Brionne | Agression sexuelle corruption de mineur 5 ans ferme pour l’ex-entraîneur de foot

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Il avait de faux comptes Facebook
Un homme de 42 ans, ex-entraîneur de foot au FC Brionne, a été condamné à cinq ans de prison ferme, pour agressions sexuelles et corruption de mineur.

Sébastien Horvath était éducateur au Football-club de Brionne, en charge d’équipes de jeunes joueurs.

Marc Nouvion, procureur, qui a pourtant vu passer des dossiers d’agressions sexuelles, détention d’images pornographiques et corruption de mineurs, à la barre du tribunal d’Évreux (Eure), s’adresse au prévenu :

« Monsieur Horvath, vous me glacez le sang. Vous reconnaissez les faits avec un tel détachement… »

Mais ce 8 novembre, autant les faits sordides que l’attitude du prévenu froid, impassible, incapable de la moindre empathie envers les victimes lui pèsent, comme à tout l’auditoire présent.

L’ambiance est délétère et au bout de trois heures de débats, Sébastien Horvath, 42 ans, ancien entraîneur de foot au FC Brionne (où il s’occupait des catégories U 13 et U 16, c’est-à-dire des jeunes de moins de 13 et 16 ans), sera condamné à cinq ans de prison ferme, alors que le procureur en avait requis six.

Il en a déjà effectué  près d’un an, puisqu’il est incarcéré à Évreux depuis le 31 décembre 2020.

Il avait de faux comptes Facebook

Les premières révélations sur cette « affaire » datent du 12 mai 2020, quand un premier jeune garçon révèle avoir eu une relation sexuelle, à 16 ans, avec un homme de 40 ans.

L’homme en question, Sébastien Horvath, est placé en garde à vue le 18 mai.

Il reconnaît les faits.

Il est relâché, les gendarmes lui précisant alors qu’il serait re-convoqué ultérieurement.

Un « mauvais signe » selon l’avocat du prévenu, Maître Laurent Taffou, signifiant par là que la mesure, ou plutôt l’absence de mesures prises à l’époque, n’aurait pas permis à son client de réaliser la gravité des faits reprochés.

Toujours est-il qu’en effet, cette garde à vue n’aura aucun effet sur le prévenu qui, en novembre 2020, entre en contact avec plusieurs autres jeunes garçons.

Au premier, 16 ans, licencié au FC Brionne, il propose là aussi sur les réseaux sociaux des relations tarifées.

Le jeune garçon le « bloquera » et ses parents interviendront.

Ils ont identifié Sébastien Horvath et lui demandent de cesser de « faire peur » à leur enfant.

Le second n’a que 12 ans, il parvient à l’attirer chez lui, promet de lui acheter une cigarette électronique et lui pratique une fellation.

Il lui propose une sodomie, que le jeune garçon refuse.

Le club de foot est reparti sur de bonnes bases

La révélation de «  l’affaire Horvath  » puis le jugement et donc la médiatisation de ladite affaire sont forcément mal vécus du côté du FC Brionne, où une nouvelle équipe dirigeante a repris les rênes du club début 2021.

Kévin Mourier, 27 ans, en est le nouveau président, il indique :

«  Le club a été très affecté par cette affaire dont les gens, ici, ont forcément entendu parler. On passe beaucoup de temps à expliquer aux parents, aux licenciés et aux éventuels partenaires, que la situation a changé  »

Le jeune homme affirme aussi que la vigilance pour se prémunir d’infractions de la part des éducateurs est renforcée.

Par exemple «  aucun éducateur n’est plus autorisé à entrer seul dans les vestiaires.  »

Le FCB compte actuellement 70 licenciés et son équipe phare est deuxième de son championnat départemental, en D4.

Il y a au sein du FCB une équipe seniors, une autre de vétérans et deux équipes jeunes (U 6 U 7 et U 8 U 9).

Kévin Mourier affirme :

«  Petit à petit, des enfants reviennent  »

Le maire de Brionne Valéry Beuriot quant à lui, commente :

«  Avant même cette affaire le club était en perte de vitesse, mais il est reparti et j’espère bien qu’il va écrire une nouvelle page du sport à Brionne  »

Tout le monde ici espère tourner la page.

L’enquête de gendarmerie confirmera l’existence de faux comptes Facebook et les prises de contact avec des inconnus.

Elle révélera aussi que Sébastien Horvath consultait chez lui des sites pornographiques et détenait des images pédopornographiques (avec de jeunes enfants).

Cette enquête a également permis d’identifier six victimes de faits d’agression sexuelle et de corruption de mineurs, faits commis durant une période allant de janvier 2019 à novembre 2020.

Ces victimes sont toutes des garçons, âgés de 12 à 16 ans au moment des faits, la plupart sont fragiles psychologiquement.

Ces victimes, Sébastien Horvath les « aguichait » avec de faux comptes Facebook.

Se présentant comme une jeune femme, il leur demandait des photos dénudées, quand il ne proposait pas carrément de venir prendre les jeunes gens en photo.

