Donde Vamos | Réseaux VIP en Angleterre : ni réseau ni complot, juste un excès de déférence selon la commission d’enquête
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
- 17/03/2020
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Après six ans d’auditions de victimes et témoins des pires abus, la commission d’enquête “indépendante” sur l’étouffement des affaires de violences sexuelles contre les mineurs impliquant des VIP vient de publier son rapport. On y apprend – scoop – que la classe politique en général fait tout pour que ces affaires n’arrivent jamais au tribunal et que les hiérarchies policière et judiciaire étaient promptes à ne rien faire. Étaient, car bien-sûr tout cela ne serait que du passé.
Source : Donde Vamos
Retour sur le rapport tant attendu de la commission “indépendante” d’enquête sur l’étouffement des affaires de réseaux VIP. Ou l’art de se focaliser sur la brindille quand le troupeau d’éléphants est planqué derrière.
Bref topo de l’histoire
Ceux qui suivent ce blog depuis quelques années connaissent le scandale des réseaux pédocriminels anglais qui a éclaté fin 2012.
C’est un reportage sur Jimmy Savile, la star de la BBC décédée en 2011, censuré par la BBC, qui a mis le feu aux poudres.
L’effet Streisand a fonctionné à plein : tout le monde s’est demandé pourquoi ce documentaire, peu offensif en réalité, avait été bloqué par la direction de la BBC au dernier moment.
Pour résumer, il s’en est suivi des centaines de plaintes pour viols sur mineurs et jeunes majeures contre Jimmy Savile, qui a sévi pendant 60 ans dans des écoles, des hôpitaux, des orphelinats, à la BBC et dans diverses villas, mais aussi contre tout un tas de VIP de la politique et du show biz.
Bref, les langues se sont déliées, dans tous les milieux, aux quatre coins du pays, pour dénoncer des abus devenus systématiques depuis les années 50.
Après quelques années de tapage, les choses se sont calmées, les médias ont repris la version officielle, et finalement seuls quelques types du show biz ont été condamnés comme Gary Glitter ou Stuart Hall…
Les politiques incriminés sont morts entre temps ou ont finalement réussi à faire taire les accusateurs.
On a tout de même appris entre temps que des centaines de dossiers de réseaux pédocriminels impliquant des VIP ont été étouffés méthodiquement par les plus hautes autorités de l’État.
Au moins 114 ont totalement disparu, d’après un décompte officiel.
D’éminents politiques ont été alignés par une ou plusieurs victimes et /ou pour leur propension à faire disparaître des dossiers dérangeants.
On peut citer Léon Brittain, ex ministre de l’Intérieur mort en 2015, Ted Heath, ex premier ministre fan yachting et des enfants de Jersey, le maire de Rochdale Cyril Smith, leader du parti libéral et grand ami de Jimmy Savile, Lord McAlpine, Greville Janner, Peter Morrison etc.
Et puis quelques types des renseignements comme Peter Hayman, ex patron du MI6 cité dans l’affaire du réseau de Westminster par le député Geoffrey Dickens en 1983.
En fait, ce genre d’accusations plus ou moins voilées contre des réseaux de pédocriminels impliquant des types de Westminster (le Parlement et le gouvernement) n’étaient pas neuves : depuis les années 50 cela revenait régulièrement sur le tapis.
Il y a eu la grande époque de Picadilly Circus et du parc de jeux d’arcades, un vrai bordel à ciel ouvert dans les années 70 et 80 [1].
Puis l’époque des orphelinats utilisés comme viviers à travers le pays par divers pédophiles, dont des politiciens.
Face au tollé qui a été particulièrement intense entre 2012 et 2014 (le député –lynché médiatiquement depuis- Tom Watson avait dénoncé en 2012 au Parlement “un puissant réseau pédophile lié au Parlement et au n°10” Downing Street (le domicile du 1er ministre) [2], les autorités ont tenté une première fois de mettre en place une “commission d’enquête indépendante” pour éclaircir la manière dont tous ces dossiers ont pu être perdus ou mis sous le tapis pendant toutes ces années.
