Chatou I Les plaintes pour viols sur des écoliers visant un animateur classées sans suite

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Pédocriminel En liberté

Les faits rapportés sont à chaque fois similaires et pointent le même homme
À l’issue d’une enquête préliminaire au cours de laquelle 13 enfants âgés de 3 à 5 ans ont été entendus, et après cinq mois de réflexion, la procureure de la République a décidé de ne pas mettre en examen l’individu concerné. Les familles voient rouge et vont se constituer partie civile.

Les parents n’en reviennent pas:

« Ce n’est pas possible… Je suis en colère ! Je n’arrive pas à comprendre. Il a détruit notre vie, notre bébé, et il s’en sort sans problème… Mais qu’est-ce que c’est que cette histoire ? »

En sanglots, fous de rage ou dépités, quelle que soit leur réaction le constat est le même : c’est l’incompréhension.
Ce lundi, ils ont découvert dans leur boîte aux lettres le courrier qu’ils redoutaient.

La procureure de la République du tribunal judiciaire de Versailles (Yvelines) vient de classer sans suite leurs plaintes.

Elles concernent un animateur des temps périscolaires de la ville de Chatou pour des faits présumés d’agressions sexuelles et de viols sur des mineurs âgés de 3 à 5 ans.

« La parole de nos enfants ne vaut rien »

Une maman déplore:

« Je me sens très mal, ça veut clairement dire que la parole de nos enfants ne vaut rien À cet âge, les enfants ne complotent pas, pourtant ils évoquent tous la même personne et ont quasiment la même version. On se sent abandonnés par la justice et on a l’impression que nos enfants ne sont pas protégés. »

Selon différents témoignages de parents, mais également des dépositions et des enregistrements vidéo d’enfants que nous avons pu consulter, l’animateur qui a exercé dans les cinq écoles maternelles de la commune entre 2018 et 2021 aurait incité les élèves à s’adonner à des jeux et des attouchements sexuels sur les temps périscolaires, notamment à la cantine, pendant la récréation et aux toilettes.

Certains évoquent même des viols.

Les faits rapportés sont à chaque fois similaires et pointent le même homme.

Pourtant, ils émanent d’enfants d’âges différents, qui ne se connaissent pas forcément et ne sont pas tous scolarisés dans la même école.

Au total, treize mineurs ont été entendus au cours d’une enquête préliminaire de trois mois.

Cinq mois de réflexion et d’investigations complémentaires ont suivi pour finalement classer le dossier.

Les collègues de l’animateur en question ont été auditionnés, et les locaux où il exerçait ont été visités.

Pas d’éléments à charge pour la procureure

Le courrier qu’ont reçu les familles indique:

« Les constatations effectuées n’ont pas établi d’élément permettant de caractériser les infractions dénoncées ni de les imputer »

Maryvonne Caillibotte, la procureure de Versailles ajoute:

 « Je comprends le désaccord et je comprends qu’un parent croit la parole de son enfant. L’obligation qui pèse sur moi est de ramener des éléments à charge ou bien de constater qu’il n’y en a pas. C’est la règle de la preuve, on doit s’éloigner de l’affect. »

Et de souligner la difficulté d’interroger des enfants si jeunes.

« Ce sont des paroles qui peuvent être très fugaces. Parfois, ils ne parlent pas ou veulent jouer. Il y a des agents formés pour cela. »

Toujours est-il que les plaignants n’acceptent pas cette décision.

L’avocate de plusieurs d’entre eux évoque le risque que représente l’absence de poursuite dans ce dossier.

Que les faits soient avérés ou non, la sécurité des enfants comme celle du mis en cause sont en jeu.

« La peur des hommes devient maladive pour ma fille »

L’avocate en question argumente:

« C’est totalement incompréhensible, il n’y a aucun sens logique. Je sais bien que la parole des enfants n’est pas sacralisée, mais elle vient de tellement de mineurs qui ne se connaissent pas… Aucun parent ne compte en rester là. Ils sont anéantis dans la torpeur mais il ne faudrait pas que ce soit la colère qui prime. Je vais faire en sorte qu’ils continuent à croire en la justice car, là, le parquet joue avec le feu. »

Au moins cinq familles, qui avaient déposé plainte, ont déjà indiqué leur intention de se constituer partie civile en demandant l’ouverture d’une information judiciaire devant le doyen des juges d’instruction.

« Je n’ai plus aucune confiance, ni en ce qui concerne le système scolaire ni en la justice, souffle une maman en larmes. Mais jusqu’à mon dernier souffle, je continuerai à me battre. La peur des hommes devient maladive pour ma fille, elle ne laisse personne l’approcher et, moi, je n’y arrive plus. Non seulement on souffre au quotidien mais tout le monde s’en fout complètement… C’est honteux ! »

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