Besançon | L’oncle abuseur jugé 25 années après

L’homme qui se présente à la barre, aujourd’hui quadragénaire et père de famille, avait abusé de sa nièce d’à peine 5 ans au début des années 90.

Cette dernière a décidé de porter plainte, 25 ans plus tard, pour que son calvaire soit reconnu.

L’histoire est encore difficile à écouter pour les deux parties.

L’oncle a profondément honte de ce qu’il a fait et sa nièce lui en veut d’avoir gâché son enfance et une bonne partie de sa vie d’adulte, même si les attouchements sexuels dont elle a été victime ne se sont déroulés que sur un très court laps de temps, pendant deux périodes de vacances scolaires.

La petite venait alors chez sa grand-mère et dormait dans la chambre de son oncle.

Deux lits y étaient disposés.

Très souvent, le jeune homme de l’époque, 19 ans, invitait l’enfant à le rejoindre la nuit.

Il faisait monter la petite fille sur ses genoux, la déshabillait et lui faisait subir ce qui lui passait par la tête.

Il lui chuchotait parfois une chanson pour accompagner ses gestes.

Les deux protagonistes ont ces souvenirs sordides en commun.

Il a reconnu les faits devant les enquêteurs en 2012 lorsque la nièce, devenue adulte, a porté plainte.

Cette dernière affirme que les atteintes sexuelles étaient nombreuses.

Lui n’en reconnaît que deux.

Tout s’est arrêté lorsque l’oncle est parti faire son service militaire.

Il n’a jamais recommencé par la suite.

« Au cours des mois et des années qui se sont écoulés après les faits, avez-vous repensé à ce que vous lui aviez fait subir ? », demande la présidente du tribunal au prévenu.

« Oui, lorsque je la voyais en réunion de famille. Elle n’en parlait pas. Elle semblait normale. Je me sentais extrêmement coupable. »

« Je ne suis plus celle qui se laisse faire comme une poupée »

La victime, présente lors de l’audience, peine à refouler ses larmes.

Les magistrats l’invitent à s’exprimer.

« J’ai 30 ans aujourd’hui. Je suis mariée, j’ai un garçon. Le déclic s’est fait en moi lorsque ma grand-mère est morte. J’ai su alors que je pouvais en parler à mes proches sans lui faire de mal à elle. Elle n’aurait pas supporté d’apprendre ce que son fils m’avait fait. Toute cette histoire a atteint ma vie privée. Je suis angoissée, je fais des cauchemars. Je ne veux pas que mon fils aille en vacances chez quelqu’un. Je ne cherche pas à me venger. Je veux juste qu’il soit puni pour ce qu’il m’a fait endurer. Qu’il sache que je ne suis plus celle qui se laisse faire comme une poupée. »

L’expertise psychiatrique faite sur le prévenu démontre que l’adolescent qu’il était souffrait d’une névrose de l’échec.

Immature, il n’a pas eu de véritables repères sexuels avant sa rencontre avec sa future compagne.

Dès lors, il a changé du tout au tout.

L’expert affirme, dans ses conclusions, que l’adulte qu’il est devenu n’a aucune inclination pédophile ou perverse.

Le procureur Vladimir Vukadinovic reconnaît que les regrets du prévenu sont sincères et qu’il n’est pas dangereux.

« Mais il faut montrer à la victime que nous l’écoutons », ajoute-t-il.

Il requiert un an de prison à l’encontre du prévenu et la poursuite des soins que ce dernier a déjà entrepris.

Jérôme Pichoff, son avocat, insiste sur le fait que son client a tout confessé à sa famille.

« Celui qu’il était il y a 25 ans n’est plus celui qu’il est aujourd’hui. »

Le tribunal, après avoir longuement délibéré, décide de le condamner à un an de prison avec sursis.

Il devra indemniser sa victime à hauteur de 5 000 € au titre du préjudice moral.

Il ne sera pas inscrit au fichier des délinquants sexuels.

Toute cette histoire a atteint ma vie privée. Je suis angoissée, je fais des cauchemars.

Source : Est Républlicain

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