Belfort | 12 ans de prison pour viols et agressions sexuelles sur mineur

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Reconnu coupable du viol d’une fillette de 10 ans et de l’agression sexuelle de deux adolescentes
Le luthier de 37 ans à une “personnalité inquiétante” et qui “présente une perversion sexuelle avec un risque de récidive” à écopé d’une peine de 12 ans de prison.

A l’annonce du verdict, les trois jeunes victimes aujourd’hui âgées d’une vingtaine d’années, s’enlacent quelques minutes. Des larmes coulent sur les joues de certaines d’entre elles.

Leur agresseur, un luthier belfortain de 37 ans, a été condamné jeudi dernier à 12 ans de réclusion criminelle pour le viol d’une fillette de 10 ans en 2007 et l’agression sexuelle de deux adolescentes en 2010 et en 2015, ainsi que pour la consultation d’images pédopornographiques.

La cour d’assises du Territoire de Belfort et de Haute-Saône l’a reconnu coupable, et l’a condamné également à ne plus entrer en contact avec ses victimes. Il est désormais inscrit au fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes, et se voit prescrire une obligation de soins.

La cour d’assises a en effet estimé que les déclarations de la victime étaient :

“Corroborées par des faisceaux d’indices”.

Ainsi, les aveux du luthier lors de sa garde à vue en mars 2018, qu’il a ensuite niés, “ont été pris en compte”. D’autres éléments montrent la crédibilité des propos de viol a expliqué le président de la cour, comme “le témoignage des parents de la victime, ou encore celui de l’enseignant” qui a aidé la jeune fille a révélé les faits.

En revanche, le tribunal n’a pas condamné le luthier à la peine maximale, soit 20 ans de prison, car la “fréquence” des viols n’est pas établie : “A t-elle été violée une fois, une dizaine ou une centaine ? La cour reste démunie” et ne peut donc pas se prononcer à ce sujet. Le président affirme également que les jurés ont pris en considération l’absence de passé judiciaire du trentenaire.

Durant le procès, l’avocat général a requis 12 années de réclusion criminelle.

Pour le magistrat, les faits sont “établis” : le luthier “à la personnalité inquiétante” et qui “présente une perversion sexuelle avec un risque de récidive” a fait de ses victimes des “proies”, et a “cabossé” toute une famille.

Il a “abîme, souillé, sali” une fillette de 10 ans.

Le procureur ajoute qu’il est certain que les victimes d’agression sexuelle ont elle vécu “un immense stress” de la part de cette “homme jusque-là sans histoire, lisse, qui pour des raisons diverses a dérapé, et le mot est faible”.

Me Nelly Rouzet, avocate d’une des victimes d’agression sexuelle a fait valoir “le profond malaise” vécu derrière la porte bleue de l’atelier du luthier à Belfort :

“Il a mis son travail au service de son appétence pour les jeunes femmes et les enfants”.

Elle voit un homme qui procède à chaque fois de la même manière face à ses victimes :

“Des femmes ou des fillettes qui se voient poser des questions sur leur intimité, alors qu’elles sont clientes. Il les enlace, leur sollicite des bisous, des câlins, et joint le geste à la parole”.

L’avocate de Jeanne*, victime de viol, Me Amélie Beaumont, a salué la décision de la cour :

“Le verdict est parfaitement satisfaisant. Il était important que la culpabilité soit reconnue et que la victime entende de la bouche du président que non seulement ses propos étaient crédibles et corroborées par des éléments indiscutables”.

L’avocate revient sur la volonté de l’accusé de se montrer comme :

“Un pauvre luthier un peu maladroit, un bouc émissaire, qui n’a consulté des sites pédopornographiques que pour se soigner des agissements de son père. Qu’on ne s’y trompe pas, c’est de la poudre aux yeux. Il y a des éléments objectifs”.

Parmi ces éléments selon elle :

“Le même mode opératoire utilisé pour toute les femmes, avec la reine des preuves : ces sms adressés à une fillette de 12 ans, où il demande si elle veut être son amoureuse. Au même moment, il consultait alors des sites pédopornographiques. L’intention pédophile est évidente “.

Dans son plaidoyer, ainsi qu’à l’issue du procès, Me Jean-Baptiste Euvrard, l’avocat de la défense, parle d’une décision :

“Mi-figue, mi-raisin. La cour nous a entendus sur le fait qu’il n’y avait pas de démonstration de l’intégralité des assertions développées par les parties civiles, mais n’est pas allé au bout du raisonnement en retenant la culpabilité de mon client”.

L’avocat dénonce le manque d’objectivité de l’enquête :

“On a eu une victime qui n’a a jamais été contredite. Elle l’aurait vu une fois par semaine pendant quatre ans, soit 224 rencontres, et il faudrait prendre cela pour argent comptant ? Il n’y a pas une seule question pour savoir qui elle a vu avant, après, de quels odeurs se souvient-elle, quel vêtements portait-il ? Si on veut croire, on va à l’Eglise, à la mosquée, ou à la synagogue, on ne va pas dans les salles d’audience. (…) Ici c’est la raison qui l’emporte, notre droit pénal ce sont des preuves, pas une somme de peines”.

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