Blois | Accusé de harcèlement sur deux jeunes gymnastes, un ancien éducateur sportif a été condamné à 6 mois de prison avec sursis.

“Je les côtoie depuis presque dix ans, on se voit quinze heures par semaine, alors, forcément, on devient le confident, le médiateur, le copain… la barrière est dure à mettre en place.” Ainsi s’exprime à la barre Olivier (*), éducateur sportif (désormais licencié) d’un club local de gymnastique.

Tribunal correctionnel de Blois.

L’entraîneur de 40 ans est accusé de harcèlement – moral et sexuel – par deux familles de jeunes gymnastes, Noë et Lucas (*).

Et c’est justement parce qu’il n’a pas su lui trouver sa place, à cette fameuse barrière, qu’Olivier est sommé de rendre des comptes à la justice comme à ses deux victimes.

On lui reproche des tirs nourris de SMS, de l’aube au coucher des adolescents, assortis de petits cœurs ponctués de « je t’aime » enflammés.

Les avocates de la partie civile ont rassemblé presque 10 pages de retranscription de SMS au printemps 2017 où l’entraîneur s’exerce aussi à des plaisanteries grivoises sur la taille de son sexe.

Ou bien s’inquiète de connaître le chemin que prend la main des adolescents sous la couette…

Il est également question de photos polissonnes envoyées par son portable et de séances d’étirement aux mains baladeuses.

« Pensez-vous, Monsieur, que vos messages étaient adaptés à des jeunes de 15 ans ? », s’enquiert, d’un ton cassant, Matthieu Renaudin, président du tribunal.

« Vu comme ça, non… », réplique l’entraîneur qui assure avoir pris du recul depuis les faits.

« Je n’avais pas d’intention malveillante, je communiquais dans le langage des adolescents. »

Le président l’interroge sur les quelques nuits de Noë passées sous le toit de l’entraîneur pour éviter des retours de compétition trop tardifs :

« Je ne l’ai jamais forcé, j’avais l’accord des parents. »

Des parents pourtant attentifs qui ont senti l’emprise malsaine sur leur enfant.

Et ont réclamé à plusieurs reprises une distance raisonnable entre coaching et intrusion dans leur vie intime.

Finalement, ce seront les larmes et le mal-être des jeunes gens qui les décideront à porter l’affaire en justice.

« Mon fils recevait tant de SMS de son entraîneur !

Parfois, c’était juste pour lui dire : “ Salut je me lève ! ”

Où était le critère de normalité ? », avoue, désemparée, la maman de Lucas à la barre.

L’avocate de la famille de Noë, Me Éléonore Terrien-Freneau, évoque la jalousie féroce d’Olivier lorsque son protégé succombe au charme d’une gymnaste.

« Son entraîneur lui écrit : “ J’en suis malade, je n’en dors plus ! ”

On ne parle plus de gym, là ?

C’est une obsession, il mélange tout ! » Me Céline Toulet, en charge des intérêts de Lucas, prend le relais :

« Qu’il y ait un attachement, on peut le comprendre, mais un entraîneur doit être exemplaire, il est là pour protéger les jeunes. »

La substitut du procureur n’hésite pas à parler de « comportement déviant » :

« Il n’en a pas conscience, car il se comporte lui-même comme un enfant ! »

Et de requérir douze mois dont six ferme.

« Les SMS sont un mode de communication infantilisant », rétorque Me Angéline Paris, pour la défense.

« Mon client ne s’est rendu compte de rien, il n’y a pas l’élément intentionnel.

Il n’y a aucune agression sexuelle.

Il a juste perdu le fil de l’adulte et du mineur. »

“ Abus de pouvoir ” Le tribunal a estimé que l’entraîneur a réellement franchi la ligne blanche et l’a condamné à six mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve.

Il devra verser l’euro symbolique réclamé par la famille de Lucas et 2.300 € à celle de Noë.

Il lui est également signifié l’interdiction d’exercer toute activité en contact avec des mineurs.

« Dire “ Je t’aime ” à un jeune qu’on entraîne, c’est de l’abus de pouvoir », en terminera le parquet.

(*) Les prénoms ont été modifiés.

Source : La Nouvelle République

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