Carcassonne | Jean-Pierre Crétin condamné à 7 ans de prison pour viol sur une mineure sourde

Pour le dernier procès de cette session du mois d’avril, la cour d’assises de l’Aude, présidée par Sylvie Chamayou, a rendu son verdict dans une affaire d’atteinte sexuelle et de viol commis sur une mineure atteinte de surdité.

L’avocat carcassonnais Me Sébastien Legay était à la défense de l’accusé. Photo NAV

Ce vendredi 19 avril, à l’issue de 3 heures de délibéré, la cour d’assises de l’Aude a reconnu la culpabilité de Jean-Pierre Crétin, jugé depuis la veille pour «atteinte sexuelle» et «viol» sur son ex-belle-fille mineure sourde (*).

Cet homme, à l’occasion de ses 61 ans, a ainsi été condamné à sept ans d’emprisonnement, avec une période de sûreté fixée à la moitié de la peine, alors qu’il avait un casier judiciaire jusqu’alors vierge.

Un suivi sociojudiciaire de cinq ans avec injonction de soins a également été ordonné.

L’accusé a dix jours pour interjeter appel.

Quelques heures avant, l’avocate général Sun-Yung Lazare avait requis huit ans, qu’elle a estimé être «une peine importante pour quelqu’un qui n’a jamais fait de prison»

Ce vendredi, c’est par le temps écoulé depuis la révélation des faits par la victime, le 26 septembre 2011, que la représentante du parquet a commencé son réquisitoire.

En soulignant que l’accusé aurait pu «bénéficier de ce temps pour avoir un peu plus d’empathie envers la victime et se mettre à la place de l’autre pour une fois !»

Certes, il y a eu des regrets, «mais toujours pas de remords… On ne sait même pas s’il est sincère.»

Un temps qui n’a pas fait son œuvre chez l’accusé, «mais qui n’a pas non plus guéri les victimes»

Et la magistrate de souligner «la force de caractère de la victime et de sa mère, qui ont voulu aller jusqu’au bout de l’action judiciaire, refusant une correctionnalisation du dossier.

Elles voulaient qu’il soit jugé pour les faits qu’il a commis, notamment les viols…»

Aux intérêts de la victime, aujourd’hui âgée de 25 ans, Me Olivier Trilles a évoqué «une enfant vulnérable à cause de sa surdité qui n’est pas celle de tout le monde…

C’est un handicap qui l’a empêchée de grandir durant quatre ans, où elle n’a pas été appareillée»

Et d’insister sur «le courage» de la jeune femme qui a su rattraper une partie de ce retard par l’apprentissage :

«C’est un petit bijou que vous avez sali Monsieur Crétin !

Elle a dit non, mais vous n’avez pas voulu l’entendre»

Que dire aussi de la mère de la victime, «anéantie par la culpabilité de n’avoir pas su protéger sa fille», comme l’a développé Me Patricia Granges dans sa plaidoirie.

Pour la défense de l’accusé, Me Sébastien Leguay a rappelé aux jurés de ne pas être moralistes, «mais de prendre de la distance vis-à-vis de ce qui a pu être dit»

Pour l’avocat carcassonnais, «tous les repères sont chamboulés, car au bout de huit ans on a pu nourrir un jugement qui vient brouiller la réalité…

Je ne sais pas si mon client a eu une pleine conscience qu’il y ait eu contrainte…»

Quant aux 241 SMS orduriers envoyés à la mère de la victime après leur rupture du 11 juin 2011 :

«Ces messages font part d’un désarroi total.

C’est l’expression du mal-être, il avait tout perdu.»

Un mal-être que l’accusé a continué d’exprimer après la révélation des faits, en tentant de mettre fin à ses jours à deux reprises.

Depuis, comme l’a souligné Me Sébastien Leguay, «mon client a changé.

Il suit des traitements lourds, c’est un homme fatigué.

Ce n’est pas un pervers, c’est un homme qui a perdu pied à un moment de sa vie…»

(*) Les faits ont eu lieu du 1er janvier 2010 au 11 juin 2011 à Peyrens dans le Lauragais.

«Je n’ai pas vu ses refus…»

C’est un début de remise en question de l’accusé qui a marqué le début de l’audience de ce vendredi, avec une prise de conscience affirmée :

« Avec ses deux jours d’audience, je pense qu’elle avait raison.

Je n’ai pas vu ses refus…

Si j’avais réfléchi avant, je ne l’aurais pas fait !

Je le regrette, oui j’ai pu profiter de sa vulnérabilité ».

Et le mis en cause de poursuivre :

« Au début je n’en avais pas pris conscience, mais depuis hier (jeudi 18 avril) avec tout ce que j’entends, oui !

C’est un truc que je n’aurais pas dû faire car c’est une fille qui a toujours été droite.

Je pensais que c’était une jeune fille aguicheuse, c’est avec ces yeux-là, différents de ceux des autres, que je l’avais vu.

Je ne suis pas un pédophile…»

Huit ans après la dénonciation des faits, l’accusé a déclaré qu’il avait désormais le sentiment que ce qu’il faisait était interdit sur le plan moral mais aussi par la loi.

Une prise de conscience tardive à l’attention de la victime et de sa mère, avant d’avouer qu’il avait tout de même un doute sur le consentement de la victime :

« Je n’ai jamais entendu de refus.

Elle ne me repoussait pas, ne disait rien…»

Source : La Dépêche

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