Belfort | Bracelet électronique pour le prof récidiviste accusé d’atteinte sexuelle

Devant le tribunal, la victime, aujourd’hui âgée de 27 ans, a expliqué avoir dénoncé les faits pour éviter de nouvelles victimes.

Prévenu d’atteinte sexuelle sur un mineur de plus de 15 ans commise par une personne abusant de l’autorité de sa fonction, un ancien professeur d’un lycée de Belfort* a été condamné à un an ferme, ce mardi, par le tribunal correctionnel de Belfort.

Renvoyée une première fois le 10 janvier dans l’attente des résultats de l’expertise psychologique de la victime, l’audience a failli ne pas avoir lieu.

En ouverture, la présidente a soulevé, au vu de ses résultats, une difficulté sur la qualification des faits se demandant s’il ne fallait pas renvoyer l’affaire à un juge d’instruction.

Mais après un bref débat, le tribunal a décidé de juger l’affaire en l’état pour épargner à la victime l’épreuve d’une procédure rallongée.

« Trois ans d’enfer »

Aujourd’hui âgée de 27 ans, elle est venue témoigner à la barre des « trois ans d’enfer » vécus entre 2012 et 2015.

Et qu’elle a eu le courage de dénoncer en novembre 2020 dans un courrier adressé au procureur de la République de Belfort.

Dans lequel elle dit avoir entretenu pendant trois ans une relation avec ce professeur de français, qui l’accompagnait dans le cadre d’un tutorat.

En 2012, elle a 16 ans ; lui, 47.

Se décrivant comme fragile psychologiquement, la jeune femme qui n’a pas connu son père raconte :

« S’être sentie différente parce que pour la première fois quelqu’un s’intéressait à moi. Ça m’a fait du bien ; le reste, je l’ai accepté pour ne pas perdre ça »

Le reste, ce sont de multiples rapports sexuels au lycée, chez elle après le départ de sa mère au travail ou chez l’enseignant…

La jeune femme, qui a découvert en 2019 des messages « malsains » entre le professeur et une mineure de 13 ans, explique :

« Longtemps, j’ai cru que c’était une belle histoire, mais je me voilais la face.

C’est pour éviter de nouvelles victimes que j’ai décidé d’en parler »

Déni systématique

Le prévenu, aujourd’hui âgé de 58 ans, conteste.

Dans le déni face aux conclusions des experts, il parle d’une « relation entièrement partagée, de sentiments sincères ».

Voire d’une « emprise réciproque ».

Acculé par le ministère public sur l’absence de distance avec son élève, l’écart d’âge ou sa volonté d’exploiter la fragilité de son élève, il proteste :

« Rester sur des sentiments aussi négatifs, c’est nier tout ce qu’on a pu s’apporter l’un à l’autre. »

Le procureur n’a pas de mots assez durs pour qualifier :

« Des faits d’une exceptionnelle gravité commis dans un sanctuaire de la République, l’école ».

Dénonçant l’attitude d’un prévenu à « la dangerosité certaine » (NDLR : il a déjà été condamné en 2004 à Mulhouse pour des attouchements sur une élève de 13 ans), il demande une peine exemplaire : trois ans de prison ferme avec mandat de dépôt.

Me Valérie Chassard, avocate de la victime, s’est dite « frustrée que le prévenu n’ait toujours pas compris les faits reprochés.

Au lieu d’aider une ado fragile psychologiquement, il s’est servi de ça pour en faire sa proie ».

« Pas de façon intentionnelle »

Pour la défense, Me Anne Perrez a pris le contrepied en plaidant la relaxe.

« Je crois à cette histoire d’amour.

L’image de manipulateur qu’on nous dépeint ne colle pas avec la personnalité de mon client, qui a toujours été transparent sur cette relation même avec sa famille.

Si une infraction a été commise, elle ne l’a pas été de façon intentionnelle. »

Le tribunal a finalement condamné l’enseignant à deux ans de prison, dont un an avec sursis simple.

Le quinquagénaire, qui sera soumis à un suivi sociojudiciaire pendant cinq ans et inscrit au fichier des auteurs d’infractions sexuelles et violentes (Fijais), effectuera sa peine sous bracelet électronique.

Le tribunal a aussi prononcé l’interdiction définitive de toute activité professionnelle ou bénévole en lien avec des mineurs.