Bordeaux | Dorian Laroche, le baby-sitter pédophile condamné à 20ans de prison

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Il avait récidivé à peine sorti de prison…
photo d'un jeune garçon de type asiatique de dos
Le pédocriminel est cette fois-ci jugé pour viols, agressions sexuelles en récidive et corruption de mineurs de 15 ans ; captation, détention et diffusion d’images de mineurs présentant un caractère pornographique

Actualisation du 14 avril 2022 :

“On surveille plus un dealer qu’un pédophile !” Colère et interrogations aux Assises de Bordeaux

La Cour d’Assises de la Gironde a condamné Dorian Laroche, mardi 12 avril 2022 à la peine maximale, 20 ans de réclusion. Ces viols et agressions auraient pourtant pu être évités…

Le verdict est tombé en début de soirée le 12 avril 2022 au tribunal de Bordeaux : peine maximale pour les agressions sexuelles en récidive et les viols commis sur quatre enfants qu’il a filmés et dont il a diffusées sur le darkweb alors qu’il sortait à peine d’une précédente condamnation, soit vingt années de réclusion criminelle assorties d’une peine de sûreté des deux-tiers, d’une obligation de soin et d’un suivi socio-judiciaire de 20 années.

Toutefois, l’audience, qui s’est tenue à huis-clos, n’a pas permis d’apporter de réponses à la question la plus épineuse de ce dossier : comment un délinquant sexuel à peine sorti de prison, sous obligation de se soumettre à un suivi socio-judiciaire de dix ans et ayant l’interdiction de travailler avec des enfants a-t-il pu s’en prendre à au moins quatre autres mineurs ?

Le baby-sitter pédophile avait pourtant été démasqué par une maman alors qu’il s’était inscrit sous son vrai nom sur un site pour vendre ses services de garde d’enfants. Celle-ci était tombée sur un article de presse faisant état de sa précédente condamnation et l’avait signalée.

Dorian Laroche avait alors fait l’objet d’un simple « rappel à l’ordre » de la part d’un juge des libertés, lui signifiant l’interdiction qu’il avait de travailler avec des enfants. Et puis plus rien…

Le jeune homme avait alors choisi de se présenter sous le nom de jeune fille de sa mère et a ainsi pu berner les parents de ses futures victimes.

À l’heure du verdict, au moment où la justice, en prononçant une peine maximale pour ces faits, reconnaît la dangerosité de Dorian Laroche, une question doublée d’une colère monte chez les parties civiles :

« Comment est-il passé entre les mailles alors qu’il était surveillé ? » s’indigne la maman d’une victime.

La mère d’une victime du baby-sitter pédophile témoigne :

« Mon enfant, pour lui, c’était un jeu ».

Et d’ajouter :

« On surveille plus un dealer qu’un pédophile. Il était convoqué une fois tous les deux ou trois mois, parfois il annulait sa venue et moi, alors qu’il gardait mon fils, il me disait qu’il avait rendez-vous à l’hôpital pour des problèmes au crâne… »

Elle continue :

« Les gendarmes devraient pouvoir débarquer à l’improviste pour voir si son ordinateur a des contenus pédophiles, mais il est prévenu de leur venue et a le temps de tout effacer, d’autant qu’il s’y connaît en informatique. «

L’avocate de l’un des enfants abusés précise :

« Il a joué de manipulations et de mensonges, c’est un pervers sexuel à tendance psychopathique et tout le monde s’est fait avoir. »

La direction du Service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) d’Arcachon, où il était suivi, n’a pas formulé de réponse à nos questions.

Alors que sont écrites ces lignes, Dorian Laroche n’a pas fait appel du verdict. Il a dix jours ouvrés pour le faire, s’il le désire.

Article du 7 avril 2022 :

À 31 ans, il aurait fait 11 victimes de moins 12 ans. Ce jeudi 7 avril s’ouvre, aux Assises de Bordeaux, le procès de Dorian Laroche. Un homme au profil qui fait froid dans le dos.

Ce jeudi 7 avril 2022, la Cour d’Assises de la Gironde ouvre le procès de Dorian Laroche pour viols, agressions sexuelles en récidive et corruption de mineurs de 15 ans ; captation, détention et diffusion d’images de mineurs présentant un caractère pornographique… La liste des chefs d’inculpation fait deux pages.

Cinq enfants victimes et leurs entourages se sont constitués partie civile.

Ce deuxième volet du parcours pédophile de Dorian Laroche débute à sa sortie de prison, en janvier 2016 quand, alors âgé de 25 ans, il quitte la Maison d’arrêt de Gradignan où il vient de purger une peine de quatre années de prison pour des agressions sexuelles sur des mineurs de 15 ans (il avait alors reconnu en avoir agressé six) ainsi que pour avoir incendié le logement de la famille d’un enfant qui venait de le dénoncer.

À sa sortie de détention, il est placé sous suivi socio-judiciaire pour 10 ans et a pour interdiction de travailler avec des enfants.

