Châteauroux | 8 ans ferme pour le “tonton de cœur” pédophile récidiviste

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Je regrette ce que j’ai fait ; vu l’âge que j’ai, je n’aurais pas dû le faire
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Les faits se sont produits il y a déjà un an mais, à la barre, le prévenu de 42 ans, placé depuis en détention provisoire au Craquelin, refuse toujours qu’on le qualifie de pédophile. Pendant plus d’une heure, la présidente, Laura Tardy, va pourtant le confronter à l’évidence, en lui rappelant les f

Ce 4 janvier 2020, à La Châtre, pour partager la galette des Rois, l’homme reçoit des amis et leurs enfants, ainsi qu’Elsa (1), une adolescente de 15 ans qui le considère comme son « tonton de cœur » depuis des années et qui passe beaucoup de temps avec lui.

Sa compagne, qu’il a demandée en mariage, s’est absentée, mais pas leurs deux enfants, âgés de 2 ans et 1 an. Et la future robe de mariée est déjà dans les conversations.

Lors de la soirée, l’amie adolescente s’éclipse dans le garage, suivie quelques minutes par le prévenu. Intrigué, l’un des convives regarde par le trou de la serrure du garage et surprend l’homme en train d’avoir un rapport sexuel avec la jeune fille.

Plus tard, le témoin rapporte la scène à sa femme qui se confiera à son tour au prêtre de la paroisse. C’est ce dernier qui, finalement, alertera les gendarmes.
Auditionné deux jours plus tard par les militaires, le prévenu nie tout d’abord les faits, puis les reconnaît petit à petit.

Il connaît l’adolescente depuis ses 7 ans : c’est la fille d’un collègue très proche, appelé d’ailleurs à être témoin de son futur mariage. Pendant toutes ces années, le prévenu a noué avec elle une relation très proche, celle d’un « substitut paternel » et d’une « figure masculine qu’elle admire », d’après l’expertise psychologique.

Le consentement au cœur des débats

L’examen de leurs échanges de textos montre une correspondance intense. Ce que confirme l’homme lui-même :

« Elle voulait tout le temps être avec moi, chez moi, me suivait partout. »

Il assure pourtant que c’est elle qui l’a explicitement invité, par texto, à le suivre dans le garage, ce 4 janvier 2020.
C’est d’ailleurs principalement autour de cette notion de consentement que va s’articuler la défense du prévenu, assurée par Me Édouard Lefranc.

« Tous les éléments de ce dossier démontrent une relation consentie »,

plaide l’avocat qui relève en outre

« des témoignages accréditant le comportement sexualisé de la jeune fille ».

Il rappelle également que l’examen gynécologique de la victime atteste d’une relation sexuelle antérieure, qu’elle a d’ailleurs rapportée à des camarades au collège.

À la barre, l’homme, présenté comme déficient intellectuel par son conseil, lâche des phrases saccadées, parfois bégayées :

« Je regrette ce que j’ai fait ; vu l’âge que j’ai, je n’aurais pas dû le faire. Avoir passé un an en détention provisoire m’a permis de réfléchir à plein de choses. Je n’ai plus de maison, ma compagne m’a quitté avec les enfants… »

Avocat de la victime (absente de l’audience), Me Brice Tayon, lui, met en exergue le caractère vulnérable de celle-ci, ainsi que son immaturité physique et mentale, établie par tous les acteurs du dossier, y compris le prévenu.

L’assistante sociale de son collège lui attribue ainsi « un handicap mental entre 50 et 60 % », « un niveau scolaire de CM1 et une compréhension des choses de CE2 ».

Et son examen psychologique a révélé « tous les signes d’un syndrome de stress post-traumatique » et qu’elle était « accablée par son ambivalence ».

Son avocat réclame notamment 5.000 € de préjudice moral.

Dans son réquisitoire, Wiebke Trumm, substitut du procureur, rappelle le lourd casier du prévenu, notamment déjà condamné pour des attouchements sur la fille de 15 ans d’une ex-compagne.

Elle pointe un « risque de réitération » et se dit « extrêmement pessimiste sur l’évolution » de l’homme.

Elle requiert à son encontre cinq ans de prison ferme, ainsi que plusieurs peines complémentaires : obligation de soins et de justifier une activité professionnelle ou une formation, interdiction de fréquenter la victime et d’exercer une activité en rapport avec des mineurs, inéligibilité de 5 ans, confirmation de l’inscription au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijes), plus un suivi sociojudiciaire de cinq ans assortis d’une menace de réclusion de trois ans supplémentaires en cas de non-respect de ces conditions.

Au terme d’un délibéré de vingt-cinq minutes, le tribunal suivra ses réquisitions complémentaires, mais aura la main bien plus lourde pour la durée d’incarcération, portée à huit années ferme. Il accordera également 3.000 € de dommages-intérêts à l’Udaf, nommée administrateur ad hoc de la victime.
(1) Le prénom a été changé.

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