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“C’est forcément un échec parce que l’on aurait aimé la retrouver vivante.”
Un peu moins de 24 heures après le lancement d’une alerte enlèvement, le procureur de la République d’Angers, Eric Bouillard, a annoncé dimanche 9 février que Vanille, 1 an, disparue à Angers (Maine-et-Loire) depuis vendredi, a été retrouvée morte.
La mère de l’enfant, qui avait été interpellée dimanche matin à Nantes, a avoué le meurtre de sa fille. Souffrant de troubles psychiatriques, elle n’a pour l’instant pas expliqué son geste lors de sa garde à vue. Franceinfo détaille ce que l’on sait de cette affaire.
Le corps de la fillette retrouvé dans une benne à vêtements dimanche
La fillette a été retrouvée morte dimanche à 17h30 dans un conteneur de vêtements, a annoncé Eric Bouillard lors d’une conférence de presse en début de soirée. Ce conteneur se trouve près du domicile de la mère, Nathalie Stéphan, qui a avoué avoir tué sa fille lors de sa garde à vue. “Elle a conduit les enquêteurs à cet endroit”, a-t-il précisé.
Le corps de Vanille a été retrouvé dans une benne à vêtements de la région d'Angers, indique le procureur. pic.twitter.com/Cl1HQ8DKzG
— franceinfo (@franceinfo) February 9, 2020
“La maman nous a confirmé avoir donné la mort à son enfant vendredi avant même l’heure à laquelle elle devait la remettre à la référente de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) [et donc bien avant le déclenchement de l’alerte enlèvement, samedi soir]. Les médecins légistes sont arrivés sur place et ont retrouvé le corps”, a déclaré Eric Bouillard.
Selon ce dernier, Nathalie Stéphan aurait tué Vanille entre 13 heures et 15 heures.
La mère de Vanille n’a pas donné d’explications
La mère de Vanille, qui souffre de troubles psychiatriques, n’a pas fourni d’explications sur son geste. Le mobile devra être déterminé lors de la suite de la garde à vue, a indiqué Eric Bouillard. Nathalie Stéphan a évoqué un étouffement ou une strangulation.
“Le médecin légiste va faire les premiers examens pour savoir comment la mort a été donnée”, a précisé le magistrat.
Lors de la garde à vue, la mère “a fourni très peu d’explications. Vous comprenez qu’il a été très compliqué de l’amener à nous dire où se trouvait l’enfant. On va progressivement essayer d’avancer”, a insisté le magistrat. En revanche, elle a déclaré aux enquêteurs qu’elle était “borderline”, a appris franceinfo de source judiciaire.
Selon le parquet, Nathalie Stéphan a séjourné au cours de l’année 2019 dans un service de psychiatrie. Elle avait fait une tentative de suicide en mars dernier. Des expertises psychiatriques doivent être menées pour préciser son état mental.
Arrêtée grâce à l’alerte enlèvement
Nathalie Stéphan a été retrouvée dimanche matin à Nantes, sans sa fille. Elle a été placée en garde à vue pour “soustraction de mineur par un ascendant”. Elle a également été examinée par un médecin.
“Le dispositif a permis ce matin [dimanche] de retrouver la maman dans un hôtel de la ville de Nantes (…). Mais la petite fille n’a pas été retrouvée”,
a d’abord annoncé le procureur de la République d’Angers lors d’une conférence de presse dimanche matin, faisant déjà part de sa grande inquiétude.
Alerte enlèvement : "Le dispositif a permis ce matin de retrouver la maman dans un hôtel de Nantes. Notre inquiétude est extrêmement grande encore car l'enfant n'a pas été retrouvée", annonce le procureur d’Angers Éric Bouillardhttps://t.co/RvVBHzbrfo pic.twitter.com/EBNB1BbLoN
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La mère n’avait pas ramené sa fille dans son foyer vendredi
La mère de la fillette devait la raccompagner dans un foyer vendredi en milieu d’après-midi.
“Vanille était confiée à sa mère. L’enfant est hébergée actuellement entre une famille d’accueil et un foyer maternel, qui reçoit sa mère et qui lui permet de s’occuper de sa fille pendant un temps donné. Il était de quarante-huit heures dans la semaine, au moment où la fillette a disparu”,
avait expliqué le procureur de la République d’Angers, Eric Bouillard, à franceinfo.
“La maman avait l’enfant en charge depuis deux jours, elle devait remettre l’enfant vendredi soir aux services de l’aide sociale à l’enfance. Elle a quitté le foyer sans donner un signe quelconque vers 11 heures vendredi”,
avait précisé le procureur à franceinfo.
Nathalie Stéphan est hébergée depuis un an dans le centre maternel d’Angers, un foyer pour femmes enceintes et mères isolées.
Sa fillette avait été confiée à l’Aide sociale à l’enfance (ASE) et placée dans une famille d’accueil par le juge des enfants, mais elle pouvait continuer à voir sa mère régulièrement pendant un temps donné durant la semaine.
L’autopsie pratiquée sur Vanille a confirmé “le décès par un procédé d’étouffement”, a affirmé lundi le procureur de la République.
La mère de la petite Vanille, Nathalie Stéphan, est mise en examen pour “meurtre sur mineur de moins de 15 ans”, a appris mardi 11 février franceinfo auprès du parquet d’Angers.
