Cahors | Reconnu coupable d'attouchements sexuels sur sa fille de 14 ans et condamné à de la prison avec sursis

Un père jouait de manière inappropriée avec sa fille qu’il rendait mal à l’aise et se retrouve devant le tribunal pour agression sexuelle.

Fotolia

Jade*, 14 ans au moment des faits, s’effondre en classe et explique alors en aparté à ses enseignants que son père aurait des gestes déplacés envers elle, en lui touchant les seins et les fesses. Le tribunal a déclaré P. coupable des faits et l’a condamné à 6 mois de prison avec sursis simple et de 3 000 € de dommages et intérêts pour préjudice moral.

Jeudi 27 août 2020, P. se présente devant le tribunal correctionnel pour « agression sexuelle sur mineur de 15 ans par un ascendant ».
Les faits remontent à l’année précédente.
Jade*, 14 ans au moment des faits, s’effondre en classe et explique alors en aparté à ses enseignants que son père aurait des gestes déplacés envers elle, en lui touchant les seins et les fesses.
L’Éducation Nationale alerte alors les services du Département qui à son tour prévient l’UDAF (Union Départementale des Associations Familiales) du Lot, qui se porte partie civile dans cette affaire.
Lors de ses auditions, Jade explique alors que ces gestes ont lieu dans un contexte de jeu, que son père le fait pour rigoler mais qu’elle n’apprécie pas.

« C’est sans arrière-pensée explique le père à la barre du tribunal. Les tapes sur les fesses, c’est pour la faire monter plus vite les escaliers. C’était pour jouer, c’était en rigolant, quand on chahutait. Je lui touchais la poitrine, c’était pour faire dis camion… pouet pouet ».

Sauf qu’à 14 ans, avec un corps de jeune femme, ce genre de geste ne passe plus…
Jade, qui n’a pas voulu être confrontée à son père devant le tribunal, a expliqué durant ses auditions en avoir marre, vouloir qu’il arrête.
Elle l’a alors signalé.
Le président du tribunal Olivier Bataillé lui demande alors :
« Et quand vous lui dites : “si tu n’étais pas ma fille, si tu avais le même âge que moi”, vous jouez aussi ? »…
À quoi P. répond :
« C’est possible que je l’aie dit, je ne m’en rappelle pas ».
Il évoque alors ses problèmes d’alcool à l’époque… qu’il assure derrière lui aujourd’hui.
La mère de Jade avait alors déposé plainte, puis l’a retiré peu de temps après jugeant qu’il faisait cela par jeu. Néanmoins, la procédure a suivi son cours.
P. a subi une expertise psychiatrique en préparation de son procès, expertise à laquelle il s’est présenté portant un T-shirt imprimé avec une phrase obscène.
Dans son rapport d’expertise, il est souligné une intolérance aux règles et à la contrainte, une désinvolture, une attitude de défi…
Maître Hélène Kokolewski, du barreau de Cahors, représentant les parties civiles, explique :
« Il lui pince les seins, empoigne les fesses, c’est le principe du jeu… mais elle a été gênée, mal à l’aise. Elle lui a demandé d’arrêter mais il ne l’a jamais fait. Aujourd’hui elle ne veut pas rompre tout contact avec son père mais ne veut pas rester seule avec lui. Elle a un mal-être important mais ne veut pas cesser pour autant tous les liens ».
L’avocate souhaite que cette audience fasse prendre conscience à P. que son comportement est inapproprié et qu’il présente des excuses à sa fille, précisant que Jade n’était pas dans la surenchère ni dans la vengeance et qu’elle défend toujours son père… L’avocate demande 5 000 € de dommages et intérêts.
M. le procureur Frédéric Almendros dans son réquisitoire avance :

« Ce n’est pas le délinquant du siècle, mais il y a infraction quand on procède à un attouchement par surprise, et le fait de reproduire, et reproduire… et reproduire… est constitutif d’une infraction. Je ne dis pas qu’il y a intention perverse, mais la toucher par surprise est une agression sexuelle. C’est grave, même pour rire, même pour jouer. Maintenant vous gardez vos mains dans vos poches ! ».

Il requiert 3 mois de prison avec sursis simple « et qu’on n’entende plus parler de vous ! ».
De son côté, Maître Belou, avocat de P., regrette que Jade ne soit pas présente pour qu’elle puisse entendre son père.
Il souligne que le comportement de son client, y compris lorsqu’il se présente à un expert avec un T-shirt obscène relève de sa manière d’être, d’appréhender autrui.
Il ajoute que P. n’a pas eu de père, estimant que les gestes qu’il avait eus étaient un moyen de communiquer – mal certes – avec son enfant :

« Il n’a pas intégré dans son éducation ce qu’est un rapport père-enfant car il n’a pas eu les rudiments, il n’a pas d’exemple. Je ne suis pas sûr que l’infraction soit réellement constituée au sens intentionnel du terme »

Le tribunal a déclaré P. coupable des faits et l’a condamné à 6 mois de prison avec sursis simple et de 3 000 € de dommages et intérêts pour préjudice moral.
* Le prénom a été changé
 
Source : actu.fr

Source(s):