Cette commission était chargée plus particulièrement de mener une enquête sur (les mauvaises langues diront “d’étouffer”) les accusations concernant les politiciens de Westminster.
Mais, la première juge –Elizabeth Butler Sloss- qui a été nommée était tellement mouillée dans les milieux de VIP incriminé qu’elle a du démissionner rapidement.
Une deuxième commission “indépendante” a donc été mis en place, avec une juge tout aussi mouillée qui a du rapidement démissionner.
C’est donc la 3 e juge placée à la tête de cette commission qui sort aujourd’hui ce rapport de 173 pages.
Il porte sur une partie du travail de la commission d’enquête, à savoir : comment se fait-il que ces dossiers sulfureux se soient systématiquement perdus dans les limbes des ministères et des services de renseignement dès lors qu’ils impliquaient du gratin ?
Mais le rapport n’a évidemment rien d’explosif: la commission s’est concentrée sur 16 témoins clés, dont 8 victimes, et croit sur parole les déclarations des policiers et chefs des services de renseignements.
De fait, il s’agissait d’observer le comportement des “institutions” bien plus que celui des “individus”.
C’est en effet beaucoup moins dérangeant et on ne risque pas de dénicher un réseau.
Et puis c’est connu : les institutions ne sont pas faites d’individus.
Ce rapport n’apprend rien à ceux qui ont suivi toutes les saisons et la plupart des épisodes de cette saga glauque qualifiée de “chasse aux sorcières” par certains.
Mais il est révélateur par sa mauvaise foi, ses omissions, et il est évident que l’objectif final de cet exercice était de mettre une chape de plomb sur toutes les accusations qui n’ont pas déjà abouti à une condamnation, et de blanchir en lot les VIP.
Le rapport qui enfonce les portes ouvertes
Les auteurs dudit rapport constatent “l’incapacité de reconnaître les abus, le fait de fermer les yeux sur ceux-ci, d’étouffer des accusations et d’activement protéger des auteurs de haut rang, dont des politiciens“.
C’est exactement ce que disent les victimes depuis 8 ans bientôt, mais étrangement beaucoup d’entre elles se sont retrouvées poursuivies et condamnées pour avoir osé dénoncer des “gens biens”.
Ce rapport s’inscrit dans le cadre habituel de tout débat sur le sujet : les VIP ne sont pas dans des réseaux pédocriminels.
Les arabes, oui : depuis l’affaire Savile, des dizaines de réseaux de prostitution de mineures (des filles désormais) organisés par des “membres de communautés du Moyen-Orient” (Pakistan, Afghanistan principalement) sont tombés alors qu’ils étaient eux aussi dans l’impunité depuis des lustres.
Donc le rapport précise qu’il n’y a pas de “complot” des VIP pédophiles, même politiciens et bien placés, même quand ils ont fait disparaître des dossiers, pour parvenir à ce résultat : aucun politicien pédo n’a été condamné depuis 8 ans.
Non, il n’y a pas de “réseau pédophile de Westminster organisé”. Doit-on comprendre qu’il n’est pas organisé, ou qu’il n’y en a pas ?
En fait, selon les stars qui ont rédigé ce truc, c’est seulement par “déférence” envers la fonction de député, ministre et compagnie que ces types ont étouffé des histoires plus sordides les unes que les autres, dans lesquelles il pouvait être question d’orgies pédocriminelles et de meurtres d’enfants, quand ce n’était pas de messes noires.
Ce n’est pas une blague, c’est écrit dans ce document, qu’il faut conserver pour l’Histoire.
Le document (disponible ici) dit par exemple :
- Que la police se fichait comme d’une guigne du sort des enfants victimes. Avant, pendant et bien-sûr après les enquêtes.
- Les politiques étaient plus préoccupés par leur survie et celle de leurs congénères que par la protection des victimes. Et par la notion de justice, a-t-on envie d’ajouter.
