Dieppe | Un récidiviste écope de 5 ans de prison ferme pour agressions sexuelles sur des fillettes
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
non
- 18/11/2022
- 16:28
« Ce n’est pas de ta faute. Tout est de ma faute »,
, lance le prévenu de 29 ans à Jade (*), 13 ans, au palais de justice de Dieppe mercredi 16 novembre 2022.
Blottie entre ses parents, la jeune fille vient d’autoriser le pédophile à s’adresser à elle.
Entre 2015 et 2016, âgée de 6 à 7 ans, l’enfant a été agressée sexuellement par celui qu’elle considérait comme son oncle.
À au moins deux reprises, l’homme qui avait entre 22 et 23 ans, a frotté son sexe contre celui de la fillette jusqu’à ce qu’il prenne son plaisir.
Et Jade n’est pas la seule victime : quatre ans plus tard, en 2019, l’homme a photographié nue Louise (*), âgée de 2 ans et demi, après lui avoir fait prendre des positions explicites.
L’année suivante, il a tenté d’introduire ses doigts dans le sexe et les fesses de cette fillette alors qu’elle était assise sur ses genoux.
Des faits reconnus
« Dès votre première audition, vous allez reconnaître les faits »,
relate la présidente.
Les parents de Louise avaient confiance en lui.
« Cela vous arrivait de garder leur fille. L’enfant vous appréciait beaucoup, ainsi que votre compagne. »
Au moment de l’agression, tout le monde était serré dans un canapé. Une couverture était posée sur la petite et le prévenu :
« J’avais froid »
affirme le prévenu, niant toute préméditation.
Son domicile, près de Dieppe, a été perquisitionné. Son ordinateur et ses téléphones ont été saisis.
« Le technicien y a trouvé du matériel pédopornographique »,
résume la présidente.
« En l’occurrence, 45 photos dans l’ordinateur et un lien renvoyant vers un fichier vidéo, huit clichés dans un téléphone et des miniatures de fichiers vidéos. »
Une fillette en photo
La maman de Louise « va reconnaître sa fille sur des photos »,
poursuit la juge.
Les investigations révèlent qu’aucun traumatisme apparent n’a frappé la très jeune enfant, pour le moment.
Il n’en est pas de même pour Jade. La juge rapporte qu’« elle a changé de tenue vestimentaire, s’est coupé les cheveux très court, a adopté une posture masculine et veut même devenir un garçon. » Elle a aussi dû être hospitalisée.
« J’avais envie d’être ici. Je voudrais vous expliquer comment j’ai réussi à me reconstruire,
témoigne la jeune fille.
Pendant cinq ans, j’ai souffert. Aujourd’hui, j’en fais une force.
Ce n’est pas parce que cela m’est arrivé que je ne dois pas être heureuse. »
Sa maturité émeut.
Un récidiviste
Le prévenu, tête basse, pleure. En 2019, il avait été condamné à deux ans de prison ferme – exécutés avec un bracelet électronique – à la suite d’agressions sexuelles sur d’autres mineures. D’après les expertises, « vous êtes un pédophile », tranche la présidente. Il avait lui-même été abusé dans son enfance.
Mais le procureur de la République n’est pas rassuré :
« Invoquer les pulsions, cela me paraît insuffisant. Ma conviction est qu’il présente toujours un danger. »
Il se trouve d’ailleurs en détention provisoire depuis le mois de novembre 2021.
« Pour moi, le traitement inhibiteur de libido qu’il prend actuellement ne sera utile que le temps de la détention. »
Il requiert notamment six ans de prison ferme assortis d’un suivi sociojudiciaire durant vingt ans.
Un malade
L’avocate du prévenu prend ensuite la parole :
« Monsieur pense lui-même qu’il est un monstre.
Il n’a jamais été dans le déni, il n’a jamais tenté de minimiser. »
Elle évoque « une enfance compliquée, un père totalement absent, violent, alcoolique, et une mère défaillante. » Elle en est persuadée :« Monsieur est malade. »
Le prévenu conclut :
« J’ai conscience du mal que j’ai pu faire. J’ai tout détruit.
Je ne veux plus faire de mal à personne. »
Le tribunal judiciaire le condamne finalement à cinq ans de prison ferme avec maintien en détention. Il écope d’une interdiction définitive de toute activité en lien avec des mineurs et d’une inéligibilité pendant cinq ans.
À sa sortie de prison, il devra effectuer un suivi socio-judiciaire pendant dix ans et ne plus jamais entrer en contact avec ses victimes, sous peine de retourner trois ans sous les verrous.
Son nom sera également inscrit au Fijais (Fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes).
(*) Le prénom des victimes a été changé
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