États-Unis : les abus pédophiles de 50 prêtres cachés pendant 40 ans

États-Unis : les abus pédophiles de 50 prêtres cachés pendant 40 ans

 

AFP/ Felippo Monteforte.

Deux évêques américains ont aidé à dissimuler les abus sexuels perpétrés par 50 prêtres catholiques et responsables religieux contre des centaines d’enfants durant quatre décennies en Pennsylvanie (est des États-Unis), selon le rapport d’un grand jury révélé mardi par le journal britannique The Guardian.

Ce rapport de 147 pages a mis en lumière des preuves confondantes selon lesquelles les évêques James Hogan et Joseph Adamec, qui ont dirigé le diocèse de Altoona-Johnstown entre le milieu des années 1960 et 2011, ont eu connaissance de multiples allégations d’abus et sont intervenus pour empêcher la police et les enquêteurs d’arrêter les prêtres pédophiles.

Leur conduite a mis en danger des milliers d’enfants et a permis à ces prédateurs d’abuser d’autres enfants, a ajouté la procureur de l’état de Pennsylvanie Kathleen Kane, dont le bureau a rendu public le rapport.

«Les crimes odieux dont ont été victimes ces enfants sont absolument impensables», a-t-elle souligné.

«Les victimes ont été abusées dans les lieux mêmes où elles auraient dû être le plus en sécurité». 

«Tout aussi troublant, les dirigeants religieux ont couvert ces agissements, ce qui a permis à ces faits de se perpétuer durant des décennies», a-t-elle ajouté.

«Ils ont failli dans la tâche la plus importante de notre société, qui est de protéger nos enfants.»

Cependant, aucune poursuite pénale ne peut être engagée au vu de ce rapport, car les faits sont trop anciens, les prêtres pédophiles présumés sont décédés, ou les victimes sont trop traumatisées pour témoigner, a noté le bureau de la procureur.

Le rapport diffusé mardi fait suite à deux ans d’une enquête qui va se poursuivre, et Kathleen Kane a appelé les victimes à rapporter toute activité criminelle pour voir si des charges pourraient être retenues.

Étrange coïncidence ou non, ce rapport a été publié alors que le film «Spotlight», qui revient sur un scandale distinct de prêtres pédophiles mis au jour par des journalistes du «Boston Globe» au début des années 2000, a remporté dimanche l’Oscar du meilleur film.

Le 12 février dernier, «The Guardian» révélait déjà qu’un document du Vatican indiquait à ses évêques qu’ils n’étaient pas obligés d’alerter la police en cas d’affaires d’abus sur mineurs. Le document expliquait, selon le quotidien britannique, qu’il n’est «pas nécessairement» de leur devoir de dénoncer aux autorités les abus sexuels sur des enfants par des membres du clergé. Pour le Vatican, c’est aux victimes et à leurs familles de prendre la décision porter plainte.

Ces préconisations du Vatican vont à l’encontre de la politique de François en matière de pédophilie.

En janvier 2014, il avait qualifié les scandales pédophiles et «honte de l’église». Quelques mois plus tard, le Vatican mettait en place une commission d’experts chargés de la protection des mineurs dans l’église.

En Australie une commission d’enquête se penche sur le cas d’un prêtre armé
Une commission d’enquête sur les crimes pédophiles en Australie a entendu mercredi comment un prêtre armé contraignait les enfants à s’agenouiller entre ses jambes pendant la confession. Un scandale évoqué par le cardinal australien George Pell, puissant «ministre» de l’économie du Vatican, qui témoigne devant la commission d’enquête royale australienne sur les réponses institutionnelles aux abus sexuels commis sur des enfants.La commission se penche actuellement sur les villes de Ballarat et de Melbourne, dans l’état de Victoria, où le cardinal George Pell a grandi et travaillé. Elle s’intéresse à la façon dont l’église australienne a répondu à des accusations de pédophilie visant des prêtres, pour la plupart datant des années 1970. Le cas de Peter Searson, prêtre de la paroisse de Doveton, a été évoqué, le cardinal Pell expliquant que c’était l’un des hommes «les plus déplaisants» qu’il ait jamais rencontré. En dépit des preuves qui s’accumulaient sur son comportement étrange dans les années 1980, l’église n’avait pas réagi. Un plaignant a raconté que Peter Searson avait brandit une arme à feu et forcé les enfants à s’agenouiller entre ses jambes lors de la confession, pour laquelle il était muni d’un magnétophone.Le cardinal Pell a qualifié ce comportement de «détestable» mais a démenti en avoir eu connaissance à l’époque, expliquant que l’archevêque Frank Little, aujourd’hui décédé, aurait pu en faire plus. «L’archevêque Little semblait incapable de faire face au père Searson, ou même de fournir des informations adéquates sur la situation», a-t-il dit, laissant entendre qu’il avait vraisemblablement décidé de ne rien faire pour protéger la réputation de l’église. Peter Searson, mort en 2009, n’a été condamné qu’une fois, en 1997, pour agression physique contre un garçon de 12 ans.La commission a commencé ses travaux en 2013 pour enquêter sur des accusations de pédophilie dans les églises, les écoles, les orphelinats ou les associations de jeunesse, après plus d’une décennie de pressions. Elle a entendu près de 5.000 survivants.

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