Berck | Faible condamnation pour celui qui abusait sa jeune belle-soeur pendant des années
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 02/07/2022
- 00:54
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Tout a commencé alors que Jeanne* avait dix ans.
Sa sœur aînée, sa « seconde maman » comme elle l’appelle tendrement, vit en couple.
Régulièrement, la petite fille passe le week-end chez elle.
Son beau-frère est proche d’elle : ensemble ils jouent aux jeux vidéos, regardent des films.
Mais la nuit, l’homme se lève au prétexte de boire de l’eau et la rejoint dans son lit. Là, il se livre à des attouchements, caresse son intimité.
Lorsqu’elle s’en rend compte, Jeanne le repousse mais parfois elle dort profondément lorsqu’il se glisse derrière elle.
Il lui est arrivé de se réveiller, le bas de pyjama baissé, un liquide blanc collant sur les jambes. Sa sœur, qui souffre d’un handicap auditif, porte des appareils qu’elle enlève la nuit.
Elle trouve que son compagnon se lève souvent mais n’a aucun soupçon. Pour la protéger, Jeanne se tait, pendant cinq ans.
Lorsqu’elle rentre chez elle, elle est épuisée :
« Je veillais par peur qu’il vienne » explique-t-elle aux magistrats.
Et puis un enfant s’annonce chez le couple. Une petite fille. C’est Jeanne qui sera la marraine.
Elle se réjouit puis s’alarme : et si son beau-frère reproduisait son comportement sur le bébé ?
Elle décide alors de parler et porte plainte pour protéger sa filleule.
À la barre du tribunal, le trentenaire nie toute agression. L’examen psychiatrique de la jeune victime montre cependant qu’elle est mature et cohérente.
« Elle s’est trouvée enfermée dans un système toxique et s’est sacrifiée pour ne pas causer de tort à sa sœur qu’elle estime fragile », conclut le médecin.
Tous ces faits l’ont profondément affectée ainsi que sa famille.
Me Wacquet, son avocate, lit un extrait d’une lettre bouleversante que la jeune fille a écrite pour exorciser ce douloureux passé.
« On l’a tuée à petit feu », pointe-t-elle.
Le président salue son courage et sa dignité avant d’évoquer le profil psychiatrique du prévenu : pas de trouble mais peu d’empathie et une incapacité à l’autocritique.
« Inquiétant », estime le procureur adjoint qui requiert 24 mois de prison avec sursis probatoire pendant trois ans à l’encontre du prévenu.
Me Penel, son conseil, pointe des incohérences dans le dossier. Elle plaide la relaxe au bénéfice du doute.
Le délibéré
Le tribunal condamne le prévenu à 3 ans de prison dont 2 avec sursis, une interdiction de contact pendant trois ans avec la victime qu’il devra indemniser à hauteur de 10 000 € pour le préjudice subi.
Il est inscrit au Fijais, fichier automatisé des auteurs d’infractions sexuelles.
Un mandat de dépôt a été délivré, l’homme est parti en prison.
* Le prénom a été modifié pour préserver la victime.
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