- “Il y a de nombreuses preuves que des auteurs individuels d’abus sexuels sur des enfants étaient liés à Westminster. Cependant, il n’y a aucune preuve d’aucun ‘réseau pédophile de Westminster’ dans lequel des personnalités auraient conspiré pour s’échanger des enfants dans le but de commettre des abus sexuels“. Ce à quoi on a envie de répondre : quid des orgies décrites par divers témoins et victimes auxquelles participaient des ministres et députés, souvent de la droite thatchérienne mais aussi du Labour ? Quid des ministres qui ont fait disparaître des dossiers les impliquant, eux et leurs copains ? Quid de l’implication des renseignements dans l’organisation de certains bordels pédocriminels, pardon des orphelinats, comme le Kincora Boys Home à Belfast, les dossiers de Jersey, du Pays de Galles, l’orphelinat de Shirley Oaks, Islington, le Grafton Close Home ?
- Le rapport met en exergue la condamnation récente d’un témoin clé sur le réseau de Westminster, Carl Beech[3], affirmant qu’il est “le principal accusateur” (ce qui est tout à fait faux) du réseau en question. Sauf que ce qu’il a dit était recoupé par d’autres témoins et victimes qu’il ne connaissait pas. Et il a toujours dit qu’il n’avait pas menti.
- Des leaders politiques ont bloqué et fait disparaître des dossiers concernant divers VIP, surtout des politiques. Par exemple, Peter Morrison (ex secrétaire de Thatcher)[4] et Cyril Smith ont été “protégés des poursuites de nombreuses manières, notamment par la police, le directeur des poursuites publiques et des partis politiques“. Et effet : 144 plaintes ont été déposées contre Cyril Slmith et classées sans suite[5], et il est aussi question de meurtres d’enfants dans des orgies où Smith était présent.
- Le rapport revient sur le Paedophile Information Exchange (PIE), un lobby pédophile créé dans les années 70 qui défendait l’ “abolition” de l’âge de consentement (la majorité sexuelle). Le PIE était parfaitement toléré[6] et a été financé par le Monday Club, un groupuscule à la droite du parti conservateur, et même par le Home Office, le ministère de l’Intérieur. Plusieurs de ses membres étaient des politiciens conservateurs, comme Peter Hayman ou Peter Righton, qui était le ponte de la protection de l’enfance et conseillait le gouvernement en la matière. Malgré un lobbying intensif auprès des députés, la commission d‘enquête estimé que ces efforts n’ont pas porté leurs fruits.
- L’inégalité de traitement par la justice selon que le coupable soit puissant ou non a été soulignée : “Nous avons eu la nette impression que le statut social et la richesse ont joué un rôle clé dans le fait qu’on ait évité aux auteurs d’abus sexuels sur les mineurs d’être renvoyés devant la justice, et que la pauvreté des victimes a amené les accusations d’abus sexuels à être prises moins sérieusement“. Un Etat de droit, vous dites ?
- L’affaire Elm Guest House : plusieurs pédos du parti conservateur allaient se détendre à Elm Guest House, cette maison d’hôtes du sud-est londonien transformée en bordel pour pédos VIP, qui a été active entre 1978 et 1982, jusqu’à une descente de flics “ratée” [7]. Les ados et mineurs qui y étaient exploités venaient pour la plupart des orphelinats alentours, qui étaient sous la responsabilité des arrondissements. Le couple de tenanciers du bordel a été condamné à quelques mois de prison, mais aucun client n’a été coincé. Un des jeunes qui y était prostitué alors âgé de 17 ans, a déclaré qu’avant la descente de 1982, deux flics sous couverture sont venus au bordel, ont eu une relation sexuelle avec lui et lui ont dit de ne pas dire la vérité à propos de ce qu’il savait. Finalement, les flics ont conclu qu’il n’y avait pas d’éléments corroborant les accusations. Quant à la liste des VIP qui fréquentaient le bordel, elle serait bidon d’après les flics, et cela a tout à fait convenu à la commission « d’enquête ».
