Caveirac | Joël Lauriol, 63 ans, condamné à 15 ans de prison pour les viols et agressions sexuels de plusieurs enfants alors qu’il les accueillait en tant que Famille d’accueil

Viols sur des enfants placés

Photo Midilibre

L’accusé clame son innocence. Les trois jeunes femmes et un homme maintiennent les agressions sexuelles et viols au sein de la famille d’accueil à Caveirac.

4 plaignants venus, mardi 15 octobre, devant la cour d’assises du Gard, à Nîmes, expliquer comment ils ont été abusés au sein d’une famille d’accueil à Caveirac.

Joël Lauriol, assis devant le box des détenus, campe sur ses positions et clame son innocence face au récit de trois jeunes femmes et un homme.

L’accusé encourt 20 ans de réclusion pour ces faits qui auraient été commis entre 1994 et 2011. Adolescente au moment des faits, elle détaille comment cet adepte de l’église évangélique pentecôtiste, référent adolescent pour sa paroisse et assistant maternel, accueillait des jeunes gens à son domicile.

“Il était très permissif, il nous laissait faire ce qu’on voulait, on buvait de l’alcool et fumait des cigarettes. Il couvrait toutes nos bêtises vis-à-vis de nos parents, raconte la fille des amis de la famille de l’accusé. Il m’a embrassée par surprise. Je suis restée complètement choquée.”

Fellations contestées

À la barre, face à des jurés consternés par ce récit saumâtre, la partie civile détaille comment l’accusé lui a ensuite imposé des fellations “dans la voiture ou dans son bureau”.

Parfois, les fellations se produisaient au retour du lycée quand il allait la chercher en voiture.

“Il disait qu’il m’aimait”.

Films pornos, argent donné à la jeune fille, complicité avec les ados, elle ajoute que le sexagénaire se comportait avec elle comme un “adulte-adolescent” dans un contexte où le poids de la religion est très lourd et où les interdits nombreux dans cette famille d’accueil recevant des enfants en déshérence placés par l’aide sociale à l’enfance du conseil général du Gard.

L’accusé demeure figé à côté de son avocat, il continue de promener son stylo rouge sur des feuilles blanches et prend des notes avec minutie. Droit dans ses bottes, il maintient qu’il est innocent. Le président Laurent Fabre lui demande de dire s’il y a eu des fellations.

“Pas de fellations”,

assène-il, laconique.

“Je n’ai pas eu de rapports sexuels avec elle, quels qu’ils soient”,

ajoute-t-il.

Chocolat contre un baiser

Quelques instants plus tard, la petite fille qui était placée dans sa famille vient faire sa déposition. Elle avait 6 ans lors des premiers faits. Elle aussi a dénoncé l’accusé comme lui ayant imposé des fellations alors qu’elle était couchée dans des lits jumeaux, son frère dormait en haut, elle en bas.

“Ça s’est passé plusieurs fois. Pour avoir un carré de chocolat, il fallait que je l’embrasse”.

Aujourd’hui âgée de 15 ans, elle parvient à endiguer son émotion et aller jusqu’au bout de son histoire. Elle confirmera que l’accusé lui a imposé des rapports buccaux entre l’âge de 6 et 7 ans. M. Lauriol, la main posée sur sa petite barbe blanche, semble accablé.

L’avocat de la défense suggère que la série de fellations imposées à la fillette n’est matériellement pas possible avec le gabarit de son client se faisant pratiquer une fellation tout en massant son frère en haut. “Ça serait un contorsionniste”, persifle l’avocat. La crédibilité de la fillette ? “Une fellation pour une petite de 7 ans, elle ne sait même pas que ça existe”, observe le psychiatre.

Dans l’après-midi, la nièce de Lauriol a longuement confirmé avoir subi les pénétrations de son oncle à plusieurs reprises.

La fille d’un ami de la famille également confirmé avoir subi les assauts du sexagénaire. Un homme, ado à l’époque, maintient lui aussi avoir été contraint à des attouchements et des pénétrations buccales.

Interrogé sur l’intérêt pour quatre personnes (dont une enfant de 6 ans) de charger l’accusé, Joël Lauriol réfute – catégoriquement – tout acte sexuel et soutient la thèse d’un complot destiné à déstabiliser son église évangélique en atteignant son père.

“Culpabilité incontestable”

Le magistrat a pris soin de démonter chacun de ses contre-arguments : mensonges, théorie du complot, prétendue impossibilité matérielle de commettre les actes. Il est également revenu sur la culpabilité de Lauriol, “elle est incontestable”. Il a prévenu les jurés qu’ils allaient entendre de la défense “tous les poncifs” en matière de dénonciations de crimes sexuels par des enfants.

“La meilleure garantie pour la société, c’est l’éviction”,

a-t-il dit avant de requérir 20 ans de réclusion criminelle contre Joël Lauriol.

Son avocat, Me Roland Houver, a brièvement plaidé l’acquittement. Pour lui, l’accusé est innocent car les accusations relèvent “du parole contre parole” et ont pu s’inscrire dans un contexte de vengeance ou d’une forme de mimétisme dans les dénonciations.

En début d’après-midi, l’accusé a pris longuement pris la parole sans vraiment parler des faits.

“Je ne suis pas insensible à leur souffrance. Ça s’est passé (les faits, NDLR), mais pas à mon domicile”.

Après trois heures de délibéré, Joël Lauriol a été reconnu coupable pour l’ensemble des victimes. Il a écopé de 15 ans de réclusion et a été immédiatement incarcéré.

“Il est dans la maîtrise totale, je me demande même s’il cligne des yeux”,

ironise une avocate de la partie civile face à un accusé qui est resté de marbre ce mercredi. Même quand l’avocat général a requis 20 ans de réclusion criminelle, Joël Lauriol, 63 ans, n’a pas vraiment moufté.

Source : midilibre

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