Châteauroux | Condamné à 6 mois de prison pour avoir agressé sexuellement sa sœur

Tribunal judiciaire de Châteauroux : Emmanuelle (*), 12 ans, s’avance à la barre. Sa voix frêle est tellement faible que le président, Philippe Vignon, lui demande de hausser le ton. Comme elle l’a déjà fait à plusieurs reprises depuis la nuit du 11 août 2019, elle raconte la manière dont son grand frère, aujourd’hui, âgé de 24 ans, l’a « touchée », alors qu’il était complètement ivre.

©Hadj/Sipa

« Je lui ai dit : ça ne se fait pas ».

Immédiatement, la fillette est allée se confier à sa mère.

Les gendarmes alertés, découvrent un jeune homme nu et armé d’un couteau sur le toit du domicile familial, situé dans la région d’Argenton.
Aurélien n’a aucun souvenir des événements de la soirée. Les éléments recueillis par les enquêteurs ont cependant permis de déterminer qu’il avait bu du whisky.

Saoul, il avait proposé à son frère, une relation sexuelle avec la petite amie de celui-ci, avant de réclamer « un câlin » à sa petite sœur et de poser sa main sur son entrejambe. Il s’est ensuite énervé et retranché dans une chambre, dont il a bloqué la serrure avec un couteau.
Sans quitter son blouson noir, Aurélien répond aux questions du président. Il dit faire confiance au récit de sa petite sœur, en dépit de sa perte de mémoire :

« Si elle l’a dit, c’est que c’est la vérité. »

Traumatisé par le décès de son papa, alors qu’il n’était qu’un jeune garçon, Aurélien a connu des phénomènes d’alcoolisation massive – suivies de trous noirs – dès l’âge de 14 ans. Des états d’« ivresse pathologique ».

« Un dérapage qui restera isolé »« Je lui ai déjà dit, mais je continuerai »,

déclare-t-il, peiné, en se tournant vers sa sœur, assise dans la salle d’audience.

« Je suis désolé. J’espère que cela va bien se passer pour elle. »

À la suite des événements, il a suivi des soins pour ses problèmes d’alcool.
Pour la partie civile, il s’agit, plus que d’accabler Aurélien, d’insister sur la force d’âme d’Emmanuelle, déjà victime d’une agression par un homme, par le passé, et qui doit à présent faire face à l’ambivalence de ses sentiments à l’égard de son grand frère, à une « confusion de ses repères ».

Wiebke Trumm, pour le ministère public, relève elle aussi le courage, l’intelligence – celle de réagir, de comprendre qu’en raison son lien de parenté avec Aurélien, de son jeune âge, et, même sans cela, que le geste déplacé de son frère « ne se faisait pas » – dont elle a fait preuve le 11 août 2019.

Le parquet dispose d’indices permettant d’établir que le prévenu disposait « d’un minimum de conscience » et indique « penser qu’il s’agit d’un dérapage qui restera isolé ».
La seule chose souhaitée par Me Aurélie Carré, pour la défense, est que la famille « puisse s’en sortir », retrouver de la sérénité.

Aurélien qui a souffert d’une dépression alors qu’il n’était qu’un tout jeune adulte, a entamé une nouvelle thérapie en septembre dernier.

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(*) Les prénoms ont été changés.

Source : lanouvellerepublique.fr

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