Etouffoir contre victimes
Entre temps, le pays a eu une première ministre, Theresa May, qui a déclaré en 2010 que “les agresseurs sexuels, y compris les pédophiles devraient pouvoir adopter” [8].
Dès sa nomination, de nombreux observateurs avaient compris qu’il était temps de remettre le couvercle sur le scandale.
Et n’en déplaise à la rédaction de Libé, ce canard pro-pédos [9], il était bien question d’assouplir les lois qui leur interdisaient d’être famille d’accueil ou d’adopter de la chair fraiche, pardon des enfants.
Pour Helen Reece, une prof de droit de la London School of Economics qui allait totalement dans le même sens, si la pédophilie est grave, “le nombre de meurtres sexuels d’enfants est très bas“.
Et puis il y a eu l’affaire Saville et consorts.
Ce rapport confirme donc la réalité de l’objet de sa mission : l’étouffement des affaires, notamment les plus graves, dès qu’elles impliquaient du gratin politique, des renseignements ou du show biz.
Des demandes d’information et de documents sur les affaires liées à quelques types de Westminster ont été adressées au MI5, au SIS l’ex MI6, au service de communication du gouvernement, aux renseignements de la police notamment.
Relativement peu de documents sont parvenus à la commission ou lui ont été rendus accessibles.
On ne voit pas pourquoi les habitudes auraient changé alors que l’impunité règne toujours.
Certains documents étaient classifiés au plus haut niveau, comme au MI5.
Mais il apparaît tout de même d’après ce que la commission a pu voir que des personnalités étaient impliquées dans des agressions de mineurs, et que les renseignements le savaient.
Le MI5 a même produit un document disant comment il aurait traité aujourd’hui différents dossiers, histoire de rassurer les enquêteurs de la commission, qui n’en demandaient pas tant.
Par exemple dans le cas de Maurice Oldfield, qui fut le n°1 du MI6 et trainait au Kincora Boys Home à Belfast mais n’était repéré que pour des pratiques “homosexuelles” avec de jeunes domestiques quand il officiait en Asie, aujourd’hui les informations ne seraient pas planquées mais “transmises à la police”…
A l’époque, le seul souci du MI5 était de savoir si Oldfield était une cible potentielle de chantage.
D’après les “investigations” de la commission, aucun des documents fournis par les différents services n’a montré l’existence d’un “réseau pédophile de Westminster” ou de tentatives d’étouffer l’affaire.
Voilà ce que l’on veut faire comprendre à l’opinion publique.
Ainsi, pour les dossiers liés à Peter Haymon, Tom Drieberg, Peter Morrison, Léon Brittan, Charles Irving, Colin Peters[10], Anthony Lambton[11] et en fait tous les autres, les dossiers seraient aujourd’hui “transmis à la police”, selon le MI5.
Nous voilà rassurés.
Un chapitre entier du rapport est ensuite consacré à la “réponse de la police aux accusation d’abus sexuels sur les enfants à Westminster“.
Il y aurait eu au total 37 enquêtes sur les enquêtes de la police.
Mais finalement, les seuls à avoir été épinglés sont ceux qui ont travaillé sur le dossier Carl Beech et qui ont pris au sérieux ses accusations.
La commission explique qu’elle n’a pas refait ces enquêtes sur les enquêtes, mais que tout de même, dans certains cas il aurait fallu aller plus loin.
Par exemple d’anciens policiers de la brigade des moeurs dénoncent des enquêtes que leur hiérarchie leur a demandé de clore : une qui portait sur plusieurs politiciens pédos dont Cyril Smith, une autre sur du proxénétisme de mineurs organisé au bar de l’hôtel Hitlon de Park Lane par le directeur de l’établissement.
Le chef qui a fait stopper l’enquête a été vu peu après en grande conversation avec le gérant au bar de l’hôtel.
Ce chef, le Superintendant Neil Diver, a ensuite été rattrapé par une affaire de chèque en bois, alors qu’il était avec un mineur et n’a eu aucune sanction disciplinaire et encore moins judiciaire.
