Cleuville | Un pédocriminel de 56 ans condamné à 14 ans de prison

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Un habitant du Pays de Caux, âgé de 56 ans, a été condamné mardi 10 novembre à 14 ans de prison
© Tendance Ouest Rouen
Terribles, abjectes, sordides, parfois insoutenables. Les qualificatifs ne semblent pas assez forts pour décrire les propos des victimes de Michel P.

Ces jeunes garçons, dont certains sont encore mineurs, se sont succédé vendredi 6 novembre à la barre de la cour criminelle de Rouen, pour le deuxième jour d’un procès qui se poursuit jusqu’au mardi 10 novembre.

Ils ont eu le malheur de passer entre les griffes de ce pédophile, désormais âgé de 56 ans et qui habitait dans le petit village tranquille de Cleuville, en plein cœur du pays de Caux.

L’homme reconnaît avoir abusé de sept enfants, entre 2008 et 2015.

La simple décence interdit de narrer ce qu’il leur a fait subir.

L’accusé a assouvi ses pulsions sexuelles et malsaines à son domicile, dans des bâtiments, dans un garage ou même dans les toilettes d’une salle des fêtes lors d’une fête de mariage.

Pour faire taire ses proies, il jouait de son statut d’adulte, de la crainte qu’il pouvait inspirer, n’hésitant pas à faire des cadeaux.

Comme une trop triste récompense.

Ses victimes, elles, longtemps, n’ont pas osé parler.

Trop jeunes au moment des faits, elles n’ont parfois pas compris ce qui leur arrivait.

Michel P. , la veille, jeudi 5 novembre, est revenu, versant des larmes, sur sa propre jeunesse au cœur d’une famille de dix frères et sœurs.

Lui-même a subi les violences sexuelles de deux de ses aînés.

Il a commis, sous leur influence, des attouchements sur une de ses sœurs.

Quand il a trouvé du travail, l’homme a quitté le domicile parental et s’est même mis en ménage.

Avec sa compagne, ils ont eu deux filles.

Mais après la naissance de la seconde, un fossé s’est creusé dans le couple qui a fait chambre à part.

Le Cauchois a expliqué que ses pulsions sont nées après un accident de la route.

Un de ses frères était au volant. Lui était dans la voiture.

Un bambin de quatre ans a été renversé par le véhicule. Il est mort.

L’accusé n’en avait jamais parlé avant.

Ce funèbre épisode “lui aurait donné envie de tenir des enfants dans les bras”.

Mais il a fait bien pire que ça. Ses victimes en ont témoigné.

Le procès s’est poursuivi lundi 9 novembre avec le témoignage de l’ex-femme de l’accusé.

“Je n’ai rien vu du tout”, commence-t-elle son intervention à la barre alors que le président Jean-Yves Rouxel ne lui a pas encore posé de questions.

Elle a demandé le divorce pour ne plus porter le nom de son ancien mari.

Je lui en veux pour le mal qu’il a fait à ces enfants“.

Cette Cauchoise a connu Michel P. alors qu’elle avait 16 ans.

Elle confirme :

Il était réservé. Je ne savais pas grand-chose de sa vie. Mais on avait deux filles et on était heureux“.

Elle explique qu’après la naissance du deuxième bébé, effectivement, ils ont fait chambre à part.

C’est lui qui ne voulait plus d’elle. Elle avait grossi, elle ne l’attirait plus.

Le couple n’en a jamais vraiment parlé ensemble.

Lui n’était pas du genre à s’épancher et était en déplacement toute la semaine.

Il buvait de plus en plus régulièrement.

Elle est restée “pour ses filles”, pour “qu’elles ne manquent de rien”.

Elle lui reconnaît le fait d’avoir été “un bon père pour elles”.

Les viols et les agressions sexuelles, l’épouse ne s’en doutait pas.

En 2014 quand une première famille s’est plainte à la gendarmerie, son mari a nié et elle l’a cru.

Mais deux ans plus tard, la réalité lui a explosé à la figure quand les parents d’une deuxième victime se sont confiés à elle.

Michel P. ne pouvait plus mentir à celle qui était encore sa femme.

Lorsqu’un enfant s’approchait de moi, j’avais une pulsion“, raconte l’accusé quand le président lui demande de s’exprimer sur les faits.

Il paraît gêné, contrit, dodeline, cherche ses mots, s’embrouille dans son témoignage.

Je ne sais pas ce qu’il se passait dans ma tête à ce moment-là“, glisse-t-il.

Le Cleuvillais donne l’impression d’évoquer une relation amoureuse.

On s’envoyait des SMS pour se retrouver“, dit-il au sujet d’un des jeunes.

Quand il a grandi, il s’est écarté de moi. C’est lui que je cherchais chez les autres“, décrit-il.

Je voulais le rendre jaloux“. Cet “état d’esprit différent” est selon lui la conséquence “de ce qu’il a vécu dans son enfance“.

Son aveu est presque glaçant :

L’arrestation, c’est ce qu’il me fallait pour réaliser ce que je leur faisais“.

D’ailleurs, devant la cour, il en convient :

C’est monstrueux ce que je leur ai fait“.

A l’énoncé du dossier, il n’y a pas d’autres mots.

Mardi 10 novembre, dernier jour du procès, l’avocate générale Diane Sytsma a demandé, dans ses réquisitions, 15 ans d’emprisonnement.

La cour criminelle de Rouen a décidé de le condamner à 14 ans de prison.

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