Fontainebleau | Un ancien prof de maths relaxé de faits de soustraction de mineure

Condamné en novembre 2017 pour atteinte sexuelle après avoir eu une relation avec son élève de 14 ans, Léo T. était jugé pour avoir recueilli la jeune fille en fugue durant une journée.

Fontainebleau, le 27 novembre 2017. La collégienne de 14 ans et sa mère arrivent au procès du professeur de maths poursuivi pour corruption de mineure et atteinte sexuelle sur mineure de moins de 15 ans par personne ayant autorité. LP/Faustine Léo

« Oui, il aurait pu la jeter dans la rue pour ne pas avoir de problèmes. Mais c’est difficile de faire ça quand on a été amoureux », a plaidé ce lundi, devant le tribunal de Fontainebleau, l’avocate de Léo T.

Ce prof de mathématiques de Champagne-sur-Seine condamné, en novembre dernier, à 18 mois de prison avec sursis pour atteinte sexuelle sur mineure de moins de 15 ans, après avoir eu une relation de plusieurs mois avec une élève de 14 ans, Arya*.

« Et le premier procès l’a bien mis en évidence : les sentiments étaient sincères des deux côtés. »

Cette fois, l’ancien professeur de 32 ans, reconverti dans l’informatique dans l’est de la France, était poursuivi pour soustraction de mineure.

Il avait le 12 mars dernier recueilli la jeune fille en fugue et l’avait emmenée passer la journée dans un parc d’attractions de Seine-et-Marne, avant de la déposer à un poste de police vers 18 heures.

Si la procureur a requis 3 000 euros d’amende, le tribunal de Fontainebleau l’a tout simplement relaxé.

Ni Arya, ni sa mère, pourtant partie civile, ni l’avocat de la famille n’étaient présents au procès.

Arya et sa famille ont déménagé dans le sud du pays.

« La mère d’Arya avait donné à sa fille le week-end pour choisir entre le déménagement et son ancien professeur, a précisé la présidente du tribunal.

Elle a des relations très difficiles avec sa mère, qui parfois l’insulte.

Le dimanche soir, elle avait laissé une lettre pour dire qu’elle pensait à se suicider, disant que Léo T n’avait rien à voir dans sa décision de partir et demandant de le laisser tranquille. »

C’est pourtant chez lui qu’elle a choisi de trouver refuge.

À cette date, Léo T. avait certes interdiction d’exercer en tant qu’enseignant mais pas d’entrer en contact avec la jeune fille, désormais âgée de 15 ans.

« Elle m’a parfois contacté depuis ma condamnation, en utilisant le téléphone d’autres personnes, on s’est vus une soirée début janvier, admet le trentenaire.

Mais quand elle a sonné chez moi ce jour-là, après avoir erré plusieurs heures dehors la nuit, j’ai été surpris.

Je lui ai permis de se reposer un peu, je lui ai donné un verre d’eau. »

Il insiste également pour qu’elle appelle ses parents ou se rende au commissariat.

« Devant son refus, j’ai négocié cette journée au parc, avec la promesse que le soir elle reviendrait chez elle, a expliqué Léo T.

C’est une jeune fille fragile qui a déjà fait des tentatives de suicide. Or elle avait une plaque d’anxiolytiques avec elle.

Elle voulait aller à Paris, sans téléphone.

Elle a aussi tendance à se diriger vers des gens qui ont une mauvaise influence sur elle.

J’ai pensé qu’elle allait tomber dans un réseau de prostitution et qu’elle serait mieux sous ma surveillance. »

De quoi se faire surnommer ironiquement par la procureur de « bon Samaritain ».

« Si vous aviez peur pour elle, c’est au corps médical que vous auriez dû la remettre pour une éventuelle hospitalisation, a-t-elle souligné.

Si la police ne vous avait pas appelé, seriez-vous allé au commissariat le soir ? »

Le 4 juin, le tribunal a prononcé une interdiction d’entrer en contact avec Arya, décision à laquelle Léo T. était favorable.

Lorsque la jeune fille a essayé, via un faux profil, de le contacter via les réseaux sociaux cet été, l’ancien professeur a bloqué l’invitation et immédiatement prévenu le juge d’application des peines.

* Le prénom a été modifié.

Source : Le Parisien

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