Carcassonne | Agressions sexuelles dans un lycée, des parents en colère face à l’inertie de l’éducation nationale

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Proviseure du lycée, rectorat ou ministère de l’Education nationale, rien ne bouge depuis un mois
Carcassonne : colère de parents d’une lycéenne face à l’inertie de l’Education nationale malgré des accusations d’agression sexuelle

Suite aux deux agressions sexuelles que leur fille de 17 ans dit avoir subi de la part d’un surveillant au sein du lycée Charles-Cros, et à la plainte qui a notamment suivi au commissariat, ses parents attendent de l’établissement scolaire que le mis en cause en soit écarté, afin que leur fille puisse reprendre ses cours et passer son Bac sans avoir à le recroiser.

Malgré des courriers adressés à la proviseure du lycée, ainsi qu’au rectorat ou au ministère de l’Education nationale, rien ne bouge depuis un mois.

Depuis le 14 février, et la plainte déposée au commissariat pour des faits d’agression sexuelle dénoncés par leur fille mineure à l’encontre d’un surveillant du lycée professionnel Charles-Cros de Carcassonne, les parents de cette lycéenne de 17 ans attendent désespérément que l’établissement scolaire prenne les dispositions et sanctions qui relèvent de son autorité.

Depuis un mois, ils ont fait toutes les démarches légales pour faire bouger les choses, mais c’est contre les murs d’une administration sourde qu’ils se sont heurtés.

Le 14 février après-midi, il y a d’abord eu cette rencontre des parents avec la proviseure Corinne Vanroelen au sein du lycée, où il a été signalé que ce surveillant de 23 ans avait eu un comportement déplacé à plusieurs reprises à l’égard de leur fille, allant jusqu’à lui mettre sa main au niveau de la poitrine le 7 février, avant de tenter de l’embrasser contre son gré, trois jours plus tard.

Deux courriers restés sans réponse seront ensuite adressés à la proviseure du lycée Charles-Cros, afin que ce surveillant soit mis à l’écart de l’établissement scolaire, où leur fille refuse de retourner depuis les faits.

Le 22 février, les parents de cette lycéenne vont alors adresser un courrier à la rectrice de l’académie de Montpellier, ainsi qu’au ministère de l’Education nationale et de la Jeunesse, pour leur signaler “la gravité des faits et le maintien en fonction du surveillant dans leurs services”.

Tout comme pour les précédents courriers, dix captures d’écran montrant des échanges inadaptés entre le surveillant et la lycéenne sur Instagram ont été joints, ainsi que le dépôt de plainte.

Il a profité de la brèche pour s’y engouffrer

“Il y avait une sorte de jeu entre eux sur les réseaux, mais lui a voulu aller plus loin.

Au début, ma fille s’était confiée à lui car elle était mal dans sa peau suite au départ de sa grande sœur à Toulouse.

Il a profité de la brèche pour s’y engouffrer”,

témoigne le père de la lycéenne, qui bout à l’intérieur.

” Comme toute la famille, je suis choqué et ne sais plus quoi faire ! “

Pour la mère de l’adolescente,

” le surveillant a dépassé ses fonctions. Il savait ce qu’il faisait et où il voulait en venir avec notre fille”.

Pas de réponse du lycée ni de l’Education nationale en général, mais une réalité : le mis en cause continue de travailler dans l’établissement au milieu des jeunes filles, de jour comme de nuit.

Avocat du père de la lycéenne, Me Victor Font a ainsi adressé un courriel à la proviseure du lycée Charles-Cros le 6 mars, pour une mise en demeure aux fins de protection d’une élève de l’établissement :

“Depuis son agression, la lycéenne n’est plus retournée en cours dès lors qu’elle demeure tétanisée à l’idée de recroiser son agresseur, ainsi que par crainte de représailles de sa part”.

Une démarche appuyée par Me Manon Crochet aux intérêts de la mère de la plaignante.

Mandaté par la mère de l’adolescente en sa qualité de représentante légale de sa fille, Me Sébastien Leguay a eu copie de ce courriel, et immédiatement saisi la procureure de la République de Carcassonne Géraldine Labialle :

“Une forme d’attentisme semblant paralyser toutes les mesures conservatoires à prendre à l’encontre du mis en cause par sa hiérarchie, je souhaiterais que les investigations à mener concernant ces faits graves, susceptibles de se reproduire à l’encontre d’autres lycéennes, puissent recevoir un traitement rapide, pour faire en sorte que ma cliente puisse rapidement réintégrer son établissement scolaire hors la présence de ce surveillant, et ne pas amputer ses chances d’obtenir le Bac.”

L’avocat de la lycéenne a également adressé un courrier à la proviseure du lycée Charles-Cros.

Une suspension avec maintien de salaire à venir

Jointe au téléphone ce jeudi 16 mars, Corinne Vanroelen n’a pas souhaité réagir sur ce sujet sensible, expliquant que seule sa hiérarchie était en mesure de le faire.

Au rectorat de l’académie de Montpellier, on nous informe que “la cheffe d’établissement du lycée Charles-Cros de Carcassonne et sa conseillère principale d’éducation ont pris le temps de recevoir toutes les parties prenantes, de recueillir leurs témoignages et les éléments nécessaires à une prise de décision. La priorité était que la lycéenne ne soit plus en contact avec l’assistant d’éducation. Ce qui a été le cas. La lycéenne a été absente trois jours avant les vacances scolaires. Puis se sont enchaînés les congés du 17 février au 6 mars. Depuis la rentrée, la jeune fille est en stage en entreprise. Face à cette situation, les mesures conservatoires (l’assistant d’éducation devrait être suspendu, avec maintien de son salaire, Ndlr) sont prises pour préserver la lycéenne et assurer la sécurité au sein de l’établissement. Les services du rectorat restent vigilants et mobilisés pour le maintien d’un climat serein au sein du lycée”.

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