeunes peut aussi les plonger dans la prostitution, à cause d’une précarité financière “liée au parcours de fugues, et un besoin de reconnaissance qui passe par la possession et l’exposition de biens matériels”.

Des proxénètes violents

Le rapport pointe le rôle des proxénètes et de leur comportement.

Les humeurs changent, affectueux un moment avant de devenir violent.

 “La stratégie des proxénètes rapportée par les mineurs concernant la répartition des gains est souvent la même : après avoir partagé l’argent perçu de la prostitution, le proxénète confisque brutalement la rémunération.”

Un danger pour la santé des victimes

La prostitution dès l’adolescence provoque des lésions, parfois irréversibles.

Les risques pour la santé sont immenses.

Les victimes peuvent avoir une grossesse non désirée, attraper une maladie sexuellement transmissible, ou être frappées.

Leur santé mentale est tout aussi préoccupante : les mineurs victimes “rapportent des sentiments de dégoût, de honte, de culpabilité, des scarifications, des idées suicidaires, une perte de confiance en soi, en l’autre”.

Elles ont également un sentiment d’insécurité permanent.

Le rapport rappelle que les parents et la fratrie sont des victimes collatérales de la prostitution de mineurs.

Lors des entretiens, les familles des victimes racontent l’impact sur la vie du couple, des conflits avec leur enfant, une inquiétude permanente sur leur santé.

Ce qui domine également, c’est le sentiment de culpabilité, de sidération, de colère.

Un numéro pour les victimes, le 119

Pour mieux lutter contre la prostitution de mineurs, le rapport préconise l’application de la loi Aubry 2001, qui stipule “qu’une information et une éducation à la sexualité sont dispensées dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d’au moins trois séances annuelles et par groupes d’âge homogène”.

Il faut aussi mieux quantifier, insiste le Centre de victimologie pour mineurs, donner des chiffres plus précis en réalisant des enquêtes dans des établissements scolaires et lieux extra-scolaires (comme les clubs de sport).

Le rapport recommande aussi la création de lieux d’accueil pour mettre à l’abri en urgence les victimes.

Un numéro existe pour les victimes et leur famille, le 119.

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