Elle a aujourd’hui 32 ans. Les actes qu’elle a finis par dénoncer, en 2014, remontent au début des années 2000 : « C’était sans arrêt la fête chez nous. » Elle raconte les soirées arrosées, les joints de résine de cannabis et, surtout, le sexe, omniprésent.
Selon elle, le grand ordonnateur de ces soirées particulières était son propre père : « Il faisait venir les copains de ma sœur et aussi les miens et, après, ça dégénérait. »
« Il me disait qu’il était amoureux »Quand la famille est arrivée dans la région, elle n’avait que 12 ans. Son père était, alors, commercial. « Il travaillait beaucoup, mais il ne rentrait pas très tard le soir. »
Sa mère avait un parcours difficile : « Elle était alcoolique. Elle ne réalisait pas ce qui se passait. »
D’une voix douce, mais déterminée, elle retrace les événements qui amènent son père, âgé aujourd’hui de 60 ans, devant la cour d’assises. Tous les tabous semblent avoir été foulés aux pieds. « Mon père se comportait avec nous comme un copain. Je savais qu’il restait mon père, mais comment ne pas l’oublier lorsqu’on le voit danser en string éléphant sur la table du salon ? »
Parfois, elle retient un sanglot. Mais, très vite, elle se ressaisit pour continuer son récit : « Il organisait des soirées de masturbation avec nos amis, tous des adolescents. Je l’ai vu aussi se faire sodomiser. » Alors qu’elle avait une douzaine d’années, les attouchements auraient commencé. « Il me disait qu’il était amoureux de moi. » Petit à petit, les caresses que lui aurait prodiguées son père se seraient faites plus précises, plus intrusives. « Il me pénétrait avec ses doigts. »
Elle assure que son père avait un vrai talent pour convaincre les jeunes à se prêter à ses désirs pervers. « Même moi, je finissais par penser que c’était presque normal. Il me disait qu’il était un “adulescent”. » Elle continue, en racontant que son père arrivait à la convaincre de faire l’amour devant lui, avec l’un des jeunes.
Elle se réfugie dans le CoranLorsqu’il avait été placé en garde à vue, en janvier 2014, la justice n’avait pas encore eu connaissance des viols dont l’accuse sa fille. Les gendarmes enquêtaient sur les agressions sexuelles et la corruption de mineurs. Lorsqu’il avait été entendu par les enquêteurs, il avait nié.
Devant le juge d’instruction, il a reconnu des relations sexuelles avec une mineure de 15 ans et deux adolescents : « C’étaient des relations consenties. » En revanche, il a totalement nié avoir abusé de sa fille.
Cette dernière avance : « Lorsque je suis partie de la maison avec ma mère, à 17 ans, j’ai eu une vie dissolue. » Perturbée psychologiquement, elle a trouvé refuge dans le Coran.
« Je me suis convertie pour repartir à zéro. Tout ce que je veux, c’est qu’il reconnaisse ce qu’il a fait. Il a totalement ruiné ma vie. »
L’homme comparaît libre. Il n’a pas fait un seul jour de détention provisoire. Il risque vingt ans de réclusion criminelle.
Mercredi 27 mars 2019, de nombreux adolescents de l’époque, trentenaires aujourd’hui, qui auraient participé aux soirées organisées par l’accusé, seront interrogés.
Source : lechorepublicain.fr