Dives-sur-Mer | Un père incestueux condamné à deux ans de prison

L’adolescente s’était confiée à sa mère qui lui avait demandé de ne rien dire à personne « pour qu’il n’aille pas aille en taule »

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Âgée à l’époque des faits de 14 ans, une femme assure avoir subi près de 200 attouchements imposés par son père quand elle était âgée de 14 ans. Baisers sur la bouche, caresses sur la peau, pénétrations digitales et tentative de pénétration sexuelle, le pédocriminel ne sera condamné que pour agressions sexuelles.
L’homme a été condamné à deux ans de prison.
Une adolescente soi-disant provocante, la mère qui doute de sa parole et le prévenu qui n’aurait pas eu conscience de faire du mal : les arguments avancés par le père de famille, âgé de 62 ans, comptent parmi ceux évoqués régulièrement lors des procès pour agressions sexuelles – incestueuses ou non – sur mineurs.
A la fin de l’audience, le sexagénaire a admis :

« Si elle le dit, c’est que c’est peut-être arrivé ».

Aujourd’hui mariée et mère de famille depuis 2 ans, la victime, âgée de 14 ans à l’époque, estime avoir eu à subir près de 200 agressions sexuelles – dont des pénétrations digitales – imposées par son père âgé à l’époque de 51 ans.
Les faits se sont déroulés en l’absence de sa mère.
Il aura fallu attendre le mois d’octobre 2014 pour que la victime née en 1995 porte plainte pour dénoncer des faits qui avaient commencé en juillet 2009 dans sa chambre ou celle de ses parents.
Ils s’étaient prolongés jusqu’à fin août 2010 dans le camping de Vendée où la famille avait posé sa caravane pour une quinzaine de jours.
Les attouchements qui se déroulaient à une fréquence de 3 à 4 fois par semaine à la maison s’étaient brusquement répétés jusqu’à atteindre 4 à 5 par jour pendant ces deux semaines de vacances.
À son retour en Normandie, et sans qu’il puisse en donner la raison, le père n’avait plus jamais recommencé.
Dès le début des attouchements – qualifiés de « normaux » par le quinquagénaire -, l’adolescente s’était confiée à sa mère. Celle-ci ne l’avait d’abord pas crue puis, ensuite, elle s’était dite « surprise » par l’attitude de son mari.
Entendue par les gendarmes, elle avait fini par admettre qu’elle avait eu conscience de ce qui avait pu se passer car, lorsqu’elle avait une « embrouille » avec son père, l’adolescente le menaçait de porter plainte contre lui.
Finalement, la mère lui avait demandé de ne rien dire à personne « pour qu’il n’aille pas aille en taule », sans compter qu’elle-même pourrait être considérée comme sa complice.
C’est ainsi que pendant plus d’un an, la victime a subi des sévices énumérés dans la salle d’audience : baisers sur la bouche, caresses partout sur la peau, pénétrations digitales et tentative de pénétration sexuelle.
En effet, son père lui avait demandé de faire avec lui ce qu’elle faisait avec son petit ami.
Mais devant son refus, il n’avait pas insisté. Le sexagénaire aura peut-être appris lors de son procès que l’adolescente n’avait pas de rapports sexuels à l’époque avec celui qui deviendra son mari quelques années plus tard.
Le père de famille avait lancé aux enquêteurs en juin dernier :

« Elle m’en a mis vachement sur le dos ».

Après avoir nié les faits, il avait essayé de se dédouaner. Il avait précisé que « ça » ne lui avait jamais procuré de plaisir, et avait minimisé la fréquence et la gravité des attouchements.
Il avait conclu que sa fille « à qui il portait une grande affection » était « sans doute en manque » à l’époque.
Debout à la barre du tribunal de Lisieux, à quelques pas de sa victime assise sur le banc des parties civiles, le prévenu ne l’accuse pas de mentir mais il persiste à prétendre qu’il n’a aucun souvenir.
La présidente lui demande néanmoins s’il a embrassé sa fille sur la bouche ?

« Une fois ou deux, mais pas plus ».

Quant aux autres attouchements, dont il a à répondre, il affirme que s’il les avait commis, il s’en souviendrait.
La magistrate continue toutefois l’interrogatoire :

« Lui avez-vous touché les seins, les fesses, le sexe ? »
« Je crois ».
« Avez-vous mis votre doigt dans son sexe ? »
« Non ! C’est pas possible. »

Il se reprend :

« Peut-être ».

Et d’ajouter :

« Elle a une sacrée mémoire pour se souvenir de tout ça ».

La présidente lui demande :

« Vous savez pourquoi elle se souvient si bien ? »

L’homme, décrit par les experts comme étant frustre et immature, souffrant d’un léger déficit intellectuel, répond :

« Oui, parce que c’est la victime ».

Le sexagénaire a été condamné à trois ans de prison dont un avec sursis.
Il devra se soumettre à un suivi socio-judiciaire pendant 5 ans et verser 18 000 € à sa victime pour la souffrance endurée, 3000 € pour son préjudice moral et 1000 € pour ses frais d’avocat.
 
Source : actu.fr

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