Canada | La croisade de Laura contre son agresseur

Laura Couillard avait 9 ans lorsqu’elle a dénoncé le conjoint de sa grand-mère, Félix Diotte, en 2011, qui l’avait agressée sexuellement à plusieurs reprises. L’adolescente nous livre une belle leçon de courage.

C’est un soir avant de se coucher que la fillette au cœur lourd a finalement décidé d’en parler à sa mère. Les mots qu’elle a prononcés ont chamboulé leur existence.

«Elle a dit: “Grand-papa me force à faire le sexe”. Là ç’a été le choc au départ, là, raconte sa mère, Linda Marcoux. J’ai dit: “Laura, c’est arrivé souvent? Une fois? Deux fois?” Elle a dit: “Non, non, je suis pas capable de compter”».

Diotte l’avait agressée à plusieurs reprises alors que lui et la grand-mère gardaient Laura, à leur résidence et leur chalet, dans le secteur de Sainte-Marie de Beauce.

Avant de dénoncer Diotte à la police, le père de Laura, Steeven Couillard, a voulu prévenir sa mère. La réponse qu’il a obtenue l’a ébranlé.

«Elle s’est mise à rire. J’ai déjà vu ma mère rire, mais là, c’était un rire très très très nerveux, jaune, stressé et là elle essayait de trouver quelque chose à dire et c’est là qu’elle a dit: “On se disait justement que Laura allait faire passer Félix pour un pédophile.”»

Malgré l’opposition d’une partie de la famille, les parents de Laura sont allés de l’avant. En plus d’avoir le courage de dénoncer son agresseur, la jeune fille a témoigné contre lui lors du procès.

Cette seule dénonciation l’a libérée d’un poids énorme. «Quand t’es toute seule c’est lourd et quand t’es pas toute seule, c’est plus léger», raconte-t-elle.

Contre-interrogée pendant sept heures par l’avocat de la défense, elle a contribué à le faire condamner à une peine de deux ans de prison. Malgré ce verdict de culpabilité, sa grand-mère et sa tante ont pris le parti de l’agresseur.

Rejointe au téléphone, celle-ci maintient que Félix Diotte n’a rien fait. «Ben voyons donc! Je la connaissais, la petite. Depuis qu’elle était au monde que je la gardais. Elle mentait tout le temps. Pis manipulatrice plus que ça, ça se peut pas!» a-t-elle lancée.

Mais Laura, elle, regarde en avant. Insatisfaite du seul fait d’avoir dénoncé son agresseur et de l’avoir fait reconnaître coupable, elle a demandé à ce que l’interdiction de l’identifier soit levée par le tribunal.

«Je n’avais aucun problème avec ça, que les gens m’identifient. Peut-être que je servirais d’exemple», dit-elle.

Aujourd’hui, Laura, qui a 14 ans, témoigne à visage découvert. Elle veut mettre son expérience au service des victimes d’agression sexuelle et parle même de travailler en prévention ou de devenir avocate un jour.

Sa force et son aplomb impressionnent tous ceux et celles qui ont l’ont accompagnée au cours de son cheminement.

«C’est le mot résilience qui me vient à l’esprit, affirme la procureure de la Couronne qui a porté sa cause devant les tribunaux, Me Audrey Roy-Cloutier. Avoir autant de résilience, de ténacité, dans un si petit corps d’une enfant de 9 ans.»

Source : tvanouvelles.ca

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