Dinard | Un homme de 41 ans détient plus de 500 000 images et vidéos pédopornographiques

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Avec des caméras espions, il avait filmé ses deux petites nièces dans leur salle de bains
Une histoire effrayante et une enquête aux surprises stupéfiantes. Un voyeur qui détenait près de 500 000 images pédopornographiques, zoophiles, de personnes dénudées sur la plage dont 230 000 qui proviennent de caméras espions avec des personnes prises dans leur intimité, dans des cabines de sauna.

Le 29 septembre 2018, une mineure, commis de cuisine dans un hôtel-restaurant de Dinard, prend sa douche dans l’espace personnel féminin après son service. Elle découvre une désagréable surprise. Une microcaméra est installée sous le papier peint qui est en train de se décoller.

Elle se saisit de la caméra et en parle au patron qui se dit très surpris. De fil en aiguille, elle se renseigne auprès de plusieurs personnes jusqu’à cet homme de 41 ans, second de cuisine et collègue de la jeune fille. Il reconnaît immédiatement avoir posé cette caméra. La jeune fille dépose plainte.

Le lendemain matin, il se présente de lui-même à la police municipale de Dinard pour se dénoncer de faits de voyeurisme. Il était présent devant le tribunal correctionnel de Saint-Malo le jeudi 10 juin 2021. Mais l’histoire ne s’arrête pas là.

230 000 images de caméras espions

À son domicile, sont saisis un téléobjectif surpuissant, deux ordinateurs portables, trois disques durs, cinq cartes SD, avec à l’intérieur « un florilège de photographies toutes aussi répugnantes les unes que les autres », selon la présidente du tribunal.

Près de 500 000 images et vidéos pornographiques, pédopornographiques, zoophiles, de personnes dénudées sur la plage dont 230 000 qui proviennent de caméras espions avec des personnes prises dans leur intimité, dans des cabines de sauna.

« Et vous continuez dans le glauquissime puisque parmi l’exploitation de ces vidéos on découvre vos 2 nièces chez leurs parents, dans leur salle de bains, dans leur intimité. »

Présent pendant 8 mois, entre janvier 2017 et janvier 2018, au sein du foyer de son frère et de sa belle-sœur il avait installé des caméras dans la salle de bains de ses jeunes nièces. Elles étaient présentes sur le banc des parties civiles, accompagnées de leur mère.

« Comment elles font maintenant pour rentrer dans leur salle de bains ? »

La présidente du tribunal lui demande des explications.

« J’ai été en arrêt maladie pendant 2 ans. J’ai commencé à regarder des photos et je suis parti dans le voyeurisme. J’ai commencé par de la pornographie puis des photos et vidéos d’enfants ».

Déclaration du prévenu.

Puis, il reconnaît :

« avoir poussé le bouchon un peu trop loin ».

« Mais je n’irai jamais violenter, tuer ou violer un enfant »,

ajoute-il.

« Vous ne croyez pas que c’est ce que vous faites ? Ces petits enfants de 2 ans qui se font pénétrer par un sexe adulte et qui crient de douleur »,

rétorque la juge.

Elle continue :

« Vos deux nièces qui vont dans leur salle de bains, dans leur intimité ou ce n’est déjà pas évident de faire avec son corps à l’adolescence et qui savent que tonton les regarde. Comment elles font maintenant pour rentrer tranquillement dans leur salle de bains ? »

Le prévenu répond :

« C’est sûr qu’elles sont traumatisées, je reconnais. À l’époque je n’y avais pas pensé ».

 

« Je ne fais plus ce type de recherche »

Orphelin, il a été adopté durant son jeune âge. Selon l’expertise psychologique « il a vécu une enfance compliquée ».

Mais « ce n’est pas une excuse ni une échappatoire »,

souligne la juge.

Célibataire solitaire, privé de vie sexuelle, il a centré sa vie sur son métier et a connu une seule relation sérieuse.

« Vous n’avez jamais pensé à vous faire aider ? »,

demande l’assesseur de la présidente du tribunal.

« Non »,

acquiesce-t-il.

« Comment vous faites pour ne plus regarder ? »,

ajoute-elle.

« J’ai fait la part des choses. Depuis les événements j’ai pris l’initiative de voir un psychologue et je ne fais plus ce type de recherche. »

 

« Contre toute attente le père ne porte pas plainte »

 

Le frère du prévenu, père des 2 jeunes filles, entend les aveux de son frère et est ensuite auditionné dans le cadre de l’enquête.

« Et là, c’est l’apothéose »,

annonce la juge.

« Contre toute attente le papa ne porte pas plainte ».

Elle lit le procès-verbal :

« certes ce sont mes filles, mais je ne veux pas qu’elles soient informées pour les protéger. Mon frère est courageux, il est allé voir un médecin mais ce médecin n’est pas sympathique, il est très froid, donc ce n’est pas facile de lui parler ».

Des propos qui questionnent fortement la présidente :

« on ne va pas dire que le père est très aidant avec ses filles… »

 

Une belle-sœur jamais entendue par la justice

La maman des 2 filles, belle-sœur du prévenu, n’a elle, jamais été entendue dans ce dossier.

« Je n’ai jamais été informé. Je n’existais pas ».

Elle s’est constituée partie civile.

« C’est une erreur de notre part. Une erreur qui a pu être réparée aujourd’hui »,

admet la juge.

Un mauvais secret de famille jamais élucidé, jusqu’au jour ou la justice est intervenu.

« J’ai dû l’annoncer à ma mère, ma petite sœur, mon copain »,

détaille brièvement la jeune fille.

« Vous imaginez le choc ? »,

demande la présidente du tribunal au prévenu.

« Oui j’imagine… Je regrette, je suis sincèrement désolé, je sais que c’est irréparable ».

« Pour mes filles mais aussi pour toutes les autres victimes »

La mère, présente sur le banc des parties civiles en compagnie de ses filles, a tenu à témoigner avec dignité :

« Je l’ai toujours considéré comme mon beau-frère. Je lui ai fait confiance. Je n’aurai jamais pensé que ce serait possible. Il dit qu’il ne violera jamais. Mais apprendre par la justice qu’on a été filmé quand on est adolescente, qu’on n’est pas encore entré dans sa vie de femme, je pense que c’est un viol. Il faut se construire avec ça. J’ai souhaité me constituer partie civile en tant que mère, pour mes filles, mais aussi en tant que femme pour toutes les autres jeunes filles victimes. »

La belle-soeur du prévenu et mère des 2 filles.

 

6 mois ferme aménageable

Pour la substitut du procureur de la République, c’est « un profil extrêmement inquiétant ».

« Ce sont des faits graves et il faut prendre des garanties nécessaires pour l’avenir et le garder à l’œil judiciairement. »

Elle requiert une peine de 18 mois d’emprisonnement dont 12 mois avec sursis probatoire pendant trois ans.

Une peine entendue et approuvé par le tribunal avec des obligations : travailler, se soigner et indemniser les victimes.

La peine de 6 mois ferme est aménageable sous la forme d’un bracelet électronique. Il est également inéligible pendant trois ans, a l’interdiction d’exercer une activité en contact avec des mineurs pendant 5 ans et est inscrit au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (fijais).

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