Amiens | 30 mois de sursis suite à son interpellation lors du coup de filet en décembre 2023

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Au total 8.359 fichiers sont découverts
Un homme de 54 ans a été condamné ce mardi à Amiens, pour la détention de plusieurs milliers d’images et vidéos à caractère pédopornographique. Le prévenu avait été interpellé lors d’un vaste coup de filet, fin 2023.

Il avait été arrêté, début décembre, lors d’un vaste coup de filet contre la pédocriminalité.

Un Amiénois de 54 ans a été condamné ce mardi à 30 mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel, pour avoir téléchargé plus de 8.000 photos et vidéos à caractère pédopornographique.

À la mi-janvier, un autre homme, interpellé la même semaine que le prévenu, avait lui été condamné à dix mois de prison avec sursis.

Deux hommes bientôt jugés à Amiens pour avoir téléchargé des milliers de fichiers pédopornographiques

En août 2023, l’Office des mineurs de la police judiciaire lance une opération de détection sur les réseaux de peer-to-peer.

83 adresses IP sont alors identifiées, dont celle du prévenu, reliée notamment à une vidéo où un couple apparait en pleine relation sexuelle, en présence d’un enfant “de deux à cinq ans”, rappelle la présidente.

Le signalement est transmis au parquet d’Amiens et les gendarmes interpellent finalement le suspect le 5 décembre dernier, chez lui. Ordinateur, téléphone, disque dur, sont saisis : au total, 8.359 fichiers sont découverts.

“J’ai besoin d’en parler pour me guérir de ces pulsions”

À la barre, ce mardi, ce salarié dans une usine, père de trois enfants, à l’enfance difficile, a bien du mal à retenir ses larmes.

Il reconnait télécharger ces contenus depuis “quatre ou cinq ans” et n’arrive pas à s’expliquer.

“J’ai effacé plusieurs fois ces disques durs, je me sentais mal, ce n’est pas bien”, reconnait-il.

“Pourquoi vous n’avez pas réussi à demander de l’aide ?”, questionne la présidente.

“C’est inavouable madame. Même avec la psychologue, c’est très très dur”, répond-il.

Quand le tribunal lui demande s’il s’était déjà interrogé sur “ce qu’il arrivait aux enfants derrière les images”, il l’assure :

“Non. Je ne savais pas tout le mal que cela pouvait faire.”

Aujourd’hui, le quinquagénaire estime que les séances avec le psychologue, depuis son interpellation, sont utiles.

“J’ai besoin d’en parler pour me guérir de ces pulsions, ce n’est pas évident d’entamer cette conversation, mais c’est bénéfique pour avancer dans ma vie.”

Obligation de soins psychologiques et psychiatriques

“Je l’entends beaucoup pleurer sur lui même”, souligne le procureur de la République, qui préfère lui rappeler les très nombreux contenus téléchargés. “Chaque image donne la nausée, ce sont des enfants, des très jeunes enfants, qui subissent des actes monstrueux. Quand on voit ces images, on ne peut pas comprendre comment on peut prendre plaisir à consulter de pareilles horreurs”, poursuit Jean-Philippe Vicentini, qui requiert deux ans de prison, dont un avec sursis, ainsi qu’un suivi socio-judiciaire pendant cinq ans.

L’avocat du prévenu met en avant que son client a longuement évoqué “sa honte”.

“Il n’y a pas de victimisation, il y a une souffrance du regard de l’autre”, juge Maitre François Dory. Il attaque une expertise, qui évoque un risque de récidive, “c’est diamétralement opposé à ce que j’ai pu ressentir”.

Le prévenu prend une dernière fois la parole, avant que le tribunal ne sorte délibérer :

“Je veux sortir de cette situation par les soins”.

L’homme est finalement condamné à 30 mois de prison avec sursis probatoire pendant trois ans, avec obligation de suivre des soins psychologiques et psychiatriques.

 

De Pierre-Antoine Lefort

France Bleu

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