« Aucun indice d’une charge pulsionnelle ne se manifestait de manière à préoccuper», déclarera le médecin en charge de son suivi. Et pourtant…

À peine deux mois après sa libération, établira l’enquête, il propose à nouveau sur Internet ses services de baby-sitter et poste une annonce sur le site Nounou-Top

Une maman signalera être tombée sur un article de presse faisant état de son lourd passé et le signale. Celui qui n’est alors « qu’un » délinquant sexuel condamné en Correctionnelle est simplement « rappelé à l’ordre », en avril 2016, par un juge d’application des peines de Bordeaux. Ce qui ne l’arrêtera pas.

Au contraire, il franchira d’autres échelons dans l’univers de l’abject, se jouant de tous, poursuivant sa route vers le crime : sous un faux nom à présent, il postera de nouvelles petites annonces, toujours comme baby-sitter sérieux se déclarant « titulaire du BAFA » (ce qu’il reconnaîtra être faux).

Il se rapproche alors de plusieurs familles tout en se vantant auprès d’un autre pédophile -qu’il a rencontré en prison et qui est devenu son compagnon de route une fois libéré- de pouvoir lui :

« Donner des conseils pour passer à l’acte, notamment quant aux fragilités sur lesquelles jouer pour approcher des enfants ».

Sa méthode ? Rencontrer des mamans isolées sur des sites de rencontre, viser celles qui éprouvent des difficultés éducatives ou dont le mari est malade, jouer de sa bonne image pour leur proposer de garder leur petit garçon ou encore se faire accepter par les parents d’un enfant pour s’en « occuper » allant jusqu’à se faire recommander pour intervenir dans leur entourage.

En l’espace de deux ans et jusqu’à son arrestation en novembre 2018, il s’agit de pas moins de cinq petits garçons (tous en Gironde, pour les cas connus à ce jour) âgés de 6 à 12 ans qui disent avoir été victimes de Dorian Laroche.

Mais en plus de leur infliger des sévices, le jeune homme filme ses actes, les envoie à son ancien co-détenu et les poste sur le Darknet.

Il sera aussi jugé pour ces faits.

Mais c’est suite à l’arrestation de son comparse de pédocriminalité, un certain Vincent Terrasson (né lui aussi en 1990 et à nouveau incarcéré depuis) qu’il sera confondu : en effet, en 2018, la police suisse mène une cyber-enquête qui fera sortir le nom de ce pédophile.

Dans son ordinateur, ils trouveront les échanges de photos et vidéos auxquels il a régulièrement procédé avec Dorian Laroche. Certaines images montrent les petits Girondins victimes de Laroche en train de subir des horreurs.

En novembre 2018, visiblement informé de l’arrestation de son camarade, Dorian Laroche efface minutieusement la totalité du contenu de son ordinateur, vole 1500 euros dans le coffre de son employeur (il est alors comptable dans un supermarché situé à Marcheprime, sur le Bassin d’Arcachon) et décide de partir en cavale sous une fausse identité.

Mais, placé sous surveillance et activement recherché, il sera rapidement interpellé et passera tout aussi rapidement aux aveux.

Sa personnalité est hautement inquiétante : alors qu’il est décrit par ses employeurs et collègues, comme par les parents de ses victimes, comme étant « compétent, impeccable », « rigoureux, appliqué », « inspirant la confiance », « réservé mais sérieux », les expertises psychiatriques concordantes dessinent de lui un tout autre portrait.

Derrière ce masque sophistiqué, il aurait plutôt :

« Une personnalité perverse à dimension psychopathique en raison de l’existence de troubles graves des conduites dans l’enfance avec sévices sur animaux, de conduite incendiaire et de fantasmes de meurtre d’enfant ».

Par ailleurs, toujours selon une expertise judiciaire :

« Le risque de récidive est élevé chez un individu déjà condamné n’ayant pas su profiter des étayages dont il bénéficiait (judiciaire et thérapeutiques). »

Il serait en revanche tout à fait responsable de ses actes, l’expertise constatant :

« Une absence d’anomalie mentale ou psychique. Le sujet ne présente pas d’altération de son discernement ou du contrôle de ses actes. Il présente en revanche une structuration authentiquement perverse mettant en œuvre des stratégies manipulatoires pour entrer en contact avec de jeunes enfants. »

Quant à un avenir suivant une future sortie de prison, les parties civiles tout comme les experts qui l’ont rencontrés sont très pessimistes :

« Sa curabilité ou sa réadaptation semblent désormais problématiques faute de s’être véritablement impliqué dans une quelconque démarche d’introspection. »

Dorian Laroche :

« Présente des facteurs prédictifs inquiétants de dangerosité sociale et criminologique ne permettant pas d’exclure tout risque de récidive ».

Il encourt vingt ans de réclusion criminelle et est toujours présumé innocent. Le verdict est attendu le mardi 12 avril.

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