Corbenay | Un homme condamné à de la prison ferme pour agressions sexuelles sur 4 ados

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“Je sens encore ses mains sur mon corps. Alors, je me griffe, comme pour les enlever”
Un homme de 52 ans a été condamné à cinq ans de prison dont trois années fermes par le tribunal correctionnel de Vesoul jeudi 6 juin 2024. Il a été reconnu coupable d’agressions sexuelles commises à Corbenay sur quatre jeunes filles mineures dont sa belle-fille.

Elles ont éclaté en sanglots à l’annonce du jugement.

Quatre jeunes femmes âgées aujourd’hui de 17 à 24 ans, “enfin reconnues victimes.”

Jeudi 6 juin, le tribunal correctionnel de Vesoul condamne Pascal P., Haut-Saônois âgé de 52 ans, a cinq ans de prison dont trois ans fermes.

L’homme est reconnu coupable d’agressions sexuelles commises entre 2016 et 2019 sur quatre jeunes femmes, âgées de 12 ans pour trois d’entre elles et de 16 ans pour la dernière au moment des faits.

Des agressions sexuelles commises sur sa belle-fille et des amies à elle

En mai 2020, Sophie M. dépose plainte pour sa fille Imen alors âgée de 13 ans.

L’adolescente raconte à sa mère que Pascal P., un ami de la famille, lui a “touché les seins et les fesses” à plusieurs reprises alors qu’elle venait rendre visite à son amie du même âge, Lauréana, qui n’est autre que la belle-fille de l’homme.

Au cours de l’enquête, Imen racontera qu’à l’occasion d’un barbecue organisé chez Pascal P. à Corbenay, il l’aurait entraîné dans une pièce servant de débarras.

Il lui déclare alors “qu’elle devrait s’intéresser aux hommes” avant de baisser son pantalon et d’obliger la jeune fille à toucher son sexe.

“Il me tenait et m’a forcé à le toucher”, déclare-t-elle alors aux enquêteurs.

J’ai tourné la tête pour ne pas voir ce que je faisais. Il m’a empêché de crier.”

Imen détaille ainsi cinq mois d’agressions sexuelles et de paroles déplacées.

Un soir, l’adolescente se rend chez son amie Lauréana et prévoit d’y passer la nuit.

Pascal P., lui aurait alors glissé :

 “Si tu veux me voir tout nu, tu peux venir me voir dans la nuit.”

Après cela, Imen prendra ses affaires et inventera une excuse pour finalement rentrer chez elle.

En mai 2020, lorsque sa maman porte plainte, Imen l’alerte alors de l’existence possible d’autres victimes, à commencer par Lauréana, belle-fille de Pascal P et de Manon F., une autre amie des deux adolescentes.

Lauréana et Manon décrivent alors les mêmes agressions que celles subies par Imen et se décident à leur tour de porter plainte en juin 2020.

Manon racontera alors aux enquêteurs toutes les fois où Pascal P. lui a touché les seins, les fesses et le sexe.

Lauréana, qui vivait elle sous le même toit que lui, expliquera que les agressions avaient toujours lieu lorsqu’ils n’étaient que tous les deux à la maison.

“Il venait me voir quand je me douchais, pour me toucher les fesses ou alors dans ma chambre, quand je m’habillais. Il disait toujours ‘ne le dis à personne, c’est notre secret.”

L’agression subie par Imen, le jour du barbecue en 2019 ? Lauréana s’en souvient très bien.

“Je l’ai vu emmener Imen et refermer la porte derrière lui. J’ai entendu mon amie crier.”

Une autre agression sexuelle, commise sur la fille de son ex-compagne

Pascal P., est placé en garde à vue et envoyé ensuite en prison le 26 juin 2020.

Sa femme reçoit alors un coup de fil d’une amie du couple et ex-compagne de Pascal P., qui vient prendre des nouvelles de la famille.

L’épouse de Pascal P. lui raconte alors que son mari est en prison, pour des faits d’agressions sexuelles.

Après avoir raccroché, l’amie du couple relate la conversation qu’elle vient d’avoir à sa fille, Ophélie.

