Dijon | Du sursis pour ce prof amateur de vidéos pédo porno

Il ne pourra plus être professeur.

Le tribunal de Dijon condamne à trois ans de prison avec sursis un professeur de physique chimie du lycée de Brochon (Côte-d’Or).

Cet homme de 45 ans a été reconnu coupable d’avoir téléchargé durant un an et demi sur ses ordinateurs personnels plus de 140.000 images et vidéos pédopornographique, mettant en scène des enfants de 4 à 16 ans.

Il n’y a jamais eu d’agression sur ses élèves, mais cet enseignant a désormais une interdiction à vie d’exercer une activité en lien avec les mineurs, même à titre bénévole.

Il a aussi une obligation de soins psychiatriques.

Tentative de suicide

Le tribunal a jugé cet homme en son absence.

“C’est moi qui lui ai demandé de ne pas venir” lance son avocat, maître Jean-Baptiste Gavignet.

“Il reconnait ses torts, en garde à vue il a même déclaré

“Je me sens coupable, monstrueux, je me dégoute.”

Mais après une première comparution devant ce tribunal qui a fait l’objet d’un renvoi, son nom a été mentionné sur un certain site de presse et des réseaux sociaux.

Il a fait une tentative de suicide en absorbant plus de 150 cachets d’anxiolytique et des doses massives d’alcool. Il a été découvert inanimé par sa compagne et a frôlé la mort.

Cela l’a conduit durant deux mois en hôpital psychiatrique.

“Il ne conteste rien, mais l’amener devant ce tribunal, c’est prendre le risque d’un nouveau passage à l’acte. Voulons-nous avoir un décès sur la conscience ? Moi je ne l’admettrai pas” lance maitre Gavignet.

Le tribunal a donc accepté de juger ce dossier sans entendre son principal protagoniste. D’une voix douce, sans jamais hausser le ton, maitre Gavignet dresse le portrait de son client : un homme au casier judiciaire vierge**, professeur depuis 11 ans dans ce lycée , mais de “nature pessimiste sur la vie, reconnu bipolaire, avec des tendances suicidaires affirmées dès l’âge de 19 ans.”

“C’est quelqu’un qui souffre et qui va chercher à s’épuiser pour se fuir ” plaide Jean-Baptiste Gavignet. “Alors le mardi soir, quand sa compagne n’est pas là, il s’alcoolise et part sur des sites pornos, avec des limites qu’il va repousser. Il télécharge des fichiers illégaux par centaines sans forcément les regarder car il y en a trop. Le lendemain, il a honte, il efface tout… mais recommence la semaine d’après car les fichiers ne sont plus là.”

“C’est une industrie de la souffrance et de la violence, il ne peut pas l’ignorer”

C’est cette fréquence de téléchargement qui alerte les policiers spécialisés dans la cybercriminalité. Et c’est cette fréquence que la procureure pointe du doigt

“De mai 2023 à novembre 2024 , on dénombre 142.435 téléchargements dans un système de “pair à pair” , ce qui veut dire que les fichiers reçus sont aussitôt repartagés sur le Net. Cela donne une moyenne de 5.500 images et vidéos par mois. Et quand on se réfère au moteur de recherche, on voit qu’il ne s’agit pas seulement d’adolescentes de 13 à 16 ans, mais aussi d’enfants de 4, 7 ou 11 ans.”

“Il y a une industrie derrière tout cela, de la souffrance et de la violence entretenue par les personnes qui achètent et partagent ces vidéos, et ce professeur titulaire d’une thèse de doctorat est un homme intelligent qui ne peut pas ignorer cela.”

Déclare la représentante du Ministère public qui réclame trois ans de prison, dont deux ans avec sursis.

Le tribunal sera plus clément et prononce une peine de trois ans de prison avec sursis, assortie d’une peine de probation de 3 ans, et d’une obligation de soins psychiatriques.

Le professeur déjà suspendu par l’Éducation Nationale ne peut désormais plus exercer.

Il est aussi inscrit au fichier des délinquants sexuels.