FRANCE | Sept ans d’une enfance volée : le père incestueux condamné

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Il arrivait confiant et alcoolisé et a finalement craqué pour tout avouer devant sa fille
Il a fallu que son enfant ait l’âge qu’elle avait quand son père l’a abusée pour que la victime se décide à le dénoncer. Mardi, le père incestueux a été condamné.

À la barre, il ressemble à un vieillard.

Trop grand, tombant, son masque blanc laisse entrevoir les séquelles d’une consommation d’alcool qu’on imagine habituellement excessive.

Un vieillard, mais un vieillard sûr de lui, qui répond clairement, de façon tranchée. C’est oui ou c’est non, c’est rarement un entre-deux.

Pourtant, sa date de naissance trahit un âge qu’on n’aurait pas soupçonné. Le vieillard n’en est pas un du tout, il n’a que 61 ans.

Trente ans plus tôt, alors que sa fille de 6 ans partageait son lit un week-end sur deux et la moitié des vacances scolaires, il lui a fait subir des atteintes sexuelles. Sept ans durant. Des baisers, des caresses, des fellations et des masturbations imposés.

« Une enfance et une innocence volées »

résumera l’avocate des parties civiles, Me Courtois.

Ni alcoolique, ni empathique

Le prévenu répond donc du tac au tac, refusant qu’on le prenne pour un malade, lui, l’ancien alcoolique.

« Dans le bureau du juge d’instruction, vous étiez ivre »

: la parquetière le pousse dans ses retranchements, cherche une réaction.

« Non, c’était mon parfum qui sentait fort ! »

« Je suis désolée mais vous le portez sur vous ! »

« Non, c’est la grippe ! »

: il a réponse à tout.

Sur l’inceste imposé à son enfant, à côté de son autre enfant qui dormait, pas plus d’humanité.

« Quand vous la caressez, elle se sent comment »

: Mathilde Campagnie, au parquet, continue à chercher.

« Faut lui poser la question à elle »

: il frôle l’incorrection et montre sa fille du doigt.

Mais lorsque la trentenaire, désormais mère, courageuse, digne et sans colère, se lève, c’est pour raconter le calvaire qu’elle endure, son manque de confiance en elle, sa difficulté à se lier à un homme.

Là, l’armure paternelle se fissure.

Il s’essuie les yeux, cherche son mouchoir, sanglote. Jusqu’à craquer totalement. Il halète, chancelle, le corps secoué de spasmes de sanglots. Lorsqu’il parvient à nouveau à s’exprimer, le ton a changé, l’aveu est total.

« Je reconnais tout ce que ma fille a dit, tout ce que je lui ai fait subir, c’est toute la vérité qui ressort. »

Une autre victime, invisible

Sur le banc des victimes, seule sa nièce, 35 ans, n’aura pas eu de réponses. Elle aussi dit avoir subi des caresses, une seule fois, lorsqu’elle était enfant. Comme d’autres membres de la famille qui n’ont pas souhaité porter plainte.

Mais le prévenu nie.

Pendant ses réquisitions, la parquetière estime « rassurant de l’avoir vu craquer et pleurer ».

Pour punir « un calvaire de sept ans », elle requiert quatre ans de prison dont deux ans et demi assortis d’un sursis probatoire de deux ans lui imposant des soins et l’indemnisation des victimes.

Son inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles et son inéligibilité pendant trois ans.

Si son client n’a pas souhaité s’appesantir, Me Leroy a toutefois plaidé le passif… familial :

« un milieu autarcique malsain et une histoire familiale carencée ».

« Mais des faits extrêmement anciens qui auraient été prescrits avant la loi Perben 2. »

Finalement, après en avoir délibéré, le père de famille a été reconnu coupable et condamné à quatre ans de prison dont trois assortis d’un sursis probatoire de deux ans l’obligeant à se soigner et à indemniser les victimes. Son inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles a été constatée

Le nom du père de famille n’apparaît pas pour protéger la victime qui porte le même nom que lui.

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