Immédiatement, l’adolescente lui répond :

“Moi, les filles, je les crois. Moi aussi, j’ai été agressée par lui.”

Ophélie raconte alors aux enquêteurs avoir été agressée sexuellement par Pascal P. en 2016, soit trois ans avant les autres victimes, au cours d’un baptême.

Pendant le repas, Pascal P. suit Ophélie dans la cuisine et la bloque au niveau des épaules et passe sa main entre ses jambes.

 “Je me suis débattue et me suis enfuie”, explique-t-elle.

“Tout est faux, jamais je n’aurais pu toucher des gamines”

Les faits sont ainsi relatés par la présidente du tribunal. Pascal P., s’avance à la barre sans un regard pour les quatre victimes présentes dans la salle.

 “Jamais je n’aurais touché des gamines. C’est un complot. Non, je ne suis pas porté sur le sexe. Même après avoir bu de l’alcool je n’aurais pas fait ça.”

Pour se défendre, Pascal P. explique être une victime et que beaucoup de gens ont des problèmes avec lui.

Selon lui, ces personnes auraient monté la tête aux filles pour “le faire enfermer”, dit-il.

Concernant sa belle-fille, Lauréana, il affirme qu’elle ment et que son seul but est que sa mère le quitte.

“Je suis là pour être reconnue en tant que victime”

Imen, Manon, Lauréana et Ophélie.

Elles ont toutes souhaité s’exprimer à la barre.

Imen s’avance la première.

“Depuis ces agressions, je suis suivie par des psychologues. J’ai un trouble de stress post-traumatique. Je pense que j’ai eu du courage à porter plainte. Aujourd’hui, je suis là pour être reconnue en tant que victime.”

La jeune femme, aujourd’hui âgée de 17 ans, a la voix posée, mais assurée jusqu’au moment où elle évoque ses tentatives de suicide, six en deux ans.

“Je prends des anti-dépresseurs quotidiennement. Quand je me douche, quand je suis dans mon intimité, je sens encore ses mains sur mon corps. Alors, je me griffe, comme pour les enlever.”

Lauréana prend la parole à son tour, très touchée par les accusations de son beau-père.

“Non, je n’ai jamais voulu que ma mère le quitte. Mon père est mort quand j’avais trois ans. Pour moi, mon papa, c’était Pascal. J’ai toujours voulu le bonheur de ma mère.”

L’adolescente évoque ensuite sa peine, le jour où les services sociaux sont venus la chercher à l’école pour la placer dans une famille d’accueil.

Aujourd’hui, elle ne voit sa maman que toutes les six semaines.

Une femme, qui continue à défendre, coûte que coûte, son mari.

Pour Manon aussi, la douleur est encore vive.

La jeune femme de 17 ans aujourd’hui a dû être placée en foyer, touchée de plein fouet par une grosse dépression.

 “Je prenais des douches brulantes tout le temps. Je n’arrivais pas à me regarder dans une glace, je me sentais sale. J’ai fait un séjour en pédopsychiatrie à Vesoul pendant plusieurs mois. Je me brulais la peau. Je ne mangeais plus. C’est comme si on m’avait tué de l’intérieur.”

Ophélie s’avance la dernière à la barre. La jeune femme a 23 ans aujourd’hui.

 “Cette agression a eu un impact sur ma construction en tant que femme. Je refusais que mon petit copain me touche. Pascal P. a été le premier homme à poser ses mains sur moi.”

Ophélie a la voix qui tremble. Elle s’arrête un moment… puis souffle :

 “Je regrette de ne pas en avoir parlé plus tôt. Si je l’avais fait, les filles n’auraient pas été agressées à leur tour quelques années plus tard.”

Pascal P., un homme décrit comme paranoïaque et colérique

Interrogé par des experts, Pascal P. est décrit comme un homme paranoïaque, qui a tendance à se placer en victime.

Est aussi évoqué, son côté colérique.

“Un profil dangereux”, invoque le procureur qui réquisitionne une peine de cinq ans de prison dont trois ans fermes.

Le jugement, en ce sens, est prononcé en l’absence de Pascal P., qui n’est pas revenu après la suspension de séance.

 

Charlotte Schuhmacher

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