Dieppe | Un homme condamné pour sa liaison avec une ado de 14 ans

Fâché de la voir s’éloigner, un homme de 26 ans avait partagé sur Internet une photo intime de son amie de 14 ans. L’adolescente fait 2 tentatives de suicide

Illustration justice © Pierre COUBLE

«Oui je savais que je n’avais pas le droit d’avoir des relations avec une mineure de moins de 15 ans, mais je n’ai su son âge qu’une semaine après le début de notre relation », plaide Romain, lundi 5 octobre 2020, devant le tribunal correctionnel de Dieppe.

Cet homme âgé de 27 ans, résidant près de Tôtes, répond d’« atteintes sexuelles » et d’« atteinte à l’intimité de la vie privée » par la diffusion d’une photo intime.

C’est cette image, publiée par dépit sur le réseau social Snapchat, le 11 avril 2019, qui a lancé l’enquête.

L’adolescente, âgée de 14 ans et demi, apparaît en slip de bain, la poitrine dénudée, masquée par un bras.

Romain n’aurait pas supporté que la jeune fille s’éloigne de lui.

Même s’il retire vite cette photo, le mal est fait.

 

Amie sur Facebook

L’avocate de l’AVIM (Aide aux victimes, informations, médiations, association administratrice ad hoc de l’adolescente, pointe la gravité de la situation :

« Elle a fait deux tentatives de suicide. »

La partie civile ne croit pas à la méconnaissance de l’âge, compte tenu des modalités de la première prise de contact :

« Monsieur l’a demandée en amie sur Facebook. Sur le profil, il y a la date de naissance. Il avait donc parfaitement connaissance de son âge. »

La collégienne est tombée amoureuse du jeune homme, alors âgé de 26 ans.

Et réciproquement, apparemment.

« Monsieur a reconnu qu’il y avait bien eu deux fellations. Comme elle était consentante, il vient nous dire que ce n’était pas si grave. »

Au cours de l’enquête, ils ont évoqué des caresses mutuelles, mais pas d’autre acte de pénétration.

« C’est parce qu’elle a refusé, mais il lui avait bien proposé de coucher avec lui, contrairement à ce qu’il dit », soutient l’avocate chargée de défendre les intérêts de l’adolescente.

« C’est grave…»

Romain assure que la liaison n’était pas cachée :

« Ses parents m’ont dit qu’ils étaient au courant dès le début. Aujourd’hui, il n’y a plus rien entre nous. »

Le président rapporte :

« L’expert dit qu’il y a des problèmes psychiatriques vous concernant. »

« Peut-être, mais je n’en parlerai pas. C’est grave… », bredouille le prévenu : « Ça remonte à l’enfance. C’est personnel, je n’en parlerai pas. »

Le magistrat regrette son silence et informe ses assesseurs que le garçon a déjà été condamné à deux reprises.

D’une part pour exhibition sexuelle, d’autre part pour cambriolage.

Il travaille.

La procureure requiert dix-huit mois de prison, dont neuf assortis d’un sursis probatoire durant deux ans, notamment une obligation de suivi psychiatrique ou psychologique.

 

« J’étais amoureuse »

L’avocat de Romain estime qu’un élément capital manque aux débats, qui expliquerait pourquoi la collégienne est représentée par un administrateur ad hoc :

« Cette enfant vient indiquer qu’elle est régulièrement frappée par son père. Elle porte des traces de coups, des bleus. C’est une jeune fille qui était en danger. La question, c’est de savoir s’il s’est appuyé sur la fragilité de cette jeune fille. »

Concernant la photo, il réfute tout caractère sexuel :

« On ne voit pas la poitrine ni les parties intimes, car elle est en maillot. Il n’y a pas de caractère sexuel. »

Il ajoute que ces faits « sont intervenus alors qu’elle avait 14 ans et 11 mois. Elle le dit elle-même, “j’étais amoureuse”.

Elle lui avait dit qu’elle avait 16 ans au départ. Après les faits, elle a essayé de reprendre contact avec lui, il a refusé. »

Le jugement

Le tribunal condamne Romain à un an de prison dont six mois avec sursis probatoire.

Il doit suivre des soins, travailler, ne plus entrer en contact avec l’adolescente, et lui verser 1 200 € de dommages et intérêts, somme à laquelle s’ajoutent 650 € de frais d’avocat de l’AVIM.

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