France | Agrès Jaoui se livre sur les abus qu’elle a subis enfant et adolescente
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- 30/11/2020
- 07:00
L’actrice a témoigné durant la troisième édition des Assises pour l’égalité, la parité et la diversité dans le cinéma et l’audiovisuel, organisées par le Collectif 50/50, le 25 novembre à Paris.
Elle s’est livrée sur les abus qu’elle a subis enfant et adolescente, et a épinglé le manque de représentation des femmes.
Sans ambages, elle débuté :
« Vers 5 ans, je me suis fait abuser par un inconnu dans la cage d’escalier de mon immeuble ».
Invitée de la troisième édition des Assises pour l’égalité, la parité et la diversité dans le cinéma et l’audiovisuel, organisées par le Collectif 50/50 au Théâtre de la Porte Saint-Martin, à Paris, Agnès Jaoui a délivré un discours poignant sur son expérience de femme et d’actrice, le mercredi 25 novembre.
La réalisatrice de 56 ans a ainsi abordé des thèmes aussi divers que les agressions sexuelles, la misogynie, les diktats de la beauté ou encore la représentation des femmes dans les médias.
Dans son plaidoyer de six minutes, l’actrice du Goût des autres (2000) a raconté certains moments difficiles de son propre parcours comme exemple de la condition féminine. Elle a notamment évoqué les instants qui ont suivi son agression, lorsqu’elle était enfant.
Elle a poursuivi :
« Juste après, tandis que ma mère appelait la police, il y avait à la télévision un film pour enfant avec une petite fille blonde, qui disait de jolies choses, et de sa bouche sortaient des diamants, et une petite fille brune qui disait des gros mots, et de sa bouche sortaient des crapauds. Vers 6 ans, j’ai découvert Fifi Brindacier, une petite fille avec des tresses en l’air et une force surnaturelle. J’ai beaucoup aimé Fifi Brindacier ».
Agnès Jaoui a, par la suite, révélé qu’elle avait subi des abus sexuels de la part de son oncle à l’âge de 11 ans.
La comédienne a également évoqué le diktat de la minceur, qui lui avait fait débuter un régime à 12 ans. Elle souhaite alors :
« Eradiquer ces rondeurs et cette graisse qui semblaient causer tant de problèmes, de désir et de dégoût ».
“Mes amies actrices travaillent moins que mes amis acteurs”
La quinquagénaire a par ailleurs confié avoir perçu, dès l’âge de 16 ans, que « pour 10 rôles d’hommes, il y en avait 2 ou 3 de femmes, et qui offraient peu de possibilités d’identification ».
Elle a ajouté :
« Je me suis rendu compte que mes amies actrices travaillaient moins que mes amis acteurs ».
Selon l’actrice, durant ses études, de multiples bandes de garçons « allaient se constituer et travailler ensemble », mais « très peu de bandes de filles ».
Elle s’est remémorée :
« Vers 27 ans, j’ai vu et aimé Thelma et Louise (1991), mais après je me suis violemment disputée avec un grand ami, qui reprochait au film l’usage des armes et la violence de ses héroïnes ».
L’actrice déclare également avoir compris, à l’âge de 34 ans, que 80 % des films étaient réalisés par des hommes.
Elle est aussi revenue sur les diktats de la beauté et leur influence sur la représentation des femmes au cinéma. Elle a expliqué :
« Vers 35 ans, j’ai cherché une actrice jeune, en surpoids, pour un film, et je me suis rendu compte qu’il y avait très peu de candidates. Comme si elles s’étaient autocensurées, interdites d’elles-mêmes de pousser la porte d’un cours de théâtre ».
Agnès Jaoui a d’autre part souligné l’invisibilisation des femmes artistes dans notre société :
« Vers 45 ans, je me suis rendu compte qu’il existait beaucoup plus d’écrivaines, de compositrices, de réalisatrices, de peintresses que je ne le croyais. Mais qu’elles avaient été mystérieusement effacées de notre patrimoine ».
L’actrice a ainsi rappelé qu’une seule femme avait remporté le César de la meilleure réalisatrice et que les votants comptaient une majorité de 65 % d’hommes.
Elle a notamment déploré que la majorité des films soient encore réalisés par des cinéastes masculins.
Elle a souligné :
« J’ai 56 ans, et je ne me réjouis pas de ces chiffres. Je crois à l’influence immense des images, et d’autant plus quand nous n’en avons pas forcément conscience ».
Et l’actrice de conclure par cette citation d’un anonyme :
« Les filles obéissantes vont au ciel ; les autres vont où elles veulent ».
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