Aurillac | Après 15 années d’agressions sexuelles sur ses petites filles, un homme de 75 ans condamné à 5 ans de prison ferme

Elles étaient cinq cousines à faire bloc derrière leur grand-père, renvoyé devant le tribunal correctionnel d’Aurillac, ce jeudi 3 octobre. Il a été condamné à cinq ans de prison ferme pour des agressions sexuelles sur ses petites filles, entre 2003 et 2018.

© Jérémie FULLERINGER

C’est un coup, comme une corde qui rompt sous trop de tension, en plein cœur d’une audience correctionnelle. Il est rare qu’une victime frappe le prévenu dans un tribunal.

C’est arrivé à Aurillac, ce jeudi 3 octobre.

À la barre, un homme de 75 ans, renvoyé devant les juges.

Visage rond, lunettes rondes, épaules voûtées, il lui est reproché d’avoir agressé sexuellement cinq de ses petites-filles, de 2003 à 2018.

Devant les gendarmes, il a reconnu les faits.

Toutes dénoncent le même type de comportement : il les touche, sort parfois son sexe, les force à le toucher et il leur intime, enfin, de ne pas en parler.

Elles avaient entre 5 et 14 ans, elles venaient passer les week-ends et les vacances à la maison.

Derrière lui, les cinq cousines sont là, soutenues quelques bancs plus loin par le reste de la famille, cousines, mamans, tantes et oncles.

Seule la grand-mère est légèrement à l’écart : elle ne glissera pas un regard vers son mari, cet « étranger », de toute l’audience.

« On fait chambre à part, explique-t-elle, chancelante.

Je ne me vois pas le quitter après 52 ans de mariage. »

Le prévenu, lui, est spectateur de son audience.

Travaillé par le président Philippe Juillard pendant plus de deux heures, il ne parviendra jamais à esquisser un semblant de phrase.

Il n’a pas pris d’avocat pour porter sa parole

« Impassible il est venu, impassible il repartira, enrage Me Fournier, avocate des petites-filles.

Elles repartiront tristes, et pleines de colère. »

Ce sont elles qui ont éclairé les magistrats.

Les faits ont été dénoncés par la plus jeune, à son ergothérapeute d’abord, avant que la nouvelle ne se répande dans la famille, fasse parler ses cousines.

L’adolescente de 15 ans se lève, parle aux juges mais aussi à sa famille, raconte sa peur des personnes âgées, ses angoisses, ses tentatives de suicide. Aujourd’hui :

« je n’arrive pas à me laver, parce que je me sens sale. »

Une autre, aujourd’hui adulte, a perdu le lien avec sa maman : elle ressemble trop au grand-père, « je n’arrive plus à la regarder dans les yeux. »

Une autre ne parle pas, mais frappe donc son grand-père à plusieurs reprises.

Il a été forcé de s’asseoir devant elle pour entendre ses victimes, elle n’aura pas supporté sa présence.

Trop proche.

Les mamans, elles, se sont retrouvées démunies, trompées :

« Je veux te voir mort.

Tu as détruit la vie de mes enfants, j’ai honte d’être ta fille », lâche l’une, comme une insulte, en fixant un prévenu monolithique, fermé.

« Il était chez nous, il était à notre table, culpabilise une autre, épouse de son fils.

Et quand on avait le dos tourné, il tripotait nos gosses… »

Le président, après une énième tentative d’arracher un brin de vérité au prévenu, un début de réponse, soupire, lance un regard au reste de la famille.

D’expérience, sans préjuger du dossier mais en s’appuyant sur tout ceux qu’il a traité dans sa longue carrière, il les rassure :

Ce n’est jamais la victime qui est fautive

Toujours immobile, le prévenu n’a pas cillé quand Me Fournier a demandé 10.000 € pour deux victimes, 15.000 € pour les trois autres.

Il n’a pas tremblé lorsque le procureur Slovia Stelzig a requis cinq ans de prison ferme et cinq ans de suivi sociojudiciaire, avec obligation de soin et d’indemniser les victimes, interdiction d’entrer en contact avec elles ou des mineurs, de se rendre où elles habitent.

Enfin, le grand-père n’a pas tremblé quand les réquisitions ont été confirmées par le tribunal.

Il devra payer entre 5.000 et 6.000 € à chaque victime.

Il est ressorti libre et a dix jours pour faire appel : sinon, il sera convoqué dans les prochains jours pour purger sa peine.

Source : La Montagne

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