France | Agressée sexuellement à 9 ans, Delphine Damis-Fricourt, témoigne

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Une tragédie “qui arrive à tellement de gens qu’en fait c’en est presque public”.
La conseillère départementale de la Somme Delphine Damis-Fricourt se joint au mouvement MeTooInceste en livrant son histoire sur les réseaux sociaux. • © Delphine Damis-Fricourt
Dans le sillage du mouvement #metooinceste, la conseillère départementale s’est exprimée sur ses comptes Facebook et Twitter. Delphine Damis-Fricourt dévoile l’agression sexuelle qu’elle a subie par un proche lorsqu’elle était enfant. Elle aussi, souhaite briser le silence.

Ce souvenir douloureux refait surface parfois dans ses cauchemars.

Au quotidien, Delphine-Damis-Fricourt s’efforce d’enfouir ce traumatisme qui l’a “abîmée”, dont seul son cercle très proche a connaissance.

Sur ses comptes Twitter et Facebook, la conseillère départementale de la Somme raconte avoir été agressée sexuellement lorsqu’elle avait 9 ans par un proche

“un homme qui était pour moi comme un membre de ma famille”

écrit-elle.

“Quelques minutes interminables où il arrive à m’isoler de la fête de famille hors de la vue de tous. Je vois un regard qui m’est complètement étranger et me sidère. Il met brutalement une main dans ma culotte pour me toucher et me force avec l’autre main à le caresser après avoir ouvert son pantalon. Je sais que c’est grave mais aucun son n’arrive à sortir de ma bouche.”

“Je veux reprendre le cours de ma vie mais il m’a volé mon innocence et mon insouciance, je n’oublierai jamais, 33 ans plus tard les images et les sensations écœurantes restent gravées comme s’il m’avait fait « ça » hier”, confie-t-elle plus loin.
Se libérer d’un poids

Ce sont d’abord ses filles qui l’ont poussée à parler.

“Elles m’ont dit que je n’avais pas à avoir honte. Que plus les gens parleront, plus la honte changera de camp”

raconte Delphine Damis-Fricourt.

“Et puis je me suis rendue compte que c’est quelque chose de très intime mais qui arrive à tellement de gens qu’en fait c’en est presque public”.

Depuis samedi 16 janvier, le hashtag “MeTooInceste” a été utilisé des milliers de fois sur les réseaux sociaux.

À l’instar de MeToo, des anonymes mais aussi personnalités publiques livrent leur vécu pour dénoncer l’inceste et plus globalement la pédocriminalité.

Un mouvement déclenché suite à la parution du livre La Familia Grande de Camille Kouchner, où elle raconte l’agression sexuelle de son frère jumeau alors adolescent, par son beau-père, le politologue Olivier Duhamel. La multiplication des témoignages est ce qui a donné à Delphine Damis-Fricourt la force de publier ce message.

C’est bizarre symboliquement, je ressens un peu comme une libération d’avoir confié ça publiquement.

Delphine Damis-Fricourt

Dévoiler ce secret sur la toile a été une forme de soulagement.

“C’est bizarre symboliquement, je ressens un peu comme une libération d’avoir confié ça publiquement, souffle-t-elle avec émotion. “Mais en même temps, mettre des mots sur l’agression reste difficile. En ce moment les nuits sont compliquées.”
Faire évoluer la loi

Cette militante politique reste convaincue qu’à long terme, ce témoignage sera positif, non seulement sur le plan personnel.

“Je veux aussi montrer qu’on peut dépasser ça, puisque globalement je suis heureuse”. Elle qui estime avoir “eu la chance” que ça ne lui arrive qu’une seule fois, voudrait aujourd’hui “tellement aider ceux qui souffrent bien plus”.

Delphine Damis-Fricourt a également l’espoir que son histoire, dans le flot des témoignages, fera évoluer le processus législatif.

“Suite au mouvement MeToo, il y a eu des avancées. Notamment un Grenelle des violences conjugales, donc il y a du travail mais c’est déjà un bon point, avance l’élue. Si le gouvernement pouvait prendre conscience de l’ampleur du phénomène, peut-être qu’on pourrait là aussi changer des choses, ne serait-ce que sur la prescription.”

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