Alençon | Un père incestueux, déjà condamné à 8 ans de prison pour de multiples viols sur son ainée, est rejugé en appel

Père de treize enfants, un Manchois de 59 ans comparait depuis lundi devant la cour d’appel d’assises de l’Orne où il est accusé d’avoir violé sa fille aînée.

« C’est une espèce de manie chez vous de faire des enfants », s’étonne le président de la cour.

Et pour cause.

Paul (prénom d’emprunt), 59 ans et treize enfants, dont huit avec sa dernière compagne, de près de 20 ans sa cadette, ne répond rien au magistrat.

Depuis lundi, ce petit homme aux cheveux plus poivre que sel, pull gris trop large, est rejugé devant la cour d’appel d’assises de l’Orne où il est accusé d’avoir violé sa fille aînée entre début 2008 et fin 2011.

En octobre 2016, il a été condamné en première instance dans la Manche à huit ans d’emprisonnement.

L’affaire démarre par un signalement adressé au procureur de la République de Coutances le 25 janvier 2012.

Un garçon de 13 ans serait victime de violences de la part de son père.

Ce dernier est placé en garde à vue.

Dans la foulée, sa fille aînée se présente au commissariat.

Elle déclare avoir été abusée sexuellement par son père pendant plusieurs années.

Elle se rétracte ensuite, puis confirme ses premières déclarations, précisant avoir fait l’objet de pressions de sa famille.

Les faits – des pénétrations et des fellations – se passaient sur le lieu de travail de l’accusé, mais aussi dans une casse désaffectée et, une fois, au domicile familial, alors que sa mère était à la maternité.

La victime présumée avait 13 ans quand ça aurait commencé.

« C’est arrivé à combien de reprises, demande Jean-François Villette, le président de la cour, une dizaine de fois ? »

« Beaucoup plus souvent, murmure la jeune femme qui a fêté ses 23 ans hier. Au-delà d’une centaine. Parfois plusieurs fois par semaine. Parfois tous les jours. »

Une ex de l’accusé décrit un homme charmeur – il aime les femmes plus jeunes que lui – jaloux et menteur.

« C’est quelqu’un qui, même devant le fait accompli, ne reconnaîtra jamais les faits. »

D’ailleurs, il nie depuis le début.

« Je n’ai jamais violé ma fille », répète-t-il.

Le président rappelle qu’elle a été entendue à de très nombreuses reprises dans le cadre de l’instruction.

« Pourquoi, selon vous, a-t-elle accepté de se livrer à un tel chemin de croix ? »

Le père évoque deux raisons : la vengeance – car il reconnaît qu’il était violent « avec tous [ses] enfants » – et l’argent.

En première instance, sa fille a reçu 14 000 € à titre de dommages-intérêts.

Pour le reste, l’accusé s’avère brouillon.

« C’est de la soupe que vous nous servez », regrette le président.

De son côté, sa fille donne des détails.

Les endroits où son père se débarrassait des préservatifs par exemple.

Des déclarations visiblement pas au goût de l’une des soeurs cadettes de la victime présumée.

« Mon père n’a pas pu faire ça. S’il lui avait fait à elle, il l’aurait fait à nous. Il a plusieurs filles. »

Pourtant, tous s’accordent à reconnaître que l’aînée était « la chouchoute ».

Jusqu’à ce qu’elle porte plainte.

« Pourquoi elle n’a pas parlé plus tôt », oppose également la cadette.

Il y aurait eu un double déclic :

la procédure ouverte contre son père pour violence sur son frère et le fait d’entendre sa mère se plaindre de la baisse de fréquence des rapports sexuels avec son mari.

« Il doit avoir une pute. »

Sa fille finit par lui confier :

« C’est moi la maîtresse de papa. »

Ces révélations ont fait l’effet d’une bombe dans la famille.

Depuis, la mère balance entre son mari et sa fille.

« Il y a des choses qui me font pencher du côté de ma fille. »

Comme la fois où elle trouve des préservatifs dans la voiture de son mari.

Celui-ci explique que c’est pour un ami qui a une maîtresse.

L’intéressé, interrogé par la cour, reconnaît qu’il avait une maîtresse à l’époque mais dément avoir demandé à l’accusé de cacher des préservatifs dans sa voiture.

« À mon âge, je peux faire mes courses tout seul. »

Aujourd’hui, l’aînée n’a presque plus de contacts avec sa famille.

Elle a elle-même deux enfants et n’en veut pas plus pour le moment, « pour assurer leur avenir ».

« Ça fait plaisir d’entendre ça, souligne le président. Quand on voit les habitudes de collectionneur de gamins du père. »

Le procès s’est poursuivi, ce mardi 3 Octobre, avec les plaidoiries.

8 à 10 ans de prison sont requis par l’avocat général.

Source : Ouest France & Ouest France

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