Il leur proposait des cadeaux, par exemple une manette de Play Station, en échange de faveurs sexuelles.

Des jeunes gens fragiles

En tant qu’éducateur au FC Brionne, l’ex-entraîneur était au contact de jeunes garçons.

Il en a profité pour « faire des avances » à certains d’entre eux.

Une enquête a été menée auprès de tous les enfants du club de foot de Brionne ayant été au contact avec Sébastien Horvath.

Et au total donc, six victimes ont été identifiées.

Des dégâts immenses ont été relevés par des experts chez certaines de ces jeunes victimes.

L’une d’elle, déjà fragile, a des troubles du comportement encore plus inquiétants depuis son agression ; une autre, qui a fondu en larmes et mis des mots sur ce qu’elle a subie qu’une seule fois, devant le juge d’instruction, reste depuis murée dans son silence.

Autant de faits qui semblent laisser de marbre Sébastien Horvath, qui paraissait au contraire « monter en puissance ».

L’expression est de la présidente d’audience du tribunal, Juliette Demaldent au fil des agressions, elle l’interroge :

« Qu’est-ce qui vous aurait arrêté ? »

L’accusé répond :

« Rien »

Il a fallu effectivement qu’il se fasse de nouveau interpeller pour qu’il cesse ses agissements.

Depuis le 31 décembre 2020, Sébastien Horvath est incarcéré.

Depuis cette incarcération et aujourd’hui encore, Sébastien Horvath ne semble pas mesurer les dégâts causés.

En prison, il a continué à envoyer des courriers, comportant des propos ambigus, à l’une de ses jeunes victimes.

Le 28 mai dernier, et alors qu’il est en prison depuis déjà six mois, et qu’il y est suivi par une infirmière psychologue, Sébastien Horvat affirmait à un expert que ses jeunes victimes étaient :

« Entreprenantes »

Puis il poursuit :

« Mais bon, ils étaient mineurs »

Homosexuel et marié à un autre homme depuis 2018, celui-ci affirme durant l’enquête puis à la barre « ne pas éprouver de plaisir » à entretenir des relations avec de jeunes garçons.

« Tempête sous un crâne »

Le procureur de la République, Marc Nouvion, a requis six ans de prison ferme contre Sébastien Horvath, il déclare :

« Vous dites que vous n’éprouviez pas de plaisir avec vos jeunes victimes, je ne vous crois pas »

À celui qui avait dit au cours de l’instruction « je risque de tout perdre » (son travail, essentiellement), il a opposé la douleur des victimes.

« Je ne voudrais pas être dans le cerveau de ces enfants, c’est pour eux Tempête sous un crâne », dit-il.

Et de fustiger le parcours de « réel prédateur » de Sébastien Horvath « mettant en place un véritable système » et « usant de stratagèmes » pour faire tomber ses proies dans ses filets.

En effet Sébastien Horvath, comme quasiment tous les délinquants sexuels, a tout fait pour être puis rester en contact avec de jeunes garçons et déjouer la méfiance des adultes, prêts à lui donner « le Bon Dieu sans confession ».

Malgré tout, le procureur a fait preuve d’une certaine mesure dans ses propos, il déclare :

« Vous ne m’avez pas rassuré, mais j’espère que vous, comme vos victimes, retrouverez un jour la sérénité.

Vous avez reconnu les faits, c’est un premier pas, même si vous ne semblez pas en mesure d’en reconnaître la gravité. »

Et de requérir, donc, six ans de prison ferme, peine assortie d’un suivi sociojudiciaire d’une durée de trois ans et comportant l’interdiction d’entrer en contact avec des mineurs pendant dix ans ainsi que l’interdiction d’entrer en contact avec l’ensemble des victimes.

En évoquant la personnalité de son client, un homme au casier judiciaire vierge, bien inséré professionnellement et socialement et n’ayant jamais fait parler de lui avant 2019, Laurent Taffou a plaidé :

« Il y a eu beaucoup d’excès dans ce dossier, qui ne correspondent pas au profil de celui-ci »

Des résurgences du passé – « une enfance cabossée, des placements de foyer en foyer » – et une rupture avec son mari, en 2019, auraient été les éléments déclencheurs de son comportement, mais Maître Tafffou a refusé de voir en lui un « prédateur », il affirme :

« Sa tendance pour les mineurs ne reflète pas toute une partie de sa vie » et Sébastien Horvath compte bien, une fois sa peine purgée « quitter la région et retrouver une activité professionnelle »

Le tribunal a condamné Sébastien Horvath à cinq ans de prison ferme, avec maintien en détention, peine assortie d’un suivi socio-judiciaire pendant cinq ans (Sébastien Horvath devra répondre à certaines obligations pendant cinq ans à sa sortie de prison).

Il lui est interdit d’entrer en contact avec l’ensemble de ses victimes ainsi que d’entrer en contact avec des mineurs.

Il devra verser des dommages et intérêts à trois victimes dont les proches se sont portées partie civile (au total, 12 600 €).

Comme l’exige la loi, son nom sera inscrit au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijais).

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