Il y a aussi eu l’enquête autour de Roddam Twiss, fils d’un amiral très connu des jeunes garçons prostitués de Londres[12].
Roddam était un escroc et était fortement soupçonné d’être aussi proxénète de mineurs.
Une surveillance a été établie, et les flics ont vu Cyril Smith arriver chez Roddam avec des “petits garçons”.
Roddam a de nouveau été entendu en 2018, au sujet des liens de son père avec un réseau pédophile de députés.
Une enquête qui a été close avant de commencer, dès que Cyril Smith a été cité dans le dossier.
Mais pas de chance, Twiss avait oublié les noms des politiciens impliqués dans ce réseau et qu’il ne les donnerait pas même s’il s’en souvenait.
Il aurait pu citer Peter Hayman, par exemple, avec qui il a participé à au moins une partouze pédophile.
Lors d’une opération sur la prostitution de mineurs à Picadilly Circus, les flics ont décidé de ne pas attraper de personnalités car ils savaient que l’enquête aurait été stoppée immédiatement.
Il apparaît aussi que, lorsque des policiers cherchaient à faire honnêtement leur travail, il était quasiment impossible de prouver que tel ou tel VIP a bien violé telle ou telle victime, à telle date à tel endroit.
Du coup, le dossier ne pouvait pas finir devant la justice.
De plus, certaines victimes sont revenues sur leurs accusations (généralement dans les médias), probablement à la suite de pressions puisque leurs identités n’étaient pas protégées.
Le système judiciaire, qui garantit tous les droits à la « défense » et pratiquement aucun aux victimes (comme chez nous) est très bien fait : les VIP peuvent toujours s’en tirer.
Les partis politiques et les “honneurs”
Une partie entière est consacrée à la réaction des “partis politiques” et de leurs directions aux accusations de violences contre les mineurs. Seulement trois exemples ont été étudiés :
- Le parti libéral de Jeremy Thorpe et surtout Cyril Smith. Membre du parti libéral de 1945 à 1950, passé au Labour jusqu’en 1966, Cyril Smith a été conseiller municipal, puis maire libéral de Rochdale de 1972 à 1992 quand il a pris sa retraite. Il a été anobli en 1988 et est mort en 2010. Dès 1969, une enquête a été ouverte sur son comportement avec les jeunes garçons [13]. Des leaders du parti ont été rapidement au courant de ces accusations, mais cela n’a pas du tout freiné l’ascension de Cyril Smith. Car les dirigeants du parti libéral n’ont cessé de nier les “rumeurs”. Surtout quand il était dirigé par Jeremy Thorpe, accusé lui aussi d’avoir agressé sexuellement et violé des mineurs.
- Le parti conservateur qui n’a rien fait dans de nombreux cas. Mais la commission s’est concentrée presque exclusivement sur le cas de Peter Morrison, député de 1974 à 1992 qui a occupé diverses fonctions au gouvernement, et est mort depuis 1995. Autant dire que son cas n’est pas le plus polémique, mais soit. Là encore, le parti s’est empressé de ne rien faire. Parce que là encore il ne s’agissait que de “rumeurs”.
- Le parti écolo : ces faits sont étudiés dans un autre document car plus récents (2014).
On peut s’étonner que le Labour (les “socialistes” de Tony Blair notamment) ne soit pas dans la liste.
Quant aux honneurs distribués à tout-va aux pédos les plus influents, le rapport estime qu’aujourd’hui ce ne serait plus possible.
En effet, beaucoup des politiciens cités dans des dossiers de réseaux pédocriminels ont été anoblis ou ont obtenu une breloque.
Jimmy Savile a été reçu en 1971 à l’Ordre de l’Empire Britannique (l’équivalent de la légion d‘honneur), après plusieurs refus, a fini par être anobli en 1990 et il fallait l’appeler “Sir”.
Thatcher, sa grande copine avec laquelle il a passé 11 réveillons du nouvel an consécutifs, a tout fait pour qu’il obtienne son titre, malgré les avertissements répétés de son entourage sur les mœurs dudit Savile.
