Nyon | Il récidive sur sa fille adoptive quelques mois après être sorti de prison

Cinq ans fermes requis à Nyon contre un homme déjà condamné en 2006 pour actes d’ordre sexuels similaires sur sa même enfant adoptive.

«Il n’y a pas de mal à se faire du bien.» C’est ainsi qu’il répondait à sa fille adoptive quand elle lui faisait remarquer que les attouchements qu’il lui faisait subir n’étaient pas bien.

Le sexagénaire à la corpulence massive qui comparaît depuis lundi devant le Tribunal correctionnel de Nyon n’en mène pas large à l’évocation de tels propos.

Sa condamnation à Genève en 2006 à de la prison avec sursis pour des gestes déplacés sur cette même enfant n’a servi à rien.

Ni les quelques semaines passées en détention préventive à l’époque.

Quelques mois plus tard, il recommençait, au domicile familial, sur la Côte vaudoise.

Il est vrai qu’il se trouvait dans un déni total et que son épouse était convaincue qu’il ne s’était rien passé.

L’intéressé risque de se voir infliger une lourde peine pour cette récidive.

Le Ministère public a requis cinq ans ferme pour actes d’ordre sexuel avec des enfants et contrainte.

Le magistrat ne s’est pas laissé émouvoir par ce père indigne, qui joue cette fois la carte de la honte, de la détresse et des aveux complets tant pour ce qui concerne les actes jugés en 2006 que pour ceux survenus plus tard.

C’est ainsi que, de novembre 2006 et jusqu’en 2010, le prévenu ne conteste pas avoir littéralement ravalé au rang d’objet de désir cette enfant née en 2004.

Pendant toutes ces années, à raison d’une ou deux fois par semaine, l’enfant a subi par son père adoptif caresses déplacées, humiliations, massages et masturbations lors de séances qui duraient jusqu’à deux heures, parfois dans le lit conjugal lorsque sa mère était absente.

Cela même quand elle faisait semblant de dormir ou qu’elle faisait la morte, selon son expression.

«Il voyait que ça me dérangeait, mais il ne voulait pas l’entendre», se rappelle-t-elle.

Il est allé jusqu’à lui proposer de l’argent ou des cigarettes pour qu’elle accepte.

Cela a cessé pendant un an, en 2011, lorsque ce Genevois, consultant indépendant, s’est rendu en Chine pour son travail.

Puis les actes odieux ont repris, diminuant de fréquence, pour cesser au printemps 2013.

Ce n’est que deux ans plus tard, en 2015, après en avoir parlé à sa mère, que la jeune fille a décidé de porter plainte.

Cela a valu à son père de passer 19 jours au Bois-Mermet.

Comment expliquer tout ce temps passé sans dénoncer?

De fait, le même conflit de loyauté qu’en 2006 s’était reproduit face à cet homme qui avait osé dire qu’il lui pardonnait.

«Je voulais protéger ma famille, explique-t-elle. C’était quand même mon père et je ne voulais pas qu’il arrive quelque chose.»

Ce père soutient avoir envisagé de se dénoncer lui-même, mais pas avant d’avoir mis au courant la famille.

La culpabilité dont il assure avoir été submergé se tempère lorsqu’il déclare: «Je me disais que, si elle n’a pas porté plainte plus tôt, c’était parce qu’elle me supportait.

Ma mauvaise conscience est venue plus tard.»

Il doit quand même admettre avoir dissuadé la jeune fille de porter l’affaire en justice, sur fond de chantage au suicide à peine masqué, ainsi qu’en témoigne un échange de SMS.

«J’aurais voulu qu’on puisse décider ensemble», soupire-t-il.

Verdict la semaine prochaine.

Source : www.24heures

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