Le Sommet national de la Justice a proposé la condamnation à perpétuité pour les cas de viol de mineurs entraînant la mort et le cumul des peines, il a également déterminé la création d’un « corps supplémentaire » pour punir les officiers judiciaires n’accomplissant pas leur devoir avec intégrité conformément à leurs fonctions.
Selon un rapport publié par la Defensoría del Pueblo en 2015, appelé « les filles et les adolescents, les droits invisibles et bafoués » entre janvier et juin 2015, 182 cas ont été enregistrés, ce qui signifie que chaque jour, en moyenne, un enfant ou un adolescent est victime de violence sexuelle dans le pays.
Cette approbation impliquerait de changer la Constitution, qui prévoit à l’heure actuelle une peine maximale de 30 ans d’emprisonnement pour les cas de trahison à la patrie, d’espionnage, de parricide, d’assassinat et de féminicides.
« Nous mettons en exergue lors de ce Sommet majeur le débat sur la question de l’emprisonnement à vie pour le viol d’enfants avec meurtre. Nous ne pouvons pas être indolents », a déclaré García Linera.
Il a ajouté que les Boliviens seraient indignes s’ils ne parvenaient pas à poursuivre avec la plus grande fermeté les auteurs de viols sur mineurs et propose donc une mesure« dure et forte » pour « prévenir ce type de crime infernal trop répété ».
Le vice-président Alvaro Garcia Linera a déclaré hier, dimanche, que l’idée du Sommet national de la justice et de tous les efforts déployés par le gouvernement a pour but de restaurer la majesté de la justice, mise à mal ces derniers temps, et la rendre rapide, libre et transparente.
Entre autres mesures, le gouvernement a proposé d’introduire des agents d’infiltration dans la lutte contre la corruption dans les tribunaux, dans la poursuite, dans les organes de la justice : « Nous avons besoin de faire une transformation et les grandes transformations viennent simultanément », a ajouté le vice-président. Les propositions doivent être acheminées au Parlement qui doit approuver de nouvelles lois ou encore modifier celles qui existent déjà.
« Dire que pour un grand changement l’argent est nécessaire n’est pas un justificatif, parce que, lorsqu’il y a une volonté politique on peut faire des changements initiaux avec l’argent que l’on a et si les acteurs de la justice montrent ces changements révolutionnaires avec conviction, nous allons travailler avec plus de ressources, mais pas avant, il faut d’abord donner des preuves », a fait valoir le vice-président.
Ces derniers temps, plusieurs cas d’infanticides et de viols à l’encontre d’enfants et d’adolescent(e)s en Bolivie ont beaucoup choqué l’opinion publique, un pays qui affiche des niveaux élevés de violence physique contre les femmes, il est le deuxième pays, après Haïti, le plus gangrené par ce fléau, selon les données des Nations Unies.
Le parti au pouvoir cherche à mettre en place une deuxième réforme du système de justice, après une première qui a eu lieu en 2011 durant laquelle il a été décidé de l’élection des grands magistrats par un vote populaire. Le gouvernement a admis que ce changement n’avait pas permis d’améliorer le fonctionnement de ce pouvoir État, embourbé dans la procédure et dans certains cas dans la corruption.
Le président de la Bolivie, Evo Morales, promoteur de ce sommet, a affirmé via son compte Twitter qu’il espère:
« que le processus de transformation de la justice est en route » et a ajouté qu’ »il en est de la responsabilité de tous les Boliviens ».
L’introduction de l’emprisonnement à vie impliquerait la modification de la Constitution bolivienne de 2009.
Selon les statistiques de 2014, cette année-là au moins 73 infanticides ont été enregistrés, dont 60 correspondent à des enfants de moins de cinq ans, plus de 326 allégations d’abus sexuels sur enfants ont été répertoriées.
Evo Morales, qui est en convalescence après une chirurgie du genou, n’a pas pu assister au Sommet, mais ne manque pas de faire part de son opinion sur les réseaux sociaux.