Cette qualification criminelle lui fait encourir la perpétuité. La femme de 39 ans a été placée en détention provisoire.
Nathalie Stéphan a avoué avoir tué sa fille par étouffement le vendredi 7 février, jour anniversaire de la petite Vanille, qui avait tout juste un an.
“Le mobile semble être lié à son départ du centre maternel qui lui a été annoncé, dit-elle, le 3 décembre 2019, jour à partir duquel elle a décidé par divers moyens (…) de donner la mort à son enfant”, a déclaré lundi le procureur Eric Bouillard.
L’association L’enfant bleu veut se porter partie civile
L’autopsie de la fillette a confirmé “le décès par un procédé d’étouffement”, “dans un délai conforme à ce qu’indique la mère”, a précisé le procureur d’Angers dans sa conférence de presse ce lundi soir.
L’association L’enfant bleu annonce sur Twitter qu’elle va se “constituer partie civile pour comprendre ce qui a amené cette femme à donner la mort à son enfant, comment a-t-on pu, en connaissant son instabilité, lui remettre la petite fille sans défense”.
Nathalie Stephan “s’est sentie abandonnée par les services sociaux”, estime son avocate
Olivia Brulay explique à franceinfo que sa cliente, qui devait prochainement quitter le centre maternel qui l’hébergeait, “ne voyait pas d’issue à sa situation”.
Nathalie Stephan a été mise en examen et placée en détention provisoire, mardi 11 février, pour le meurtre de sa fille Vanille, âgée d’un an. Selon le procureur de la République d’Angers (Maine-et-Loire), Eric Bouillard, cette femme de 39 ans, qui souffre “de troubles psychologiques”, a assuré en garde à vue avoir prémédité son passage à l’acte pour le jour du premier anniversaire de la fillette, le 7 février. Elle devait quitter le centre maternel qui l’hébergeait trois jours plus tard. Pour son avocate, Olivia Brulay, ce départ avait plongé sa cliente dans un grand désarroi.
Franceinfo : Quelle a été l’attitude de Nathalie Stephan en garde à vue et devant le juge ?
Olivia Brulay : Elle a commis un geste irréparable, mais c’est une mère désespérée et en état de choc. Il est difficile de dire si elle réalise ce qu’elle a fait. Elle n’a pas d’explication rationnelle. Mais mon sentiment est qu’elle ne voyait pas d’issue à sa situation. Elle s’est sentie abandonnée par les services sociaux.
Vous faites allusion à son départ du centre maternel d’Angers ?
Oui. Il faut savoir que la première ordonnance de placement de Vanille rendue en mai 2019, trois mois après sa naissance, n’a pas été effective avant la fin de l’année. Faute de place, l’enfant avait été accueillie chez un assistant maternel du centre. Sa mère avait un droit de visite a minima d’une nuit et une demi-journée par semaine, mais elle a parfois gardé sa fille jusqu’à quatre jours de suite l’été dernier. Vanille n’a été placée officiellement dans une famille d’accueil que le 3 décembre.
Ce placement officiel a-t-il pu la déstabiliser ?
Oui, car le placement de sa fille est devenu concret. C’est la raison pour laquelle on lui a demandé de partir, même si elle gardait un droit de visite avec hébergement, élargi par le juge des enfants mi-décembre à une ou plusieurs nuits ainsi qu’une journée par semaine.
C’est la preuve qu’il y avait une véritable évolution positive des liens avec son enfant. Mais le centre maternel accueille d’ordinaire des mères qui ont leur enfant à temps plein. Afin de déroger à cette règle, nous avons demandé à l’Aide sociale à l’enfance (ASE) un double financement, pour l’accueil de Vanille et l’hébergement de sa mère.
On s’est heurtées à des questions budgétaires. Dès qu’on sort du cadre, les services n’essaient pas de trouver une solution adéquate, au cas par cas.
On est dans un blocage strictement administratif qui traduit un dysfonctionnement du système dans la protection de l’enfance.
Olivia Brulay, avocate de Nathalie Stephan à franceinfo
Pourquoi Nathalie Stephan n’était-elle pas en mesure, selon vous, de trouver un hébergement ?Elle connaissait ses fragilités. Ma cliente a été diagnostiquée borderline mais suivait scrupuleusement son traitement. On devait encore travailler son autonomie pour accueillir Vanille dans de bonnes conditions.
Elle-même a connu un placement à l’âge de 16 ans, a vu sa cellule familiale éclater. La perspective de quitter le centre maternel, véritable refuge pour elle, l’a replongée dans cette période et dans l’isolement. Plus la date fatidique du 10 février [jour fixé pour son départ] approchait, plus elle était inquiète.
Le procureur et le président du département ont malgré tout assuré que personne n’avait vu venir ce drame…
Il est vrai que rien ne laissait présager ce passage à l’acte. Je la trouvais de mieux en mieux, de plus en plus dans le lien avec Vanille, investie dans le travail avec l’ASE, les ateliers qu’on pouvait lui proposer. A ce titre, il n’y a eu aucune défaillance des services sociaux et du juge des enfants dans ce qu’ils ont pu préconiser.
Envisagez-vous une demande de remise en liberté ?
Il n’en est pas question pour le moment. Il faut d’abord que ma cliente se stabilise.
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