Cyril Smith a quant à lui été anobli en 1988, ce qui était très rare pour un député encore en activité, avec l’aval plein et entier des services de sécurité.
Ce document s’achève avec de belles perspectives : aujourd’hui tout a changé.
Aujourd’hui, les enquêteurs ne prennent plus ces affaires par-dessous la jambe et ne cherchent plus à les enterrer non plus.
D’ailleurs, ils font très attention aux victimes.
Quant au parlement, il agirait à la moindre rumeur pour prendre des mesures en cas de besoin.
Mais l’opacité règne toujours sur les procédures internes, notamment dans les partis politiques.
Tout le monde contacterait donc immédiatement la police au lieu d’étouffer l’histoire.
Voici quelques éléments de la conclusion :
“Nous avons entendu des témoignages de déférence manifeste et directe de la police envers des personnes puissantes, comme une décision consciente de ne pas arrêter ou enquêter sur quelqu’un en raison de son profil ou de sa position (…)
Cette enquête a fourni des preuves frappantes de la manière dont la richesse et le statut social protégeaient de la justice les auteurs d’abus sexuels d’enfants au détriment des victimes de leurs abus présumés. Un traitement préférentiel de ce type pourrait être caractérisé comme une forme supplémentaire de déférence (…)
Nous avons entendu d’une manière particulièrement frappante dans cette enquête comment la pauvreté et la situation défavorisée des victimes ont conduit à ce que leurs allégations d’abus sexuels sur des enfants ne soient pas prises au sérieux (…)
Une tendance constante qui s’est dégagée des témoignages que nous avons entendus est l’échec de presque toutes les institutions à accorder la priorité aux besoins et à la sécurité des enfants qui ont survécu à des abus sexuels“.
————————————–
Bref, tout ça pour ça a-t-on envie de dire.
Cinq ans pour en arriver à la conclusion que toutes ces victimes, toutes ces accusations, tous ces types incriminés, n’ont aucun fondement réel.
Mais que dans les deux ou trois cas où des VIP ont été condamnés, eh bien les manquements répétés dans les enquêtes et les procédures, la volonté de mettre sous le tapis les affaires gênantes, l’omerta et même les honneurs n’étaient dus qu’à un excès de « déférence ».
Pas de réseau pédocriminel, juste du copinage et de l’aveuglement.
Il est vrai que la justice a patiemment clos les différentes enquêtes et condamné ou fait taire les victimes les plus gênantes.
Les accusations de viols collectifs, de partouzes de politiciens, de meurtres d’enfants parfois ou même de rituels, rarement mais c’est arrivé, n’auraient donc été que des “rumeurs”.
C’est bien la théorie de ce rapport même si elle n’apparaît qu’en filigrane tout au long de ses 190 pages.
[1] Un bourgeois VIP, Charles Hornby, a été condamné en 75 pour avoir sollicité des rapports sexuels avec un mineur de moins de 21 ans. Horby s’en est bien tiré car il était carrément proxénète et fournissait ses copains en chair fraiche, selon l’une des victimes, un certain Anthony Daly. Daly a écrit un livre et raconté les orgies pédocriminelles auxquelles il a dû participer.
[2] En janvier 2020, Tom Watson a finalement été forcé de s’excuser pour avoir “été trop proche” de la question des abus sexuels sur les enfants, et surtout pour avoir cru Carl Beech.
[3] Carl Beech, 51 ans, a été condamné cet été pour fausses accusations. Pourtant, l’équipe de policiers l’a cru et avait pu avancer sur l’enquête. Quand le coût des investigations a été pointé (2 millions de livres à cause de lui, disent certains médias), en même temps qu’une contre-offensive médiatique, et les enquêteurs comme les témoins ont été discrédités. Il avait principalement accusé Harvey Proctor de viols et aussi du meurtre d’un enfant.
