France | Inceste, la parole se libère
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Pédocriminel En liberté
- 25/01/2021
- 07:00
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L’inceste existe en France et même si la honte ronge les victimes qui n’osent pas parler, la parole se libère enfin sur un tabou bien plus présent que ce que l’on peut croire.
Un hashtag, le déclic.
Angéline* explique :
« Je lis les commentaires, je me reconnais et je pense à tous ceux qui continuent à le vivre ».
À 48 ans, cette mère de famille a encore du mal à parler de ce qui lui est arrivé, petite. Mais il le faut.
Une habitante de Meyreuil, la voix enrouée, témoigne :
« J’avais 7 ans quand l’inceste a commencé, je dormais dans le lit de mes parents. Le lendemain, mon père a fait comme si de rien n’était ».
Elle poursuit :
« Après, c’étaient des attouchements jusqu’à mes 14 ans ».
Son père touche sa poitrine, ses fesses, se « frotte » à elle. Il est alcoolique et les bat, elle et sa mère. À 14 ans, elle « prend [sa] vie en main » et porte plainte. Pas pour l’inceste, mais pour les coups. Elle est placée à la DDAS et son père est incarcéré.
Angéline assure :
« C’était une libération ».
C’est dans le foyer qu’elle se rendra compte de l’horreur. Avant cela, elle ne pouvait pas mettre de mots sur ce qui lui était arrivé.
Dès ses 16 ans, elle s’installe avec son mari actuel, alors apprenti. Ils se débrouillent comme ils peuvent.
Quatre ans plus tard, toujours hantée par ce secret qui la ronge de l’intérieur, elle avoue tout à sa mère par téléphone. Elle cherchait « un appui », des mots pour la réconforter et lui dire que ce n’était pas de sa faute, qu’elle n’a rien à se reprocher… C’est le contraire qui se produit.
Sa mère lui rétorque :
« Tu n’imagines pas toutes ces années de ma vie que tu as gâchées ».
La quadragénaire s’émeut :
« Bizarrement, j’arrive à pardonner à mon père, mais ma mère non, c’est trop dur ».
Avant son décès, Angéline tente de renouer contact avec son bourreau.
Sa mère lui demande :
« Vous vous êtes remémoré le bon vieux temps ? ».
Angéline se rappelle :
« J’ai vomi pendant trois jours ».
Le chemin de la reconstruction est dur et jamais réellement terminé.
Clle qui a suivi deux thérapies de 5 ans chacune affirme :
« Ça me hante toujours ».
« Ce qui est dur pour moi c’est de voir mes collègues qui confient leurs enfants à leurs grands-parents, je ne pourrai jamais faire ça ».
Pour Laure*, MekareLeel, telle qu’elle se fait appeler sur Twitter, c’est aussi compliqué de construire une vie « normale ». Cette quadragénaire de Marseille avoue ne pas s’être complètement libérée de ce qu’elle a vécu enfant et adolescente. Son bourreau à elle, c’était son cousin. Puis plus tard, son beau-père.
Tout commence alors qu’elle n’a que 7 ans. Son cousin, âgé de six ans de plus qu’elle, commence par des attouchements.
« Nous allions toujours en vacances chez mon oncle et ma tante et c’est là que mon cousin a commencé à exercer sa sexualité sur moi ».
Pendant deux étés consécutifs, son cousin la touche, embrasse son sexe jusqu’au jour où il finit par la violer avec son doigt.
Elle continue :
« J’avais très mal, j’étais honteuse et j’ai complètement occulté et oublié ce qu’il s’était passé. Il disait qu’il m’aimait et je le croyais ».
« Il me semble que j’ai gardé ça pour moi et que je n’en ai parlé à personne, mais c’est très flou ».
Après des années d’oubli, le cousin de cette féministe engagée tombe dans le coma. MekareLeel a 15 ans et c’est à ce moment-là que tout remonte.
« J’ai eu le courage d’en parler à ma mère qui m’a soutenue. Je ne l’ai dit que des années plus tard à mon père car c’était mon cousin du côté paternel ».
Elle poursuit :
« J’ai aussi été victime des attouchements et remarques déplacées de mon ancien beau-père qui était un gros beauf de base, à l’humour plus que douteux ».
Après trois dépressions, la jeune femme est aujourd’hui sur « le long chemin personnel de la réappropriation de soi, du corps et de la confiance en soi ».
Ce sont des « petits riens un peu con », selon elle, qui font que chaque jour elle avance. C’est aussi grâce à « l’homme formidable » qui l’accompagne au quotidien.
*Les prénoms ont été changés.
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