Belgique | Cinq hommes accusés d’être au cœur d’un réseau pédophile actif en Belgique et à l’étranger

Une affaire de pédophilie hors norme devant la justice belge

Les enquêteurs ont jusqu’alors identifié 38 victimes, mais il en reste encore des milliers d’autres qui n’ont pas encore été identifiées.

Cinq hommes – trois Belges, un Néerlandais et un Britannique – sont accusés d’être au cœur d’un réseau pédophile sans précédent, qui a été actif en Belgique et à l’étranger.

Ils auraient durant plusieurs années, fabriqué et diffusé de la pédopornographie. Il est question de 9 millions de photos et vidéos.

Les suspects, pères de famille et célibataires, comparaissent vendredi 17 janvier devant le tribunal correctionnel de Termonde.

Il y aurait des milliers de victimes, dont 38 ont pu être identifiées pour l’instant par les enquêteurs.

Il s’agit des propres enfants des suspects, beaux-enfants et enfants de connaissances.

” C’est le plus gros dossier depuis la création de Child Focus”, confirme Kris Luyckx, l’avocat qui représente l’organisation qui lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants.

Le 24 mai 2015, la police arrête Michaël T. Le Courtraisien de 34 ans est interpellé sur la plage de Blankenberge alors qu’il photographie des enfants (à moitié) nus.

Ce n’est pas la première fois. Dix ans plus tôt, la police l’avait déjà interrogé pour des faits similaires. Lors d’une perquisition à son domicile, du contenu pédopornographique est découvert.

Les enquêteurs mettent la main sur 11.776.954 fichiers. L’enquête révèle des échanges réguliers entre le suspect et Dimitry D. (alors 28 ans), un spécialiste en informatique de Wetteren, et Niels M. (alors 26 ans), un manager de Saint-Trond.

En regard de l’ampleur du dossier, des analystes d’Interpol sont appelés à se pencher sur l’affaire. Plusieurs services de police belges et étrangers mettent sur pied une collaboration.

L’opération Azraël est née. Des ” vieux fichiers “, des photos et vidéos déjà apparues dans d’autres enquêtes, sont retrouvés. 664 inédits sont également saisis.

L’enquête permet de déterminer la participation d’autres intervenants. Lars De R. (alors âgé de 23 ans), un Néerlandais connu pour sa participation à  ” Holland’s Got Talent ” en 2009, et Samuel K., un Britannique âgé de 33 ans, sont ajoutés à la liste des suspects.

Dimitri D. est désigné comme le ” bibliothécaire “. Il aide ses complices à cacher les fichiers et organise les dossiers selon le type d’abus, l’âge et l’origine des victimes. Il détient les mots de passe des autres et prend parfois le contrôle de leurs ordinateurs à distance.

Ils opèrent notamment sur Omegle, un site de chat populaire où les utilisateurs peuvent converser anonymement. Ils se font passer pour des jeunes filles et contactent des garçons mineurs.

Ils envoient des prétendues photos de poitrines dénudées et demandent ensuite à leurs interlocuteurs ” de montrer quelque chose “. Les images sont enregistrées et partagées avec d’autres pédophiles.

Les échanges entre les cinq suspects ne sont pas seulement virtuels. Ils se rencontrent à plusieurs reprises. Ils emmènent leurs propres enfants ou des enfants de leur entourage.

Les rendez-vous sont planifiés aux quatre coins du pays. L’un d’entre eux est fixé à la patinoire de Gand où le contact avec des mineurs est recherché.

Lors de discussions en ligne, ils expriment clairement leurs ” préférences ” basées notamment sur l’âge. Ils recherchent principalement des garçons, mais des photos et vidéos de filles sont également détenues, elles font office de monnaie d’échange.

En 2014, Michael T. est incarcéré pendant quelques mois. À sa libération, il prend immédiatement rendez-vous avec ses anciens complices. La bande se réunit au Zoo d’Anvers, dans un B&B à Gand et au marché de Noël à Gand.

” Nous nous sentons tous attirés par les enfants, mais cela ne veut pas dire que nous commettons réellement de tels actes “, déclare notamment Dimitry D, aux enquêteurs, à l’heure de répondre aux soupçons d’abus sur mineurs.

Niels M. nie avoir abusé ou permis à d’autres d’abuser de ses propres enfants. Il admet toutefois avoir forcé son fils et son beau-fils à se masser l’un l’autre et avoir filmé la scène. Via webcam, Michael T. y assiste en direct.

Lars De R. échange des fichiers avec le ” childpornoclub ” lors de voyages sexuels en Inde. Dans les conversations, le Néerlandais affirme qu’il peut facilement y avoir des relations sexuelles avec des enfants en échange d’un peu de nourriture ou d’argent.

Il purge actuellement une peine de 4 ans de prison pour avoir abusé de mineurs aux Pays-Bas.

Le Britannique Samuel K. travaille comme garçon au pair en Angleterre, en Irlande, en Espagne et en Allemagne. Il prend des photos des enfants dont il s’occupe et nourrit le réseau. Il descend aussi dans notre pays pour faire protéger son ordinateur.

” Cette enquête s’est révélée très compliquée “, confie Heidi De Pauw, PDG de Child Focus, à nos confrères de Het Laatste Nieuws.

” Les suspects sont jeunes et se rencontraient dans des endroits où vous et moi nous rendons au quotidien. La patinoire, le marché de Noël… Il faut se débarrasser du poncif qui veut que les auteurs de tels faits nous sont complètement étrangers. Il peut très bien s’agir de notre voisin “.

Les enquêteurs ont identifié 38 victimes, belges, mais aussi allemandes, néerlandaises, portugaises et américaines.

” Mais il y a encore des milliers de victimes qui n’ont pas été identifiées à partir de ces photos et vidéos. Cela doit être considéré comme une priorité “.

 

Source : 7sur7.be

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