[4] Sir Peter Morrison était député conservateur entre 1974 et 1992, et a plusieurs fois occupé des fonctions gouvernementales. Pendant toutes ces années, il y a eu des rumeurs selon lesquelles il appréciait “les petits garçons”. A la fin des années 80, il a été question de son interpellation dans un train pour avoir agressé sexuellement un ado de 15 ans, un dossier qui a disparu depuis. Mais, tous les efforts ont été mis à étouffer les rumeurs, pas du tout à faire une enquête, et les conservateurs se sont entendus avec le Labour de son fief de Chester pour ne pas évoquer les perversions de Morrison durant son dernier mandat. Malgré tout, il est devenu secrétaire privé de Thatcher en 1990 et a été anobli en 1991.
[5] Ce grand ami de Jimmy Savile a été dénoncé dès les années 60. Des enquêtes ont même été ouvertes, notamment dans les années 70quand il était maire de Rochdale. Il a pris sa retraite en 1992 et n’a jamais été poursuivi par la justice. Il avait aussi des liens avec le prédateur isolé mais en bande Sydney Cooke, soupçonné d’avoir tué plus d’une dizaine de mineurs avec sa bande de tarés.
[6] Le PIE a été créé en 1974 par un étudiant gay, comme un sous-groupe du Scottish minorités Group, et en 1975 son président a fait un discours pour défendre les “personnes aux tendances pédophiles” à la conférence de la campagne pour l’égalité des homosexuels. Ce qui a attiré d’autres associations ayant pignon sur rue, comme le National Council for Civil Liberties (NCCL) et l’Albany Trust qui fournit des psychothérapies et conseils aux gays qui ne peuvent pas se le payer), et se sont rapprochés du PIE. En 1976 il a lancé son magazine, rebaptisé Magpie, pour faire la promotion de la pédocriminalité, puis il s’est lancé dans un lobbying auprès des députés.
[7] Une vingtaine de personnes ont été arrêtées, dont le couple de tenanciers, mais aucun VIP. L’enquête n’aurait permis d’identifier qu’une seule victime, un garçon de 10 ans pour lequel un signalement a été fait à la police. Le gamin avait parlé d’un “oncle Leon” qui était politicien comme étant un des violeurs. Selon un travailleur social présent lors de l’audition, ces éléments n’ont pas été consignés, ce qui a permis aux enquêteurs de conclure qu’il n’y avait “rien de probant” dans ce dossier.
[9] Cf. par exemple les tribunes des pédocriminels patentés et revendiqués dans leurs colonnes dans les années 70 et 80.
[10] Peters, diplomate, a été coincé en 1967 en Italie pour avoir agressé trois garçons et a admis avoir commis des « actes homosexuels ».
[11] La police a informé le MI5 en 1973 d’une vidéo le montrant en activité sexuelle avec un garçon. Il est tombé cette année-là pour un volet de l’affaire : avoir sollicité des prostituées, dont le mac faisait aussi dans la prostitution de mineurs.
[12] En 67 Twiss a été condamné pour avoir agressé, frappé et attaché des garçons de 11 ans. Il a aussi loué un appartement à Lennie Smith, un autre pédo prolifique de la bande de Sydney Cooke qui a assassiné au moins cinq garçons. Mais les enquêteurs de l’époque ignoraient ce CV.
[13] Cyril Smith, qui a toujours vécu avec sa mère, a obtenu son premier mandat à 23 ans en tant que conseiller municipal, en 1953. L’enquête dont il est question portait sur des accusations d’agressions sur huit adolescents entre 1961 et 1966, six d’entre eux étant résidents du Cambridge House Hostel, une résidence pour garçons que Smith avait contribué à créer, et ont subi les assauts de Smith dans la résidence.
Le dossier a été envoyé au procureur qui a décidé de ne pas poursuivre. Mais le parti libéral, cette fois comme les suivantes, n’a pas réagi. La commission s’est concentrée sur ce fait et n’a jamais mentionné les 144 plaintes concernant Smith, accumulées en 40 ans. Comme quoi, on n’a pas changé d’époque.
Source : Donde Vamos
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