Tarn | Un homme accusé du viol de sa belle-fille

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La jeune fille de 13 ans au moment des faits, a fait plusieurs tentatives de suicide avant de parler
Elle explique : “Je ne pouvais pas dire que c’était lui. Il m’a dit qu’il s’en prendrait à ma mère et à toute ma famille…”

A gauche, Me Amélie Deltell face à Me Guillaume Gosset, représentants le beau-père, accusé de viols sur mineur, lundi aux assises du Tarn au tribunal d’Albi.

La deuxième affaire de la session d’assises du tribunal d’Albi porte sur un viol incestueux commis sur mineur.

Les parties civiles n’ont pas demandé le huis clos.

“Il faut que l’on sache qu’elle est la victime quand du côté de la famille du beau-père, beaucoup ont dit qu’elle était une menteuse.”

C’est en substance la raison avancée par Me Chmani, avocate de Nadia*, 19 ans aujourd’hui, pour justifier l’absence exceptionnelle de huis clos dans une affaire de viol incestueux commis sur un mineur.

Une session d’assises ouverte hier et pour deux jours devant la cour d’assises au tribunal d’Albi.

Dans le box des accusés, F.S, 36 ans, le beau-père de Nadia, incarcéré depuis novembre 2016.

Les faits qu’on lui reproche dateraient de fin novembre et début décembre 2015.

Le procès s’est ouvert hier, plus de cinq ans plus tard.

“Un dossier inhabituel vu l’explosion et la diversité des déclarations” commente l’avocat général Philippe Clarissou.

Tentatives de suicide

Au moment des faits, Nadia, 13 ans, est scolarisée au collège Bellevue à Albi.

En novembre de cette année-là, elle commence à se scarifier.

Le 17 décembre 2015, de passage à Perpignan chez sa grand-mère, elle fait une première tentative de suicide en avalant des médicaments.

Hospitalisée, elle décrit deux viols au médecin légiste de l’hôpital de Perpignan.

Lequel décèle “deux types de lésions gynécologiques qui vont dans le sens de ses dires”.

La jeune fille va expliquer que sa meilleure amie, placée alors en foyer, l’a manipulée, présentée à deux hommes de 25 et 30 ans qui l’ont menacée si elle ne se convertissait pas à l’Islam.

Elle ajoute que ces deux hommes l’ont obligée à des rapports vaginaux dans une voiture, dans le quartier de Cantepau à Albi.

Convoquée par les policiers d’Albi, elle finira par identifier un suspect.

Sur réquisition du parquet, en janvier 2016 les policiers perquisitionnent le domicile où vit la jeune fille, avec sa mère et son beau-père.

Ils saisissent des vêtements de Nadia dont une culotte que leur remet la jeune fille.

Un mois plus tard, après une deuxième tentative de suicide par ingestion de mort-aux-rats, elle est examinée à Albi par une psychologue à qui elle parle de viols à plusieurs endroits par plusieurs personnes.

Sperme et ADN identifiés

Ce n’est qu’au mois d’août suivant, lorsque les analyses biologiques révèlent la présence de sperme et d’ADN du beau-père, que Nadia désignera son beau-père comme étant l’auteur de deux viols.

“Je ne pouvais pas dire que c’était lui. Il m’a dit qu’il s’en prendrait à ma mère et à toute ma famille… J’ai menti en pensant que c’était tellement gros qu’on ne me croirait pas et que la police chercherait plus loin. j’ai pas trouvé d’autre solution. J’ai gardé la culotte” explique la jeune fille, entre deux sanglots, à la barre.

“Tableau de stress post-traumatique éloquent” a conclu une première expertise.

Angoisse massive… en faveur d’un traumatisme psychique de nature sexuelle” conclura une seconde.

“Vous comprenez que je suis obligé de prendre vos déclarations avec un immense recul” adresse à la jeune fille Me Gosset, avocat de l’accusé. Un avocat pour qui la marge de défense est étroite, entre thèse de l’affabulation et possibilité que la culotte ait très bien pu “être contaminée par du linge sale”.

Aujourd’hui pour la dernière journée d’audience avant le verdict, le tribunal va se pencher sur la personnalité de Nadia et celle de son beau-père.

Ce dernier doit s’exprimer ce matin à la barre.

Après avoir reconnu récemment des faits d’agression sexuelle sur sa demi-sœur alors âgée de 14 ans.

*Il s’agit d’un prénom d’emprunt
 

Source(s):

La Dépêche