Châteauroux | Un an de sursis pour l’agresseur des trois collégiennes de 11 et 12 ans

L’homme de 57 ans avait embrassé et léché la joue de jeunes filles, en mai, à un arrêt de bus.

Trois collégiennes avaient été agressées à cet arrêt de bus devant le collège des Capucins, à Châteauroux. © Photo NR

Son nom est désormais inscrit au fichier des délinquants sexuels.

Grand gaillard de 1,90 m, cheveux grisonnants, petit bouc et bosse sur le front, il balade son regard noir au gré des interventions.

A la barre, dans sa parka kakie, il parle, et plutôt beaucoup mais toujours pour minimiser les faits.

« Quand on dit au revoir, on se fait des bisous. »

Tel est son axe de défense.

Sauf que ce 29 mai après-midi, les trois jeunes filles de 11 et 12 ans qu’il a abordées n’ont pas la même version.

C’était à un arrêt de bus, devant leur collège des Capucins, à Châteauroux.

“ Je sentais sa bave ”

Le président, Pascal Bataillé, lit un premier témoignage :

« Il est venu nous parler de ses voyages.

Puis il a parlé de nos formes, dit qu’on grandissait vite ».

Leur bus est arrivé, des bras se sont approchés pour une étreinte contrainte.

« Il m’a fait des bisous sur les joues et m’a léché avec sa grosse langue, je sentais sa bave, c’était désagréable. »

Les témoignages des deux autres adolescentes concordent.

Elles ont senti cette « grosse langue » et une odeur de tabac et d’alcool.

La mère de l’une d’entre elles sanglote.

C’est sa « petite enquête » qui a mis la police sur les traces du prévenu.

Interrogée, elle n’a « pas la force » de rajouter quoi que ce soit.

Le prévenu nie.

« Elles ont mal interprété. »

Pourtant, quelques minutes plus tôt, deux vendeuses d’un magasin de photocopies, situé à deux pas de l’établissement scolaire, décrivent le même comportement.

« Il ne voulait pas partir sans nous dire au revoir, confie l’une d’elles.

J’ai refusé mais il a saisi ma nuque. »

Sur son banc, Brice Tayon, avocat de l’une des collégiennes trépigne.

L’expertise n’a conclu à aucun trouble psychologique.

« Langue ou pas langue, il a eu un comportement anormal », tonne-t-il, regardant le prévenu dans les yeux.

Et il revient sur le traumatisme de sa cliente et son « sentiment de honte qui ne s’évapore pas ».

Une plaidoirie appuyée par le réquisitoire du substitut du procureur, Éric Raygasse, qui demande deux ans de prison dont un avec sursis :

« On est dans un cas d’un inconnu qui vous prend la nuque, vous enserre, vous impose un baiser et sa langue sur la joue.

C’est une réelle agression ».

Puis ajoute :

« Je ne vais pas le traiter de prédateur, on n’en est pas là… »

Mais le mot est prononcé.

« Ramenons cette affaire à de justes proportions, réclame la défense.

Il n’y a rien, dans ce dossier, qui atteste d’une connotation sexuelle à ce comportement, certes inapproprié, mais qui n’est pas celui d’un pédophile. »

Me Coutant déplore aussi la manière dont a été menée l’enquête et ce lien créé par la mère d’une victime entre toutes les autres, ce qui expliquerait selon elle une concordance si parfaite des témoignages.

Mais l’avocate n’est pas aidée par l’attitude de son client.

Avant de clore l’audience, Olivier Bataillé tente une dernière fois :

« Reconnaissez-vous que votre comportement a pu faire peur aux victimes ? »

Non, bien sûr que non…

Le tribunal correctionnel de Châteauroux a condamné le prévenu à un an de prison avec sursis et deux ans de mise à l’épreuve avec obligation de soins et de travail.

L’homme a aussi interdiction de séjourner dans l’Indre pendant cinq ans et son nom sera inscrit au fichier national des délinquants sexuels.

Source : La Nouvelle République

Source(s):