Carcassonne | Un père condamné à 18 ans de prison pour le viol de ses deux filles

Bruno R. est resté impassible lorsque l’avocat général Laurent Couderc a requis 20 ans de réclusion criminelle pour le viol de ses deux filles et les violences sur son fils.

La balance de la justice, photo d’illustration. Jacques Demarthon AFP Archives

Impassible, il l’aura également été tout au long de ces trois jours d’audience devant la cour d’assises; l’accusé n’ayant «pas d’observations à faire» pour répondre aux dépositions de ses enfants ou des témoignages.

«Elle se sent coupable du sort de sa sœur…»Vendredi dernier, à l’issue du deuxième jour de débats, Bruno R. avait accusé son ex-femme et sa fille aînée de «complot». «Je n’ai pas violé, ni battu mes enfants», a-t-il ajouté, hier, pour clore son procès.

Mais à la théorie du complot, Me Isabelle Fornairon, représentant les intérêts de Géraldine (*), a opposé à l’accusé son comportement : «Son pouvoir absolu sur sa famille qui ne pouvait pas agir autrement que par lui». Pour l’avocate, on ne peut pas remettre en doute les déclarations de la jeune victime, dont les abus sexuels se sont produits entre ses 8 et 9 ans : «Elle a été claire dans les gestes qui lui ont été imposés alors qu’elle n’était pas capable de les comprendre. Elle a dû vivre un parcours du combattant avec une longue déposition et une confrontation».

Dans sa plaidoirie de partie civile, pour Anne (*) violée de l’âge de 9 à 14 ans, Me Véronique Forrat est revenue sur ce «pacte» rompu qui a déclenché la plainte de sa cliente à l’encontre de son père. Elle lui avait promis de ne pas parler, s’il arrêtait ses actes de violence sur la fratrie. Elle apprend que sa jeune sœur subit les mêmes abus sexuels. «Elle se sent coupable du sort de sa sœur, dépose plainte et se libère d’un lourd fardeau».

Malgré les dénégations de l’accusé, la violence physique est également présente dans ce dossier. L’élève avocat, Jennyfer Rosala, va plaider pour Guillaume (*) qui porte plainte en 2016 : «Il découvre ce qui est arrivé à ses sœurs. Il prend conscience qu’il doit parler, après ces années, où il a dû subir ce père violent et imprévisible qui donnait des claques, des coups de pied et de poing. Pour rien, sans raison».

L’avocat général, Laurent Couderc, a balayé le doute quant aux déclarations des victimes : «Les révélations sont circonstanciées, détaillées dans le temps. L’accusé n’avait aucune retenue dans la violence physique, tout comme dans la relation sexuelle. Les enfants ont fait preuve de maturité face à l’inconsistance de l’accusé».

Outre les 20 ans de réclusion, l’avocat général a requis 10 ans de suivi sociojudiciaire et le retrait de l’autorité parentale.

«Personne ne se serait aperçu de rien dans cet endroit clos…»Me Stéphane Bonafos s’est adressé aux jurés en leur expliquant que «défendre l’accusé n’empêchait pas d’entendre les victimes et d’envisager la complexité de cet individu».

Les carences affectives sont ainsi à prendre en compte pour la défense de Bruno R. ; abusé sexuellement à 9 ans, «il s’est enfermé dans une citadelle psychique. Par le biais de la sexualité, il recherche de la reconnaissance qu’il n’a pas eue pendant son enfance».

Me Élodie Couturier, qui avait également la tâche de défendre l’accusé, a fait ressortir les éléments objectifs de ce dossier : «Personne ne se serait aperçu de rien dans cet endroit clos où la mère devait demander une autorisation pour tout ? Faire sortir l’enfant de la salle de bain, l’amener dans la chambre, abuser d’elle et personne ne voit rien ?».

À l’issue de son délibéré, la cour d’assises a finalement condamné ce père de famille à 18 ans de réclusion criminelle, assortis d’un suivi sociojudiciaire de 10 ans. L’accusé a dix jours pour faire appel de cette décision rendue.

(*) Prénoms d’emprunt

Source payante : ladepeche.fr

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